Le Groenland manquait encore à notre exploration de la littérature nordique : voilà donc cette absence comblée (et nous aussi) avec cette toute petite (70 pages) excentricité du danois Jorn Riel, La maison des célibataires.
Une sorte d'amuse bouche. Un « racontar » comme se plait à le dire l'auteur ethnologue à ses heures.
Une histoire de pieds-nickelés selon la 4° de couverture : au fin fond du Groenland (un peu le Far-North, sorte de Far-West du nord), cinq vieux garçons entreprennent d'assurer leur vieux jours avec un vrai faux mariage et une fausse vraie maison de retraite.
Cocasse, savoureux, une histoire que l'on aurait pu entendre au coin du feu (que Jorn Riel a certainement entendue au coin d'une cheminée).
Et dépaysant car en cette lointaine terre groenlandaise, les valeurs ne sont manifestement pas les mêmes que les nôtres. Jugez-en :
Bandita est une maîtresse femme qui terrorise ses moutons et toute la colonie :
[...] On racontait qu'elle avait tué son mari, qu'elle l'avait tabassé à mort parce qu'il avait essayé de faire une fugue juqu'à Julianehab. Mais personne ne savait au juste ce qui s'était passé, vu que quand le curé était arrivé, le bonhomme était déjà mort et enterré depuis six bons mois.Kernatoq ("le noir" en groenlandais) travaille sur le bateau à charbon de la colonie :
[...] Il ne se lavait que rarement et c'est pourquoi sa peau, petit à petit, avait pris la couleur du charbon. Kernatoq aimait beaucoup les femmes, mais les filles de Sardloq l'évitaient. Celles qui, par pure gentillesse, partagèrent quand même occasionnellement son lit, prétendirent que la poussière de charbon crissait entre leurs dents pendant des semaines après.Tout cela (et bien d'autres encore, au fil de ces quelques pages exotiques) ne doit être qu'exagération assurément !
D'autres blogs en parlent ici, là et là.