[...] La guerre dura. Et Bruna la perdit.
L'auteur, le livre (223 pages, 2022, 2015 en VO) :
Après L'eau rouge, c'est avec plaisir que l'on retrouve Jurica Pavičić, auteur croate né sur la côte Dalmate, à Split en 1965, dans l'une des fédérations de ce qui s'appelait à l'époque la République fédérative socialiste de Yougoslavie avant de devenir la République de Croatie en 1991 lors de l'explosion des Balkans.
Voici donc La femme du deuxième étage.
On aime beaucoup :
❤️ Le talent de conteur désabusé d'histoires tristes de cet auteur croate.
❤️ Une plume qui fait des miracles malgré le côté sombre et pas très gai de cette histoire qui ressemble à une tragédie grecque,
❤️ Une plume qui fait des miracles malgré le côté sombre et pas très gai de cette histoire qui ressemble à une tragédie grecque,
❤️ Le destin de Bruna, ses années en prison (une douzaine quand même), sa lointaine libération, sa nouvelle vie enfin où elle retrouvera peut-être un peu de sérénité, elle n'en demande pas plus, nous non plus.
❤️ Un bouquin qui fait la part belle à la cuisine, oui, oui, avec quelques pages intéressantes qui mettent en avant le "pouvoir" de celles ou ceux qui font la cuisine pour leur tablée ...
Le contexte :
Dans ses romans noirs qui peignent la vie quotidienne et ordinaire de ses personnages, l'auteur dispose quelques touches personnelles de pinceau pour nous décrire la Croatie d'aujourd'hui et nous rappeler celle d'hier.
[...] Pour peu d’argent, mais facilement gagné, il travaillait désormais au service de Russes jeunes et riches, de couples scandinaves et de comptables allemands. Il les servait en serf contrit et nourrissait la bête monstrueuse du tourisme, à peu près comme tout le monde dans ce pays.
L'intrigue :
La femme du deuxième étage s'éloigne encore un peu plus du genre policier, un roman noir plutôt, qui démarre sans suspense : une jeune femme, Bruna, est emprisonnée pour le meurtre de sa belle-mère, Anka Šarić.
Comment en est-elle arrivée là : chronique d'un drame annoncé.
[...] Elle le savait : il faudrait qu’elle s’habitue. Il faudrait qu’elle s’habitue car elle allait être une femme de marin. Et les marins prennent la mer, ils partent et repartent encore.[...] Son instinct du danger ne l’a pas trahie. Cet étage chez les Šarić, ça ne lui plaisait pas.[...] Et puis, fin août, un événement survint qui allait tout changer.[...] Bruna le sait : elle a eu sa chance. Elle a eu l’occasion de dire non. Elle aurait pu fermer le robinet, se retourner, fixer Frane dans les yeux et lui dire : « Ça, je ne peux pas. C’est trop pour moi. » Mais ce soir-là, quand elle aurait pu, elle ne l’a pas fait.[...] Elle regarde par la fenêtre de la prison et pense à coup sûr à cette succession d’anecdotes chaotiques qui a pour nom sa vie.[...] Elle sait que sa vie n’est pas ordinaire, mais elle ne comprend toujours pas pourquoi.[...] Bruna ne mange plus de courgettes : elles lui rappellent le jour où elle a commencé à empoisonner Anka.
On aime moins :
▼ La première partie du récit peine un peu à se mettre en place lorsqu'il faut expliciter toutes les circonstances du drame domestique comme pour justifier le geste de Bruna avant son inculpation par la police.
Pour celles et ceux qui aiment les dalmatiens et la cuisine.
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