vendredi 21 janvier 2011

Le signal (Ron Carlson)

GR.

C'est le Père Noël (déguisé en Véro) qui nous aura amené le dernier né de la collection nature writing des éditions Gallmeister, “LA” maison d'édition qui fait parler d'elle depuis quelques temps.
Une boutique dont est devenu inconditionnels depuis sa série "Noire" qui nous aura fait découvrir des auteurs comme Craig Johnson ou William G. Tapply.
Avec Le signal, le Père Noël, tout comme Olivier Gallmeister ont fait, à nouveau, un bon choix !
Prévoyez deux ou trois bonnes et longues soirées avant d'ouvrir ce bouquin : il suffit d'une vingtaine de pages à Ron Carlson pour nous accrocher définitivement avec cette histoire qu'on ne veut plus lâcher.
Et pourtant ce n'est pas un polar(1), il n'y a pas vraiment d'intrigue, peut-être un suspense diffus, on en reparlera.
Et pourtant il ne se passe pas grand chose : c'est juste l'histoire d'une randonnée dans les montagnes du Wyoming.
Et pourtant il n'y a pas foule de personnages (forcément dans ces montagnes ...), deux randonneurs, à peine quelques personnages très secondaires, quelques autres plus importants sont évoqués mais on ne les verra jamais.
Alors ? Qu'est-ce qui fait qu'on ne veut plus lâcher ce bouquin ?
Mack et Vonnie se sont connus dans le Wyoming. Ils ont vécu une dizaine d'années ensemble, partagé l'amour des chevaux et des montagnes, crapahuté sac au dos avec leur matériel pour la pêche à la mouche(2).
Mais comme dans toute belle bonne histoire qui se respecte, Mack, peu à peu, a tout fait foiré. Son ranch était un gouffre financier (déjà du temps de papa), il s'est mis à picoler et à faire connerie sur connerie, de plus en plus grosses les conneries, il traficotait même avec de mystérieux agents façon CIA.
Alors Vonnie s'en est allée. Avec un avocat de la ville.
Mais tout ça c'est du passé, le bouquin commence en fait dix ans plus tard : Mack sort de prison après une connerie de plus(3) et se met en tête de partir en montagne une dernière fois sur les traces du bon vieux temps. Il a invité Vonnie à se joindre à lui.
Elle est finalement venue.
En tout bien tout honneur, pour aider une dernière fois Mack à remonter la pente(4), en souvenir du bon vieux temps.
Et les voici crapahutant avec leurs sacs à dos, évoquant les souvenirs, sachant bien tous deux que rien ne sera plus pareil, sachant bien que leur histoire est écrite au passé et que leur amour est derrière eux.
Et nous on est bien accrochés dans les sacs à dos, partageant l'intimité de ce couple qui n'est plus, la difficulté de ces retrouvailles ambigües, la richesse des souvenirs qui affluent. Grâce à la puissance d'évocation de l'écriture de Ron Carlson, après quelques pages on est devenus les meilleurs amis du monde.
http://carnot69.free.fr/images/Ron Carlson.jpg
[...] On lui avait dit qu'il ne restait plus que quelques endroits dans le pays où une personne pouvait encore s'éloigner à huit kilomètres de la route, et, pour lui, cela restait la pire nouvelle qu'il ait jamais entendue.
Et cette simple balade dans les grandioses paysages du Wyoming s'épaissie au fil des pages, faisant revivre les histoires que l'on se raconte à la chaleur d'un feu de bois et les souvenirs qui ressurgissent au détour d'un chemin ...
Concocté par Ron Carlson, ce subtil mélange d'un passé, tantôt amoureux, tantôt galère, et d'un présent, souvent désabusé, est un élixir dont ne se lasse pas.
Mais voilà ... on sent que ça ne va pas durer. Forcément cette balade va mal tourner. Forcément Mack va encore tout faire foirer. D'ailleurs il a pas trouvé mieux que de profiter de cette rando pour aller chercher une espèce de balise ou de boîte noire mystérieuse(5) qu'un des coquins mystérieux qu'il fréquente lui a demandé de retrouver, moyennant quelques milliers de dollars qui l'aideraient bien à renflouer les caisses du ranch.
Et c'est peut-être ça qui nous rend accros : l'histoire de cet ex-couple est superbement écrite, on ne voudrait jamais les quitter, on voudrait continuer à les suivre au bout du Wyoming, mais les paysages défilent, les pages tournent, et le petit gps de Mack fait bip-bip, et on sait qu'on approche de la fin, inexorablement, zut, zut, allez je relis encore une fois ce chapitre.
Oui, voilà, on voudrait lire ce bouquin à reculons, on voudrait que nos deux randonneurs soient en moins bonne forme, qu'ils fassent deux pas en avant et surtout un en arrière ... histoire de faire durer le plaisir.
Tout le monde sait que d'habitude la fin d'une rando, le retour, est toujours un moment délicieux.
[...] Le retour est toujours un moment délicieux. Sales et fatigués, ils parlaient, discutaient des poissons qu'ils avaient attrapés, de la randonnée. Ces jours-là, son père disait toujours : “Être sale, comme avoir faim, ce sont des choses magnifiques qui se méritent. Nous l'avons bien mérité, alors allons nous laver et manger.” Il avait appris à Mack à ne jamais mépriser la faim mais à s'en servir comme d'un instrument, et ils avaient mangé d'excellents steaks dans les gros relais routiers à la lisière des villes de l'Ouest quand ils descendaient des montagnes. “Servons de nous de ça comme il faut.” - Mack avait dit ça à Vonnie chaque année; ils savaient tous les deux qu'ils mangeraient des steaks et boiraient des boissons fraîches sorties de la glacière qu'ils avaient gardée de côté : une célébration et une dernière nuit à camper près des voitures au-dessus du monde.
Mais cette fois-ci, on sait que le retour ne sera pas un moment délicieux.
Un peu dommage que la suite du bouquin ne soit pas tout à fait à la hauteur des attentes éveillées par la magistrale première partie : une fin un peu convenue où le viril Mack zigouille les méchants qui ont osé toucher à son ex-chérie qu'il aime encore au fond de son cœur. D'autant que Ron Carlson disposait de tous les ingrédients dans son sac à dos pour laisser son histoire se poursuivre en demi-teinte et se terminer en queue de poisson ... pêché dans un lac de montagne.
Que cela ne vous empêche pas de partir sans hésiter pour une très belle balade, sur les traces de Mack et Vonnie, un très beau couple.
(1) : le bouquin est d'ailleurs publié dans la collection Nature Writing et pas dans la collection Noire, ce qui compense un peu une 4° de couv' qui évoque, tout à fait hors de propos, "un suspense capable de nous mener au paroxysme de l'angoisse". 
(2) : d'Autriche aux US, on est cernés par les pêcheurs à la mouche ... commencent à nous gonfler ces américains avec leurs mouches, vous nous voyez pêcher dans la Seine avec ça ? vous nous voyez pêcher tout court d'ailleurs ? 
(3) : bon, là, rien à lui reprocher pour une fois : il a juste fracassé le Hummer de l'avocat de Vonnie. 
(4) : oui, je sais, celui-là est excellent 
(5) : un MacGuffin dirait Sir Alfred

Pour celles et ceux qui aiment la randonnée en montagne et les histoires d'amour même quand elles sont finies. 
Les éditions Gallmeister éditent ces 223 pages parues en 2009 en VO et traduites de l'américain par Sophie Aslanides. 
Hécate, Nathalia, Hannibal et Laurent en parlent. D'autres avis sur Babelio.

jeudi 20 janvier 2011

Double bonheur (Stéphane Fière)

Agent double bonheur.

Ce livre nous avait été proposé dans le cadre de l'opération Masse Critique par l'équipe de Babelio et les éditions Métailié.http://carnot69.free.fr/images/babelio.jpg
On a bien entendu saisi l'occasion de retrouver Stéphane Fière qu'on avait déjà croisé dans La promesse de Shanghaï.
Double bonheur raconte les aventures, toujours à Shanghaï, d'un jeune interprète français, à peine sorti de l'école et désormais au service du consulat.
C'est donc un lao wai, un singe blanc, un pébéa (petit blanc arrogant), un cochon rose, velu, grand et gras, bref un occidental.
On retrouve donc ici l'humour féroce de Stéphane Fière et son peu de compassion pour les pébéas.
Mais aussi tout son amour pour la Chine comme ici pour la cuisine de trottoir de la mère Zhao  :
[...] La patronne officie dans l'arrière-cour au milieu des flammes et des éclaboussures d'huile bouillante [...] les deux serveuses, Zifa et Shuiling, sont maintenant très gentilles avec moi, : des petites sœurs de la campagne, un mètre soixante au maximum, rondes, souriantes, alertes, avec de bonnes joues bien rouges, des nattes et des gros seins de laitières ; à mon arrivée elles hurlent voilà Xiao Li qui vient manger, je suis reconnu, j'ai l'impression de revenir à la maison [...] les clients autour, vieillards torses nus ou en pyjamas, chauffeurs de taxi, petits artisans, mingong se joignent à la conversation et les moments de la nuit passent, chaleureux, uniques ; on boit, on parle fort, on rote, on est rouges et transpirants, pressés les uns contre les autres sur les tables pliantes et les tabourets en bois, papier, pierre, ciseaux, je perds à chaque fois et ils remplissent mon verre à peine vidé, je suis là, au milieu, au milieu, au milieu d'eux, je ne suis plus tout seul et je n'ai pas envie de partir, pas envie de partir, je ne suis plus français, mais pas encore vraiment chinois [...]
La première partie du bouquin nous décrit par le menu la vie du consulat, de ses interprètes, des hommes d'affaires ou des universitaires venus chercher gloire et fortune à Shanghaï (et aussi quelques étudiantes peu farouches qui elles, sont à la recherche d'un passeport étranger).
Tout ce petit monde d'expat's est bien dérisoire : on couchaille ici ou là, on traficote autant qu'on peut et on arnaque un peu tout le monde. Pitoyable. Le portrait brossé par Stéphane Fière n'est vraiment pas reluisant et son “héros” n'en sort pas grandi.
À dire vrai, on a même trouvé cette partie un peu longuette(1) et on aurait aimé plus de belles pages comme celle de la cuisine de la mère Zhao.
À mi-parcours, François Lizeaux (c'est le nom de cet interprète peu héroïque) tombe amoureux, pour de vrai cette fois, d'une belle shanghaïenne An Lili. Une étoile montante dans la toute nouvelle vie affairiste chinoise : elle est rédactrice dans une revue de mode. Ils vont filer tous deux le parfait amour et s'enrichir peu à peu. La description de cette ascension sociale est beaucoup plus intéressante que les vilénies et bassesses du milieu consulaire et l'on suit l'évolution de ce jeune couple.
Jusqu'au jour où finalement, de petites enveloppes en gros pots de vin, la camarade Wen Zhunhen propose à François d'enregistrer les réunions du consulat ...
[...] Elle s'était mal fait comprendre. Travailler ensemble signifiait simplement collaborer avec elle pour lui fournir  des informations, des renseignements, un peu de documentation, rien d'extraordinaire crois-moi,  trois fois rien en fait, des broute-îles, des broute-îles, elle a précisé dans son français de fantaisie, juste un peu de veille, sur les comptes rendus de réunion que tu assistes camarade Li, mais pas dans tous les domaines rassure-toi, uniquement le nucléaire, le militaire et les nouvelles technologies.
Même si Stéphane Fière n'avait nullement l'intention de donner dans le thriller d'espionnage, on ne vous en dit pas plus mais assurément voilà qui est de la toute dernière actualité pour ceux qui ont suivi l'affaire Renault !
En somme, un bouquin réservé aux curieux de la Chine en général et de Shanghaï en particulier.
(1) : c'est sans doute nécessaire pour donner plus de poids au retournement final mais les longueurs de ce nombrilisme franco-français finissent par agacer, on était venu là pour les chinois ! pas pour les états d'âme d'un étudiant expatrié.

Pour celles et ceux qui aiment la Chine. Livre lu grâce à Babelio.
Les éditions Métailié éditent ces 351 pages qui datent de 2011.

mercredi 5 janvier 2011

Best-of 2010


À toutes celles et ceux qui auraient loupé notre petit billet du 1er janvier, on vous souhaite une excellente année 2011 !
Et voici enfin le 5ème (et oui ...) best-of annuel sur ce blog, histoire de permettre aux retardataires de se rattraper et de jeter un coup d'œil rétrospectif sur ce qu'on pourrait appeler «les coups de cœur de nos coups de cœur».
Même s'il est toujours difficile de faire un choix parmi les meilleurs, car le tri a déjà été fait une première fois avant d'arriver sur le blog  ...
cliquez sur les vignettes ou sur les liens pour retrouver les billets en version intégrale

Dans la catégorie Polars , cette année il n'y avait pas de quoi casser trois marches à un podium. Certes, on a bien lu un excellent Indridason et un très bon Donna Leon mais ces deux auteurs sont souvent cités ici et avaient déjà eu droit aux honneurs les années précédentes donc ....
Reste cette année :
Quand même, la découverte de R. J. Ellory et de ses deux bouquins dont l'excellentissime Seul le silence. L'autre volume (Vendetta) n'est pas mal non plus, même s'il n'atteint pas (à nos yeux) les sommets du précédent. Mais l'un ou l'autre, c'est incontestablement lui la révélation polar de 2010 !
C'est écrit par un anglais mais on jurerait du Truman Capote (à qui ce livre est dédié d'ailleurs), du Faulkner ou du Steinbeck, si, si.
On y retrouve ce souffle des grands écrivains américains, de ceux qui savent raconter une histoire. Rien de moins que l'histoire de la vie, la dure et la vraie vie. 
À cette lecture on ne peut qu'évoquer ces auteurs US perdus dans les vastes étendues sauvages de l'Ouest.
Sauf que R. J. Ellory a grandi à Birmingham même si son histoire se passe dans les États du Sud, en Géorgie.
C'est aussi un livre sur la littérature, ou plus exactement sur l'écriture, quand lire est une raison d'être et quand écrire est un besoin vital : l'histoire d'un jeune garçon qui noircit des cahiers sous l'œil bienveillant de son institutrice. Un jeune garçon dont l'adolescence et finalement la vie vont être façonnées par d'ignobles crimes.

La suite du podium polars est moins évidente.
Peut-être faut-il citer Le silence de la pluie du brésilien Luiz Alfredo Garcia-Roza.
Un polar original et bien mené, une promenade pas toujours paisible mais toujours agréable dans les rues et les bars de Rio, ... que demander de plus ?
On a même droit en prime à un dénouement très (comment dire sans trop en dévoiler ?) très plaisant où l'assassin reçoit un châtiment qu'il ne méritait pas (ce doit être ça qu'on appelle un happy end dans le sud).

Et puis Du sang sur la neige. Presque pas un polar.
L'écriture de Levi Henriksen (rocker norvégien de son état) n'atteint pas encore les cimes de ses illustres aînés nordiques mais ce n'est là que son premier roman en français (le quatrième chez lui) et si l'on en croit cette fournée, le futur est prometteur !
Un roman pas banal, attachant et un univers très personnel mais dans lequel on se laisse emporter sans difficulté (mais chaudement habillé).


Pas d'hésitation par contre, dans la catégorie Romans où 2010 est un grand cru :
Sans hésitation, ce sont Les chaussures italiennes qui remportent la palme cette année.
Certes Henning Mankell avait déjà eu droit à une palme (c'était en 2007) mais pour ses polars.
Le voici au rayon romans pour cet excellentissime histoire.
On aimerait en voir adapté un film, non pas à cause du scénario mais parce que les images y sont évoquées avec une force peu commune et qu'il ne faut que quelques lignes à Mankell pour nous plonger au coeur de l'hiver suédois aux côtés de son héros. Dès les premières pages on sent qu'on tient là un superbe roman à l'écriture sobre, qui fait mouche à tous les coups, qui touche à toutes les pages. Ça sent l'humanité, la vraie vie.

Pas de contestation possible non plus pour consacrer Le chemin des âmes et l'histoire forte du demi-indien qu'est Joseph Boyden.
Une écriture simple mais ample, à l'américaine, avec une puissance d'évocation peu commune.
L'histoire de deux indiens crees d'Amérique du nord, enrôlés dans l'armée canadienne venue lutter  contre les teutons pendant la Grande Guerre de 14-18. Deux amis inséparables. Et la tante de l'un deux, une vieille sorcière cree.
Une histoire admirablement construite autour de trois récits qui s'entrecroisent avec une surprenante fluidité.
Mais le roman de Joseph Boyden n'est pas qu'un récit de guerre de plus, loin s'en faut, et malgré l'horreur des tranchées on devient très vite accro à l'histoire qu'il nous conte. Sans doute parce que ses trois personnages (tout comme son écriture) sont lumineux et que, malgré les terribles souvenirs qui remontent, on se sent étonnamment bien aux côtés de la vieille sorcière cree au fond du canoé. Et l'on voudrait que le voyage de retour dure encore.

Et finalement, pas de débat non plus pour le troisième lauréat : Le cercle des amateurs d'épluchures de patates des deux américaines : Mary Ann Shaffer et Annie Barrows.
On en vient presque à regretter parfois le format épistolaire de ce bouquin tant on aimerait que cette formidable histoire prenne de l'ampleur. Et puis on se dit un peu plus loin que le changement de ton d'une lettre à l'autre permet justement au lecteur de respirer : il est quand même pas mal question des séquelles de la guerre (celle de 40-45 cette fois).
L'ironie profondément humaine de ce livre nous permet de ricaner et de glousser entre deux souvenirs d'horreurs.
Un livre très proche de 84 Charing Cross Road qui était déjà sur le podium 2007.
Avec peut-être le regret de ne pas pouvoir nominer cette année, faute de place sur le podium, les Prodigieuses créatures.


  2010 fut également une belle année cinéma :
Une année qui avait commencé en fanfare avec l'Avatar de James Cameron.
Certes le film a déjà un an, certes il était basé sur des effets d'animation, certes. Mais comment oublier qu'il nous avait vraiment bluffés ?
Quel superbe livre d'images ! Cameron ne s'est pas fichu de nous et on en a vraiment eu pour notre argent. C'est tout un univers qu'il a recréé pour nous : un peuple avec sa langue, sa religion et sa culture, une faune fantastique et une flore magique, à la Miyazaki, tout y est et c'est superbe !
Même MAM, pourtant allergique à la esseffe, était redescendue de Pandora enchantée de toutes ces belles images.

À peine quelques jours après cet Avatar, un autre grand du cinéma, Coppola nous assénait une autre claque avec son Tetro.
Là aussi, un pari cinématographique pas évident de prime abord avec le noir et blanc. Mais un si beau noir et blanc qu'on en vient à regretter que le technicolor ait été inventé !
Chaque plan est travaillé au millimètre, les jeux d'ombres et de miroirs se font écho, la musique fait presque partie des dialogues : du grand cinoche comme on aime.
Et puis quelle histoire !
Aucune violence physique à l'écran, mais quelle tension dans cette sombre histoire de famille où Coppola revisite le mythe de Coppélia .

Il y eut un peu plus de débats chez BMR & MAM pour la troisième marche du podium.
On aurait aimé citer le sombre Biutiful ou même le trépidant Green Zone.
Ce sera finalement le coup de coeur pour Dans ses yeux de l'argentin Juan José Campanella qui l'emportera, à bien juste titre.
Le film prend son temps pour installer et développer ses quatre personnages qui vont s'entrecroiser pendant vingt-cinq ans pour notre plus grand plaisir.
Et peu à peu, la fiction juridico-policière cède le pas à une très belle histoire d'amour ... qui n'a pas eu lieu.
Même verdict donc, côté justice et côté amour : non lieu.
Polar, comédie, romance, passé historique de l'Argentine, ... que demander de plus à ce film remarquablement construit et soigneusement équilibré ?


Dans la catégorie miousik :
Il était temps de rendre justice à notre reggae préféré, celui de Tiken Jah Fakoly à l'occasion de la sortie de son dernier album : African Revolution.
On s'éloigne un peu du reggae des débuts, très roots avec ses grands choeurs féminins (on aimait bien) pour gagner une orchestration très fine et riche en instruments de toute sorte, dont une basse chaleureuse, des percussions syncopées et bien sûr la traditionnelle kora mandingue. Ce renouvellement musical rafraîchissant est bien venu.
On retrouve toujours avec plaisir quelques reggaes très musicaux et très poétiques.
Mais ce sont bien sûr ses textes les plus décapants qui ont fait la renommée du trublion Tiken Jah.
Des textes rafraîchissants, très “basic politic”, bien éloignés de la langue de bois à laquelle nous sommes habitués. À écouter sur notre playliste.

Le sympathique duo australien Angus et Julia Stone a parcouru pas mal de chemin tout au long de l'année et on entend maintenant leur Big Jet Plane un peu partout, dans les supermarchés comme chez les Émotifs anonymes.
Ce n'est pas une raison pour ne pas reconnaître notre coup de coeur de l'année 2010 pour le folk discret mais classieux de ces deux jeunes kangourous.


Barbara Gosza est plus confidentielle.
Ses chansons sont moins “faciles”, sa voix plus exigeante, mais ne tournons pas autour du pot : ce fut indubitablement “LA” voix découverte cette année.
Entêtante et dépouillée, plaintive et entêtée, cette voix sonne clair, entre mélancolie et lumière et n'hésite pas à reprendre des standards de Cohen ou Dylan.
À écouter ici.


Bon curieusement, la catégorie BD était un peu en veille cette année : notre activité BD est chaotique avec pas mal de “suites” en lecture ou en attente, qui permettront bientôt de réactiver quelques billets. Mais guère de grandes nouveautés en 2010. Gageons que notre année 2011 sera plus fertile et surtout notre blog-BD plus bavard.
Voilà, c'est dit, c'est fait, salut 2010 et vive 2011 !
Et pour les retardataires des retardataires qui auraient raté le best-of 2009 : c'est encore !