mardi 25 juillet 2006

BD : Le chant des Stryges

Cet été sera donc placé sous le signe de la BD.
Depuis quelques jours et sur les conseils de Jean-Marie, on dévore, lit et relit la série du Chant des Stryges (édition Delcourt, dessins Guerineau, scénario Corbeyran).
Dès le troisième tome, une fois tous les acteurs mis en scène, le suspense ne nous lâche plus ... Au fil des retournements de situation, nos héros (dont la belle Debrah qui apparaissait mystérieusement sur notre blog depuis quelques jours) traquent les créatures malfaisantes en évitant les méandres des multiples complots ...
Il ne s'agit pas véritablement de science-fiction (on est en 1997) et les rebondissements de la longue série des albums (le n° 10 paraitra en septembre) brouillent les pistes pour notre plus grand plaisir : expériences de l'armée, extra-terrestres, sorcellerie, manipulations génétiques, ... ?
Le dessin clair et agréable (on vous a préparé une planche extraite, derrière l'image de l'album à gauche) reste au service du scénario d'un véritable thriller et le côté vampirique et fantastique des Stryges sait se faire discret au bénéfice d'un suspense plus réaliste et très prenant.
Sur Wikipédia, plus d'infos sur les véritables stryges, celles de la mythologie.

mardi 18 juillet 2006

Thomas Savage

L'ouest sauvage de Savage.

La sortie du dernier roman de Thomas Savage Rue du Pacifique, chez Belfond, est l'occasion de lire ou relire les deux précédents parus chez 10/18 : La Reine de l'Idaho et Le Pouvoir du Chien.
Thomas Savage y dépeint , avec un style et une écriture très évocateurs et avec une fausse simplicité déconcertante, des familles animées par la force et la passion des sentiments non dits. Avec en toile de fond le décor de l'enfance de T. Savage : les paysages des Rocheuses de l'ouest américain et l'histoire récente des US.
Avec La Reine de l'Idaho, son roman le plus accessible, on aura du mal à décrocher de l'histoire de toute une famille, une véritable saga avec une galerie de savoureux portraits à travers plusieurs générations.
Le drame raconté par Le pouvoir du chien est plus âpre et plus dur. La tension croît lentement mais inexorablement jusqu'au dénouement et laissera longtemps son empreinte : c'est sans aucun doute son roman le plus fort, c'est aussi son premier succès.
Son dernier roman, Rue du Pacifique, s'avère moins prenant mais c'est celui qui décrit avec le plus de détails savoureux et d'anecdotes les thèmes récurrents des romans de T. Savage : le cheminement des Etats-Unis vers la modernité depuis le far-west, la ruée vers l'or et l'expropriation des indiens jusqu'à la récession de 1929 en passant par l'arrivée de la pub, du train, de l'automobile, de la radio et ... de la première guerre.

"Ma femme lisait. Elle lit sans arrêt. Elle avait lu Guerre et Paix après son accouchement de notre premier garçon, car à cette époque on gardait les femmes au lit pendant dix jours ; elle avait recommencé après l'accouchement de notre deuxième, mais déjà les hôpitaux estimaient qu'il était absurde d'être alité aussi longtemps. Au moment de la naissance de notre fille, les hôpitaux avaient tellement réduit la période de repos que ma femme eut à peine le temps de finir La Maison d'Apre-Vent de Dickens."

"Phil eut un instant envie de se lever et de féliciter George de ne pas l'avoir déçu, d'être bien comme il l'avait espéré, comme il l'avait cru, comme il avait su qu'il était. Mais évidemment il ne l'avait pas fait, parce qu'il n'y avait jamais eu de sentiment exprimé entre eux par des mots et qu'il n'y en aurait jamais. Leur relation n'était pas fondée sur la parole. Phil n'avait encore jamais connu qui que ce soit qui puisse se permettre de trop parler sans être un pauvre imbécile."
"[...] Il s'interrompit et la regarda.
- Est-ce que je parle trop ?
- J'adore t'entendre parler.
- Je ne voudrais pas prendre l'habitude de trop parler, tu sais.
"

"[...] Elle était certaine qu'il n'avait pas révélé à George qu'elle buvait, et elle sentait que Phil savait que le non-dit est plus fort que la chose dite. Car elle l'avait surpris en train d'observer avec une patience curieuse, comme un chasseur à l'approche."

"Quand il observait la rue depuis le premier étage de l'hôtel Shenon House, il avait un privilège dont il ne se doutait pas, celui d'assister à un spectacle qui ne se reproduirait jamais plus ailleurs qu'au cinéma : il voyait une rue où le nombre d'automobiles était pratiquement le même que celui des chevaux."

mercredi 12 juillet 2006

Murakami Ryû

Japonaiseries.

Encore des japoniaiseries avec Murakami Ryû (à ne pas confondre avec son homonyme Murakami Haruki qui fait l'objet d'une critique dans le Télérama de ce 15/7 - à lire également mais plus difficile d'accès, on en reparlera sans doute).
De Ryû donc, on a lu avec plaisir Kyoko, une sorte de road movie d'une japonaise aux US, un roman hanté par le sida.
Ainsi que Raffles Hotel (l'hôtel de Singapour qui hébergea récemment la délégation parisienne pour la sélection des JO mais cela n'a rien à voir avec le livre !). Murakami Ryû excelle dans l'art de raconter une même histoire vue au travers des différents prismes de chacun des acteurs.

"Ce qui est déterminant dans la préparation d'un bon cocktail, c'est l'espace entre l'alcool et la glace. Du point de vue de la physique c'est impossible de laisser un espace. Ce qu'il faut pour agiter le mélange et faire que l'alcool et la glace se séparent, c'est une sorte de méchanceté. Si on a l'esprit mou et aqueux, on ne peut faire que des cocktails aqueux."

"Dans les moments importants de la vie, j'ai pour habitude de préparer une petite conclusion adaptée à la situation."

"Elle a souri d'un air heureux. Pourtant elle ne savait pas encore qu'elle était en route vers le futur. Elle ignorait que le futur, c'est perdre ce qu'on a maintenant, et voir naître quelque chose que l'on n'a pas encore."

"Il n'y a que deux sortes d'hommes : ceux qui se sentent plus forts quand ils ont tué un ennemi sur le champ de bataille et ceux qui se sentent plus forts quand ils en reviennent vivants et peuvent boire une bière."

"J'ai décidé de me comporter pendant un certain temps comme une collégienne de province qui en fait de sac ne connait que les marques Vuitton et Loebe. C'était l'attitude la plus commode."

"Pour apprendre à bondir de plus en plus haut, les ninjas sautent au-dessus d'un arbre qui pousse de quelques centimètres par jour. Leur capacité à bondir augmente mais la taille de l'arbre aussi."

BD : Tokyo est mon jardin

Encore une BD originale : une histoire d'amour dans Tokyo au quotidien.
Frédéric Boilet, un français expatrié au Japon, est l'auteur de Tokyo est mon jardin chez Casterman (entre autres albums).
Dans un style qui reste très accessible même s'il est proche des mangas, teinté d'un érotisme très léger, il met en images des histoires du Japon (et des japonaises !) de tous les jours. Mieux qu'un guide de voyage.
Une planche derrière l'image à gauche et d'autres infos sur Wikipédia.

Pour suivre : l'adaptation de quartier lointain.