[...] Grandir avec la pluie comme seule saison.
On ne pouvait évidemment pas laisser passer le polar de Patrice Guirao (un popa’a installé de longue date à Tahiti) : Le bûcher de Moorea.Moorea c’est la belle île qui se trouve juste en face de Tahiti, la banlieue de Papeete en quelques sorte, à une heure de ferry.
Ça commence plutôt bien avec ce qu’il faut d’humour et bien sûr le plein d’anecdotes sur la vie quotidienne de l’île.
Et en prime, un massacre gore sur un marae (les lieux sacrés des anciens) dont on ignore les tenants et les aboutissants.
— Dépêche-toi. C'est le dernier voyage. Tout devrait déjà être dans le feu. On ramène ça et on se casse !L’enquête sera menée par un gentil trio local (un flic et deux vahinés journalistes), dépaysement garanti digne d’une brochure touristique, mais que va venir troubler un mystérieux assassin semi-professionnel venu de métropole, accompagné d’un rat qui parle.
— Et la fille ?
— Mais arrête, putain ! Elle représente rien. Et puis l'autre est déjà là-bas.
— On va la laisser, sans finir le travail ?
Il se rappela d'un coup où il l'avait vu. Un frisson lui parcourut l'échine. Il connaissait cet homme et son histoire. Cet homme était mort.Mais l’intrigue et la prose de Guirao sont aussi luxuriantes et envahissantes que la végétation tropicale du coin. Ça foisonne et ça part dans tous les sens.
D’autant que l’auteur est à la recherche de la petite phrase qui tue (sans jeu de mots) et cette prétention insistante finit vraiment par lasser :
Deviner ce que le ciel pouvait chuchoter à l'horizon.Dommage que le voyage soit ainsi plombé.
Ce sont des vivants dont il faut se méfier, pas des morts.
Ne pas regarder le soleil se coucher, c'est entrer dans la nuit par effraction.
L'art de la mort était entré en collision avec celui de l'amour. Il en était né un espoir : en finir avec l'art.
À réserver aux inconditionnels de la Polynésie.
Pour celles et ceux qui aiment les vahinés.
L'avis de Julie Malaure - Le Point.