jeudi 29 février 2024

Au nom du père (Ulf Kvensler)


[...] J’ai été aussi cinglé que lui.

L'auteur, le livre (448 pages, mars 2024, 2023 en VO) :

Le suédois Ulf Kvensler vient du monde des séries télé.
Au nom du père est son deuxième roman (après Sarek, pas lu ici) : des romans noirs à classer dans les thrillers psychologiques.

On n'a pas trop aimé :

😕 Le grincheux a eu beaucoup de mal à entrer dans le jeu de ces deux personnages, ni très crédibles ni très sympathiques et placés dans une situation trop artificielle : un père aux allures de riche artiste parvenu qui essaie de racheter (dans tous les sens du terme) sa conduite passée envers son fils, un jeune homme faible et irrésolu.
Ce n'est que dans le dernier quart du bouquin que, après quelques twists, la tension latente éclate enfin dans un psycho-dénouement qui fait penser aux romans américains de la même veine.
[...] Papa m’avait déjà acheté une fois, et il était sur le point de recommencer. Bordel, ce que j’étais faible. Mais quatre millions, c’était vraiment une putain de montagne de fric.

Le pitch :

Ce récit assez déroutant nous fait passer sans transition d'un souvenir d'enfance à un rêve étrange ou une hallucination, d'une vie de couple presque normale à une cellule de prison ou d'asile psychiatrique : on tourne autour du personnage d'Isak pour découvrir peu à peu un homme tourmenté au passé douloureux et mystérieux. 
On comprend vite que, tout petit, il a perdu sa sœur et sa mère carbonisées dans un terrible incendie. Le père n'a ni su ni pu s'occuper de lui et c'est le grand-père maternel qui a élevé Isak. 
Un père menaçant dont le fantôme resurgit tout à coup des années plus tard.
[...] Papa m’avait contacté pour la première fois depuis douze ans.[...] J’ai réfléchi à comment faire avec Papa. Il n’y avait pas trente‑six solutions : le rappeler, ou non. Mais même si je ne le rappelais pas, tout n’allait pas pour autant continuer comme si de rien n’était. Il m’avait contacté, il voulait me dire quelque chose. Si je ne le rappelais pas, j’allais continuer à me demander ce qu’il voulait. Il m’obligeait à choisir, aucune des deux options ne me disait rien qui vaille.
[...] Je ne pouvais pas lui dire que Papa avait appelé. Pour une très simple raison. J’avais raconté à Madde que Maman et Papa étaient morts dans un incendie quand j’étais petit.
Isak et Madde, sa fiancée, sont invités sur l'île de Gotland où le père, peintre contemporain richissime mais atteint d'un cancer avancé, possède une superbe maison d'architecte vaguement menaçante.

Pour celles et ceux qui aiment les fils à papa.
D’autres avis sur Babelio.
Livre lu grâce à NetGalley et aux éditions de La Martinière.

mercredi 28 février 2024

Passage de l'avenir, 1934 (Alexandre Courban)


[...] La noyée du pont National.

L'auteur, le livre (240 pages, janvier 2024) :

Alexandre Courban, historien et collaborateur du journal L'Humanité, nous livre ici avec Passage de l'avenir 1934, une chronique sociale, policière et bien documentée du Paris ouvrier des années 30.
Un roman un peu dans l'esprit de celui de Gwenaël Bulteau lu tout récemment et qui évoquait la France du début du siècle, ou encore d'autres romans policiers "historiques".
Après ce sympathique coup de cœur (le premier de l'année !), on se dit que si l'auteur avait la bonne idée de poursuivre la série (ce roman est présenté comme un premier épisode), on serait ravi de retrouver le commissaire Bornec et le journaliste Gabriel Funel pour une nouvelle enquête "sociale".

Le contexte :

Début 1934. Suite à l'affaire Stavisky, la III° République voit le gouvernement malmené par des manifestations antiparlementaires d'une extrême droite très virulente comme partout en Europe (le parti national-socialiste allemand vient d'être plébiscité au Reichstag).
L'inflation, le chômage et la spéculation vont bon train après la crise de 1929.
À la périphérie de Paris, les bidonvilles fleurissent le long de la "zone" des fortifications.
[...] C’était le surpeuplement de la ville qui avait occasionné celui de la zone. La cherté des logements avait poussé à l’extérieur de la capitale les plus misérables qui trouvèrent sur le terrain des fortifications des facilités de construction. 
[...] Certains zoniers avaient acheté leur taudis, d’autres le louaient.

On aime vraiment beaucoup :

❤️ On aime cette petite histoire policière sans prétention ni esbroufe toute au service de la découverte d'une période mal connue (l'entre-deux guerres et la III° république) et qui sert de prétexte à une immersion très réussie dans le Paris social et ouvrier des années 30. 
D'une prose fluide, maîtrisée et mesurée, mais que l'on devine soigneusement documentée, l'auteur endosse le costume d'historien naturaliste pour nous rappeler les principaux événements, le contexte politique, et sans forcer le trait, les conditions pour le moins difficiles des ouvriers de l'époque : c'était avant l'avènement du Front Populaire et ses conquêtes sociales.
❤️ Les conditions de travail et de vie étaient rudes dans la France d'en-bas, mais l'auteur nous rappelle aussi que si les ouvriers peinaient, d'autres souffraient plus encore : les travailleurs femmes et les travailleurs étrangers.
[...] La préférence commune à de nombreux patrons d’employer des femmes mariées, prétendant pouvoir leur verser un salaire inférieur parce que complémentaire.
Pour les ouvrières notamment, l'exploitation économique se doublait d'une domination et exploitation sexuelle dont les victimes ne se comptent pas que dans le monde du cinéma d'aujourd'hui.
[...] Il n’avait jamais réussi à obtenir de témoignages. La question des grossièretés ou des violences sexuelles n’était jamais évoquée par les ouvrières. La règle était le silence général. Comme s’il suffisait de ne pas parler des faits pour les effacer.
❤️ On aime beaucoup l'idée d'avoir centré l'enquête autour de la raffinerie de sucre du quartier de la Gare (la gare d'eau de Paris dans le XIII°) près de laquelle la noyée sera retrouvée.
Pour la petite histoire, la raffinerie dite de la Jamaïque qui est au cœur du roman, est située à Paris dans le XIII°, elle a été créée en 1831 par la dynastie Say et a fonctionné jusqu'en 1968.
❤️ Attention tout de même au piège : un auteur rusé se cache derrière l'innocence tranquille de l'historien explorant le passé pour mieux nous tendre un miroir et le lecteur avisé évitera de penser à la situation actuelle pour se dire que finalement, on n'est pas certain que tant de choses aient réellement changé depuis cette époque. 
Inflation, montée de l'extrême droite, violences faites aux femmes, répression policière, spéculation financière, ... tiens donc ?

Le pitch :

Tout commence avec "la noyée du pont National", une jeune inconnue dont le corps a été retrouvé flottant sur la Seine et que, faute d'identité, la police va surnommer Daphné (l'équivalent du Jane Doe des séries tv).
[...] Femme, européenne, vingtaine d’années, habillée, ouvrière, enceinte.
[...] Seule l’autopsie lui permettrait de se prononcer avec certitude sur les causes de la mort de… Daphné. Comme les autres victimes sur lesquelles il avait enquêté, il lui donna le nom d’une fleur.
Après cette macabre découverte, le lecteur va faire la connaissance des autres personnages du roman dont les chemins vont s'entrecroiser autour de la raffinerie et du cadavre de Daphné.
Le commissaire Bornec, le flic chargé de l'enquête.
Gabriel Funel, un journaliste à l'Huma.
Ernest Vince, le patron d'une raffinerie de sucre, peintre amateur et grand spéculateur devant l'Éternel.
Albert Sainton, le chauffeur-livreur de la raffinerie, membre des Croix-de-Feu.
Et bien sûr quelques ouvriers et autres "camarades".
[...] — « Ombres sur la Ville Lumière ». C’est le titre que je t’aurais proposé pour ta série. C’est rudement bien mené.

Pour celles et ceux qui aiment la France d'en-bas.
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Mon billet dans 20 Minutes.

mardi 27 février 2024

L'éternité n'est pas pour nous (Patrick Delperdange)


[...] Il aurait mieux valu que tout ça n’arrive jamais.

●    L'auteur, le livre (250 pages, 2018) :

Le belge Patrick Delperdange n'est pas un inconnu : on l'avait déjà beaucoup apprécié avec Si tous les dieux nous abandonnent, un roman noir, un "polar rural" comme on dit, même si l'auteur dit avoir horreur des étiquettes. 
Le revoici avec L'éternité n'est pas pour nous, et toujours ce don pour réunir des personnages ordinaires dans une situation pas tout à fait ordinaire.

●    On aime un peu :

❤️ Parmi les personnages improbables que l'auteur a choisi de réunir ici pour le malheur et pour le pire, on aime bien le jeune Danny que son demi-frère vient de sortir de l'asile et qui semble "voir" des choses qui nous sont invisibles, des choses violentes généralement.
[...] Dans l’éclat blafard de la torche, un corps apparut aussitôt, étendu sur le sol. Il s’agissait bien d’une femme, d’une quarantaine d’années. Des taches sombres s’étalaient sur son chemisier, troué et imbibé de sang. Elle était inanimée. « Elle est morte ? demanda Sam.
– Non, dit Danny. Il reste un souffle, et c’est pas celui de la mort.
– Je sais pas comment t’arrives à faire la différence.
[...] – Je suis devenu un guérisseur, Sam. Je peux soigner les blessures et les maladies et les faire partir. » Sam laissa échapper un soupir. Ce gamin avait définitivement perdu la tête.
[...] – T’es dingue, dit Sam avant d’avoir pu retenir ses paroles.
– Je sais, fit simplement Danny.
😕 Après une première partie prometteuse, le bouquin a un peu lâché le grincheux : les perdants qu'affectionne l'auteur, étouffés par leurs vies étriquées, semblent partir en roue libre et il doit y avoir un peu de jeu dans la direction d'acteurs ou dans le script du scénario. La lecture reste agréable mais il nous a manqué le petit quelque chose qui faisait la puissance de son bouquin précédent.
Il va falloir qu'on relise Si tous les dieux ... ou qu'on laisse une prochaine chance à cet auteur.

●     L'intrigue :

Il y a Lila qui attend les clients sur sa chaise en plastique, à côté de son combi vw, non loin de la carrière ou du chantier où bossent les ouvriers. Et Lila aimerait bien protéger sa fille des turpitudes de la mauvaise vie que l'on mène dans le coin.
Il y a Danny qui n'y voit presque plus rien et qui est allé récupérer son demi-frère à l'asile, on ne sait pas encore pourquoi.
Il y a deux flics pourris et violents qu'il vaudrait mieux ne pas croiser.
Il y a Julien Saint-André et une bande d'autres gosses de riches qui traînent par là en quête d'un mauvais coup ou de mauvais coups.
Et puis il y a ce revolver qui traîne sur le plancher d'une vieille bagnole.
Bref, il y a tout ce qu'il faut pour que ça se finisse mal.

Pour celles et ceux qui aiment les âmes perdues.
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Le parieur (David Baldacci)


[...] Toi, t’as du style, Archer.

●   L'auteur, le livre (528 pages, février 2024, 2021 en VO) :

On avait découvert l'américain David Baldacci il y a quelques mois et après Une bonne action, et l'on s'était promis de poursuivre les enquêtes du détective privé Aloysius Archer (mais appelez-le Archer !) - des remakes modernes des polars à l'ancienne façon Chandler ou Hammett.
[...] —  Et toi, t’as du style, Archer. Ne laisse personne te dire que tu n’en as pas.
Nous voici donc avec le second épisode : Le parieur.

●   On aime :

❤️ On aime beaucoup la gouaille au parfum désuet de ces polars à l'ancienne façon Chandler ou Hammett, des personnages et des situations dont on connait tous les codes, une lecture reposante où, sans surprise, on se sent comme chez soi : David Baldacci possède un réel talent pour (re-)mettre en scène ce qui ressemble presque à une BD avec le privé, les voyous, les belles autos et les jolies pin-ups, avec juste ce qu'il faut de style "à l'ancienne" et suffisamment de modernisme pour nous proposer une lecture fluide aujourd'hui. Un bon dosage.
❤️ On apprécie d'ailleurs que l'auteur distribue des rôles sympas aux "pin-ups" et ne se contente pas de leur laisser la place qui était la leur dans les années 30 ou 40 (Archer est rentré du front dans les années 50).

●   L'intrigue :

Après sa sortie de taule et son aventure précédente, notre héros Aloysius Archer poursuit sa route vers l'ouest et sa future carrière de détective privé.
[...] Archer n’avait pas encore trente ans. Après avoir servi au front pendant la Seconde Guerre mondiale, il avait passé du temps en prison pour un crime dont il était en grande partie innocent, bien qu’une telle nuance eût échappé aux autorités qui l’avaient collé derrière les barreaux.
[...] Archer espérait trouver une opportunité dans une ville au bord de l’eau, en Californie, où il n’avait qu’une hâte  : commencer une nouvelle phase de sa vie sous la tutelle d’un détective privé.
[...] Et s’il se plantait  ? Et si la Californie et son rêve de devenir détective privé ne donnaient rien  ? Que deviendrait-il  ?
Pendant son escale à Reno, il récupère une jolie pin-up qui rêve d'Hollywood et une auto encore plus belle (ou l'inverse, chacun ses goûts).
[...] Un cabriolet deux places Delahaye Type 165 de 1939 signé Figoni et Falaschi. 
—  On… On dirait qu’elle flotte  », s’extasia la jeune femme.
L'arrivée d'Archer et de son amie dans la petite ville de Bay Town est un régal.
[...] — Sawyer Avenue coupe la ville pile en deux. Du côté de la montagne, ce sont les quartiers populaires, les familles d’ouvriers. Enfin, pour la plupart. Et près de l’océan, ce sont les quartiers riches, sauf le quartier de Sawyer’s Wharf, du côté des quais, évidemment. Et Idaho Avenue se trouve juste là, ajouta-t-elle en écrasant une nouvelle fois la carte du doigt.
— Alors comme ça, les riches veulent une vue sur la mer, hein ?
— Les riches peuvent se payer ce qu’ils veulent, de ce que j’en dis ! répliqua-t-elle hardiment.
— Et un peu plus haut dans la montagne, alors ? On n’est pas au bord de l’océan, là-bas.
— Alors c’est là où vivent les très riches.
[...] Il se dirigea vers l’océan et traversa Sawyer Avenue. Il comprit tout de suite ce que la fille à la fontaine à soda avait voulu lui faire comprendre. Même les chiens avaient l’air en meilleure santé de ce côté-ci de la ville, tout comme les fleurs, les arbres, les buissons. Aucun papier, aucun détritus à signaler sur les trottoirs. Les gens étaient mieux habillés. Le coût des voitures qui circulaient dans cette partie de la ville augmenta sensiblement.
Les Armstrong vivent sur la montagne : dans la très riche famille Armstrong, je voudrais le père, l'homme le plus riche de la région.
Je voudrais la fille Beth, l'héritière. Et je voudrais aussi Kemper, le gendre qui va se présenter aux élections municipales.
[...] Pendant des années, la famille Armstrong a dominé le commerce du bétail dans la région. C’était un secteur qui rapportait énormément, mais ils ont eu assez de flair pour s’en retirer avant que ça ne se casse la figure. Ils ont ensuite investi dans le foncier à Bay Town. Ils ont largement aidé à développer la ville. Ils en possèdent encore une grande partie. Sawyer Armstrong, le père de Beth, est l’homme le plus riche de la ville.
Pour sa première enquête comme détective privé, notre ami Archer se retrouve embarqué dans une drôle d'affaire qui ne sent pas très bon : le susnommé gendre, le mari de Beth, est victime d'un chantage à l'adultère.
[...] —  Si sa femme croit qu’il a une liaison, comment faire cesser ce chantage  ? On n’a plus vraiment de levier. Et comme l’a dit son épouse, Kemper a de grandes chances d’être élu, que l’adultère soit avéré ou non. 
—  Les élections ne sont pas le sujet, Archer. Quelqu’un est en train de commettre un crime, et il doit être puni pour ça.
Après l'aimable découverte de Bay Town et des différents personnages, l'intrigue va s'emballer de surprises en rebondissements car la petite ville en plein essor cache de drôle de choses dans les coulisses de sa campagne électorale.
[...] —  On nous a bernés, Archer. Tout le monde s’est fait mener par le bout du nez dans cette histoire. 
—  Il faut m’expliquer, là.
[...] Et pour certains habitants de cette ville, je ne vois que des moments compliqués à l’horizon.
La lecture de l'épisode précédent n'est pas strictement indispensable mais il serait bien dommage de s'en priver !

Pour celles et ceux qui aiment les jolies pin-ups et les belles autos (ou l'inverse).
D’autres avis sur Babelio.
Livre lu grâce à NetGalley et aux éditions Talent.
Mon billet dans 20 Minutes.

vendredi 23 février 2024

L'affaire Bramard (Davide Longo)


[...] Tu as entendu parler des belles ronfleuses ?

L'auteur, le livre (288 pages, février 2024) :

L'italien touche-à-tout (musicien, réalisateur, écrivain, ...) Davide Longo nous est annoncé par les éditeurs et les médias de la Botte comme la nouvelle star du polar italien.
Une promotion marketing bien orchestrée qui suscitait notre défiance maladive ... alors ?

On aime beaucoup :

 Et bien oui, dès les premières pages on devine que l'écriture de Davide Longo sera bien à la hauteur de sa réputation transalpine.
Le polar italien nous a toujours gâté de très belles plumes mais il s'agit souvent de vieux routiers bientôt septuagénaires ! 
Davide Longo n'est plus un gamin (il a dépassé la cinquantaine) mais l'air qui descend de ses montagnes piémontaises est plutôt rafraichissant.
On ne peut que prendre du plaisir à la lecture de cette prose sèche et nerveuse, de ces dialogues savoureux et parfaitement maîtrisés (de véritables gourmandises). 
Mais on réservera notre coup de cœur pour une autre fois parce que ce récit est vraiment un peu trop elliptique, ce qui est habituellement plutôt stimulant mais ce qui là, pourra désarçonner pas mal de lecteurs.
Pour les références littéraires, on a songé à des récits empreints de noirceur et de chagrin contenu comme ceux d'Indridason par exemple. 
 On adore cette ambiance du Piémont italien, un pays de montagnards, des gens de peu de mots, des taiseux. Le récit est tout en ellipses et il semble qu'on démarre avec un lourd passé déjà. Voilà qui nous change des polars trop explicatifs, décortiqués comme des scripts de scénarios formatés pour Hollywood. 
[...] Pendant un long moment, dans la pièce, régna le silence que peuvent produire trois hommes qui ont beaucoup à se dire mais aucune manière qui leur plaise pour le faire.
 On a donc le plaisir de faire la connaissance de ce Corso Bramard, nouveau flic taiseux qui collectionne les livres comme d'autres les vins dans leur cave, et qu'on imagine assez bien siroter un verre de grappa avec le commissaire Rocco Schiavone (celui d'Antonio Manzini), tous deux en train de faire sécher leurs chaussures trempées : les sandales de Corso seront bientôt aussi tendance que les clarks de Rocco !
[...] En sortant ce matin-là, Corso avait fait montre d’un dédain similaire : pas de veste, ni chapeau ni parapluie. Juste une chemise, un pantalon léger et des sandales bien vite trempés.
 On a pu goûter la référence japonisante aux Belles endormies du prix Nobel nippon Yasunari Kawabata, une belle histoire un peu trouble qu'on avait la chance de déjà connaître. Et en relisant nos billets sur cet auteur, on voit bien ce qui a pu séduire l'italien dans l'écriture de Kawabata. 
[...] — Pour moi, c’est de la foutaise, ce truc de vieux qui vont dormir avec des petites filles sans se les taper. Tu y crois, toi ?
— J’y crois parce que c’est déjà arrivé. Tu as lu Kawabata ?
— Qui c’est ?
— Un écrivain japonais.
— C’est toi, l’homme de lettres, râla Isa.
— Bon.
— Bon, quoi ?
— Bon, il est tard, je rentre à la maison.
 On apprécie le soin apporté aux personnages, tout en épaisseur, chacun avec son passé et ses failles. Même cette figure, pourtant bien cliché, de la jeune geek de service, celle au vocabulaire de poissonnière mal embouchée, est dessinée avec application.
[...] — Tu n’as qu’à dormir sur mon canapé, comme ça demain, on ira voir Tabasso, c’est OK pour moi. Du moment que tu ne te la racontes pas. Je ne suis pas Lisbeth Salander, alors ne va pas t’imaginer que je vais me relever en pleine nuit, me foutre à poil et venir te baiser, OK ? 
Corso la fixa, le regard vide. 
— Tu n’as pas lu Larsson ? 
— Non. 
— Les hommes qui n’aimaient pas les femmes. 
— Non. 
Elle toucha l’anneau à sa narine. 
— Bon, enfin, t’as compris.
 Tout cela pour dire qu'on salive d'avance à l'annonce pour début avril d'un second épisode, déjà traduit en français : ce sera Les jeunes fauves où l'on aura grand plaisir à retrouver ce duo improbable que forment Corso Bramard et la jeune Isa, version transalpine de Lisbeth Salander. On tient certainement là le début d'une nouvelle série pour nourrir notre addiction.

Le pitch :

Corso Bramard est un flic rangé des voitures de police : la faute à un passé douloureux quand un méchant serial-killer lui a ravi ses deux chéries, sa femme et sa fille.
Mais l'affreux jojo, un "saisonnier" surnommé Automnal, n'a jamais été attrapé et continue d'envoyer périodiquement des cartes postales à Corso ...
Pourquoi donc le tueur, amateur de camélias, s'acharne-t-il sur notre héros, ravivant ainsi une plaie jamais refermée, un chagrin toujours pas surmonté ?
Et que viennent faire ici ces étranges amateurs d'art japonais ? 
Avec beaucoup de questions et de mystères, l'Automnal est un cold case qui va en faire ressortir un autre, "une  affaire vieille de quarante ans que personne n’avait envie de rouvrir", l'histoire des "belles ronfleuses" qui seraient comme une déclinaison italienne des Belles endormies du japonais Kawabata.
Comme beaucoup d'autres flics de littérature, Corso se laisse guider par son flair affûté et porter par les évènements d'une intrigue qui va piano jusqu'à un très inattendu dénouement.

Pour celles et ceux qui aiment les flics taiseux.
D’autres avis sur Bibliosurf et sur Babelio.
Livre lu grâce à 20 Minutes Books et aux éditions JC Lattes Le Masque.
Mon billet dans 20 Minutes.

jeudi 22 février 2024

Un animal sauvage (Joël Dicker)


[...] Mais ce n'était que des apparences.

L'auteur, le livre (416 pages, février 2024) :

 On se souvient tous de La Vérité sur L'Affaire Harry Quebert, (un de nos coups de cœur 2013 tout de même), ce best-seller de Joël Dicker, le petit suisse qui écrivait comme les américains.
La vérité c’est qu’avec tout le battage médiatique autour de cette entrée littéraire fracassante, on craignait le syndrome du second roman [clic] après le succès initial, on se méfiait un peu des suites et on avoue avoir franchement zappé cet auteur. 
Mais dix ans ont passé, il y a prescription et chacun a droit à une seconde chance, même les suisses !
Nous voici donc lancés à la poursuite d'Un animal sauvage.

On aime un peu :

❤️ Oui on a un faible pour ces bouquins qui s'apparentent plus au tour de prestidigitation qu'au roman policier, quand le lecteur se laisse manipuler, ne réfléchit pas trop, ne cherche surtout pas la clé de l'énigme, mais profite du show avec la jubilation du spectateur ébahi par les jolis trucages du magicien. 
Le type de polar qui ne révolutionne pas le genre (et qui reste très en-deçà de la trop fameuse Affaire H. Q.) mais qui constitue un aimable divertissement, d'autant que le chef connait son métier et ses recettes et que de surprise en rebondissement, on finit par se laisser prendre par ce page-turner qu'il est impossible de reposer tant la gourmandise nous tient pour savourer jusqu'à la dernière bouchée.
❤️ En douce, Joël Dicker (qui ne peut quand même pas se renier après L'Affaire H. Q. !) nous livre encore un clin d'oeil littéraire en citant ce vrai faux roman italien du début du siècle passé où il aurait été question de panthère et de Luchino, rien à voir évidemment avec un certain guépard de Visconti !
Clin d'oeil qui sert ici de prétexte à un beau portrait de femme en panthère, un peu cliché mais joliment tourné, on ne peut en dire plus ici sans divulgâcher mais quelques passages montrent que Dicker sait écrire autre chose que des polars de commande.
[...] Ce chromo sur papier glacé, elle le vomissait. Elle voulait être libre. Elle voulait être sauvage. [...] Fauve le lui avait toujours dit: elle était une Panthère.
😕 Le grincheux trouvera tout cela très artificiel avec des personnages sans trop d'épaisseur, des décors de carton pâte, tout cela dessiné uniquement pour son rôle dans la pièce. Le lecteur sourit, s'amuse, jubile parfois, tourne les pages à toute vitesse, mais tout cela est bien surfait et sans surprise. Ce thriller psychologique fera le bonheur des voyageurs du TGV mais restera très très en-dessous de la bonne surprise que fut L'Affaire H.Q. qui mélangeait les genres de manière plus subtile.

Le pitch :

Dans une banlieue chic (forcément, hein ?!) de Genève, Joël Dicker accumule les clichés, en veux tu en voilà, mais le lecteur futé se doute bien que l'habitué des tours de passe-passe est en train de nous manipuler.
Les Braun habitent dans une belle maison d'architecte aux parois de verre.
Les Liégean sont des voisins plus modestes.
[...] À l'image de leur maison, ceux qui vivaient ici faisaient rêver : Arpad et Sophie Braun étaient le couple idéal et les parents comblés de deux enfants merveilleux. [...] Ce matin-là, Sophie ouvrit les yeux à 6 heures pile. [...] Elle allait avoir quarante ans dans une semaine et n'avait jamais été aussi belle.
[...] La famille Liégean dina tardivement des lasagnes qui avaient trop cuit. Puis, au moment où les enfants étaient enfin sur le point de se coucher, l'aîné avoua en pleurant qu’il n'avait pas fait ses devoirs et qu'il aurait des ennuis en classe. Greg dut l'aider pour ses maths. Il y eut des agacements, des cris et les devoirs furent finalement faits par Greg lui-même. Après cet épisode, les enfants étaient très agités et leur père dut déployer des trésors de patience pour les mettre au lit. Lorsqu'ils furent enfin endormis, Greg rejoignit Karine dans la cuisine. Elle terminait la vaisselle. Le silence froid qui régnait dans la pièce était l'indice de la mauvaise humeur ambiante.
Les Liégean admirent et jalousent les Braun. 
Monsieur Liégean va même jusqu'à espionner Madame Braun, sa trop jolie voisine, planqué derrière les arbres au lieu de faire courir son chien pendant son jogging matinal.
Mais que cache réellement la trop belle façade de verre des Braun, quel est leur passé ?
Et ce Greg Liégean, un flic (le comble !) qui joue au pervers, mais est-ce qu'un rôdeur pourrait en cacher un autre ?
[...] Greg ne cessait d'observer Arpad, comme pour tenter de percer le mystère de cet homme. Qui était-il vraiment ? Que cachait-il sous ses airs de mari parfait et de père modèle ?
Et puis surtout, quel rapport peut donc avoir tout ce psychodrame de banlieue chic avec le hold-up qui nous est annoncé pour bientôt en plein cœur de Genève et dont le compte à rebours est lancé avec une mise en scène de cinoche américain ?
[...] 6 heures 45, au quartier général de la police.Greg était toujours nerveux avant une opération. II considérait que c'était essentiel pour rester en vie si les choses tournaient mal. Mais cette fois-ci, même s'il ne voulait pas l'admettre, c'était différent: il était spécialement agité. Il avait mal dormi.
Il était arrivé le premier dans les locaux du groupe d'intervention. Il s'était préparé, seul dans les vestiaires. Il avait revêtu, de façon quasi rituelle, son uniforme noir. Sa tenue de combat. Il attendrait la fin du briefing pour enfiler son gilet pare-balles, sa cagoule et son casque tactique.
[...] Aujourd'hui, c'était le jour de l'affrontement.
Mais bientôt Joël Dicker commence à faire apparaître quelques foulards de son chapeau, et encore une volée de colombes et encore tout une portée de lapins : au fil des aller-retour entre passé et présent, le lecteur ira de surprise en surprise car, dans cette banlieue chic de Genève, chacun des personnages cachait soigneusement son jeu ... et l'auteur garde toujours quelques cartes dans sa manche.
[...] Mais les concours de circonstances sont drapés d'apparences.
Et il faut se méfier des apparences.
[...] La soirée fut une réussite, les fruits de mer un succès, et Greg excella derrière son grill. Après le repas, les enfants entamèrent une partie de cache-cache dans le jardin. A table, la conversation des adultes était joyeuse et animée. Les rires fusaient à mesure que les verres de rosé se vidaient pour se remplir aussitôt. C'était une de ces nuits d'été parfaites: l'obscurité tardait à tomber, l'air était doux. Tout le monde semblait s'amuser. Mais ce n'était que des apparences.
Et puisque nous sommes en Suisse ... il sera beaucoup question d'argent dans cette histoire qui rappelle un peu celle que nous contait en 2020 Joseph Incardona, compatriote de Joël Dicker.

Pour celles et ceux qui aiment les panthères et les bijoux.
D’autres avis sur Babelio.
Livre lu grâce à 20 Minutes Books et aux éditions Rosie & Wolfe.
Mon billet dans 20 Minutes.

lundi 19 février 2024

L'Inuite (Mo Malo)


[...] L’histoire des enfants‑cobayes du Groenland.

L'auteur, le livre (416 pages, avril 2024) :

Mo Malø est le pseudonyme d'un auteur bien de chez nous : Frédéric Ploton ou Frédéric Mars (un autre pseudo encore). 
Un auteur que l'on connait depuis 2018 et sa série de polars qui nous ont transportés régulièrement au ... Groënland (la série des Qaanaaq).
Des polars ethnico-nordiques dans la même veine que ceux d'un autre frenchy, Olivier Truc qui, lui, nous faisait voyager en Laponie.
Mais revenons en Kalaallit Nunaat (la terre des hommes) pour y suivre Paninguaq Madsen, "un prénom purement inuit, un nom de famille danois –  comme la plupart des habitants du pays".
 [...] – Mais tout le monde m’appelle Panik, ajouta‑t‑elle. Elle sourit. 
– Parce que quand on fait appel à moi, en règle générale, c’est plutôt en urgence.
C'est elle L'inuite du titre, une sage-femme itinérante, une sanaji : là-bas, pas question d'aller en urgence à la maternité (ni où que ce soit d'ailleurs).
[...] Elle est une donneuse de souffle. Anirniq. Elle ne le vole pas, ce souffle ; elle l’offre. Elle permet que d’un rien hurlant encore englué de douleur, chose infime, se façonne un destin –  chasseur, pêcheur, chamane ou prince d’une contrée lointaine, peu importe.

Le contexte :

Mo Malø a pris prétexte d'une histoire-vraie pour bâtir son roman : dans les années 50, le gouvernement danois tente une "expérience" (Eksperimentet ce sera le mot officiel) pour une campagne de "danification" de sa colonie.
[...] L’histoire des enfants‑cobayes du Groenland, c’est ça ?
[...] L’exil forcé d’enfants groenlandais dans les années d’après‑guerre,
[...] Une expérience pilote sur une sélection de petits Groenlandais. Les fameux 22. « L’Expérience ». Tim avait déjà entendu le terme employé au sujet de ces enfants, comme s’il s’agissait de vulgaires souris de laboratoire.
[...] Quand, à cette époque, le gouverneur a décidé d’envoyer vingt‑deux petits Groenlandais pour les « rééduquer » au Danemark, ce sont les pasteurs qui ont servi d’agents recruteurs dans les différents villages concernés.
Il faudra attendre soixante-dix ans pour que la première ministre Mette Frederiksen présente des excuses officielles au nom du gouvernement danois.
Voilà une bien sombre histoire qui rappelle celle des enfants de la Creuse ou encore celle des enfants placés en Suisse pour ne citer que d'autres romans lus récemment, sans parler bien entendu des amérindiens ou des aborigènes.

On aime :

❤️ On apprécie toujours le ton des polars de Mo Malø, jamais horrifiques, toujours documentés et qui, au fil des épisodes, sont de plus en plus ancrés dans la réalité sociale et historique de ce territoire méconnu, plutôt que dans son aimable folklore.
❤️ Évidemment on est ici curieux d'en apprendre plus sur cette "Eksperimentet", cette terrible histoire des enfants du Groënland, symbole de l'attitude coloniale du Danemark envers son territoire d'outre-mer, un territoire qui devra attendre 1979 pour obtenir une relative autonomie par rapport à la Couronne Danoise. 
Cette "expérience" avec les enfants des années 50 va laisser des cicatrices douloureuses qui feront aujourd'hui la trame de ce polar ...
[...] Rien n’a changé dans les rapports entre le Danemark et le Groenland. Nous nous comportons encore et toujours comme des colons avec nos territoires d’outre‑mer. Et surtout, on fait l’impossible, y compris aujourd’hui, pour museler les victimes de nos mauvais comportements.
❤️ On aime l'unité d'ambiance et de ton de cette intrigue qui réserve son lot de fausses pistes et de rebondissements, notamment avec cette étonnante tradition inuite, l'ateq, qu'on ne détaille pas ici pour ne pas divulgâcher mais qui touche à la question du genre très à la mode en ce moment.

Le pitch :

La sage-femme itinérante Paninguaq Madsen, dite Panik, vient d'accoucher une très jeune fille.
Peu après on retrouve Nina Eliassen, la jeune maman, sauvagement égorgée, le bébé confié à des voisins.
Il y a quelques mois déjà, le grand-père Eliassen avait été retrouvé mort, ligoté sous la glace. 
Les Eliassen ont-ils le mauvais œil ? Ou bien est-ce Panik qui accomplit une vengeance venue d'un lointain passé ?
Le flic inuit local, Bjorn Westen, mène l'enquête sans trop se stresser.
[...] Avec ses auxiliaires empotés, ses méthodes d’un autre âge, son absence de rigueur et de moyens techniques décentralisés, il était le représentant d’une police dépassée. D’un ancien monde.
Les autorités danoises, soucieuses d'enfouir tout cela sous la neige, envoient sur place un autre flic, Tim Osterman de la PJ de Copenhague, dans une manœuvre qui ressemble bien à un piège pour éloigner un gratte-papier devenu encombrant et agiter l'épouvantail d'un exil administratif.
[...] – Ils vous ont menacé d’un placard, n’est‑ce pas ? 
– Pardon ? 
– Ça n’a rien de honteux. Ils l’ont fait pour chacun de nous, à l’époque.
Contre toute attente de leur hiérarchie, les deux flics vont finalement former une bonne équipe et mener l'enquête à son terme ou presque, il faut bien que ce pays garde quelques mystères sous la glace.
[...] Sans parler de camaraderie, le climat de défiance avait cédé le pas à une coopération raisonnée. Sans se l’avouer, chacun comptait sur l’autre pour le sortir de l’ornière promise en cas d’échec. Ça n’effaçait pas leurs différences ; cela gommait juste la tension entre eux.

Pour celles et ceux qui aiment les chiens de traineau.
D’autres avis sur Babelio.
Livre lu grâce à NetGalley et aux éditions de La Martinière.
Mon billet dans 20 Minutes.

vendredi 16 février 2024

La douleur fait naître l'hiver (Matteo Porru)


[...] Comment est la neige aujourd’hui ?

●   L'auteur, le livre (176 pages, 2024) :

L’italien Matteo Porru n'est qu'un gamin ! 
Un étudiant en philosophie de seulement 23 ans, mais déjà repéré par les médias italiens comme un jeune prodige.
La douleur fait naître l’hiver est son quatrième roman (!) mais le premier traduit en français.

●   On aime :

❤️ On imagine le devoir de classe de Matteo Porru (il est étudiant en philo !).
"La neige permet-elle de recouvrir les souvenirs de la mémoire jusqu'à l'oubli des plus douloureux ? - vous avez deux heures". 
Et c'est à peu près le temps qu'il nous faut pour lire ce petit conte de moins de 200 pages.
❤️ On est fasciné par le personnage imaginé par l'auteur : à Jievnibirsk, tout là-haut au fin fond de la Russie, dans la région d'Arkangelsk, là où le froid arrête même les montres et où "la mer de Kara est gelée presque toute l’année", Elia Legasov est le dernier "déneigeur" qui parcourt obstinément les routes d'un petit village au volant de son chasse-neige.
On peut revoir quelques images du film Sang froid avec Liam Neeson, mais ce sera l'humour en moins.
[...] À   Jievnibirsk, on parle de la tempête comme du «  ciel qui tombe  »  : la seule chose qui terrifie quotidiennement depuis toujours les habitants. [...] Dès le plus jeune âge, on enseigne même aux enfants à en avoir peur  : ne jamais sortir, sous aucun prétexte, ne jamais aider personne lorsque le ciel tombe.
[...] Durant toutes ces années, entretenir les machines et désencombrer la voie publique ont toujours eu une certaine valeur. C’était une véritable institution. 
❤️ On se laisse emmener par une histoire puissante, une plume furieuse qui emporte tout sur son passage comme la déneigeuse d'Elia Legasov.
❤️ On savoure ce conte philosophique qui nous rappelle que la mémoire de notre cerveau est parfois trompeuse : les souvenirs trop pénibles sont souvent oubliés et les plus douloureux peuvent même être tout simplement "réécrits". 
L'allégorie est claire : la neige qui tombe ici sans cesse recouvre tout. Seul le "déneigeur" a le pouvoir de faire ressurgir les souvenirs du passé. Mais s'agit-il bien de la réalité ou bien de souvenirs qui ont été réécrits ?
[...] –  Comment est la neige aujourd’hui  ? 
–  Il y en a trop, Matvej, comme toujours.
[...] Dans un village où la neige tombe et où tout le monde oublie, les Legasov déblaient et se souviennent.
[...] Là où tombe la neige, nous l’enlevons. Nous faisons ressortir ce que le destin voudrait dissimuler.
[...] L’homme oublie tout. –  Nous, nous déblayons la neige, nous nous souvenons de tout.

●   L'intrigue :

À Jievnibirsk dans la famille Legasov, on est déneigeurs de père en fils pour tenter de maintenir dégagées les routes du village.
Elia, le dernier homme de la famille, le dernier "déneigeur", est un survivant comme tous les habitants de ce village perdu au passé douloureux où "vivent des êtres humains oubliés du monde et du temps".
Ce jour-là vont débarquer quelques géologues venus prospecter des réserves de pétrole : leurs travaux vont exhumer un cadavre et son passé, enfouis jusqu'ici profondément sous les couches de neige.
[...] L’ouvrier qui a découvert le crâne et les morceaux de chair a vomi pendant plusieurs minutes avant de prendre ses jambes à son cou en criant de venir voir, qu’il y avait un truc mort enseveli sous la neige, mais depuis longtemps.
Que s'est-il passé à Jievnibirsk dont personne ne veut se souvenir ?
[...] –  Comment avez-vous su pour la rafle  ? 
–  Le village n’est pas grand, les gens parlent. 
–  Et que disent-ils  ? 
–  Seulement que c’est arrivé, je ne sais rien de plus. 
Dans une ambiance qui rappellerait presque le Rapport de Brodeck, la neige déblayée laissera finalement apparaître quelques pénibles souvenirs. 
Certains si douloureux qu'ils ont même été réécrits et qu'il faudra pelleter encore quelques strates de neige pour approcher de la vérité ... et d'un très beau dénouement.

Pour celles et ceux qui aiment les chasse-neige.
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Livre lu grâce à NetGalley et aux éditions Buchet Chastel.
Mon billet dans 20 Minutes.

Des poignards dans les sourires (Cécile Cabanac)


[...] On a cherché la tête, les mains et les pieds ?

●   L'auteure, le livre (480 pages, 2019) :


Cécile Cabanac appartient à la meute des Louves du polar, le collectif qui entend promouvoir les plumes féminines du polar français. Une excellente initiative !
Des poignards dans les sourires est la première enquête de Virginie Sevran, une fliquette qui a délaissé le Quai des Orfèvres parisien (c'est très tendance !) pour s'exiler dans l'Auvergne de Clermont-Ferrand.
Avec un titre, emprunté au Macbeth de Shakespeare, qui laisse deviner ce que l'on va découvrir derrière la façade bourgeoise d'une famille de province ...

●   On aime beaucoup :

❤️ On aime l'ambiance tendue et féroce qui règne au sein de la famille du disparu, entre la mère, les sœurs, l'épouse et même les enfants : plus dysfonctionnelle, tu meurs.
❤️ Le lecteur sait déjà que le soi-disant disparu est bel et bien mort, poignardé mais on aime découvrir en même temps que le duo de flics, l'entourage du mort/disparu : avec de plus en plus de personnages, la famille proche on l'a dit, mais aussi des pièces rapportées, des associés, des maîtresses (les "caillettes") et même des fils illégitimes, ... 
De plus en plus de témoins qui vont faire autant de suspects potentiels : les témoignages sont accablants et dressent le portrait d'un sacré salopard, ivrogne, coureur de jupons, escroc, ...
❤️ On aime le rythme lent de cette enquête provinciale, presque simenonienne, qui laisse à l'auteure tout le temps d'installer des personnages complexes, tiraillés par leurs contradictions, fragilisés par leurs failles, tourmentés par leurs secrets.
❤️ On ne peut pas parler de page-turner au rythme trépident, mais c'est pourtant un bouquin très prenant qu'on a du mal à lâcher, avide de découvrir ce qui se cache derrière chacun des personnages. 
Et puis quand même, d'accord on n'est pas pressé, mais qui donc a bien pu faire le coup et réussir à débarrasser l'Auvergne du salaud ?
[...] — Ils sont étranges dans cette famille, hein ? 
— Imprévisibles, surtout…
[...] — J’écoute les uns et les autres, je les regarde se positionner sur l’échiquier. Dans ces familles, où on a toujours tout mis sous cloche, caché les cadavres dans les placards… on profite souvent d’une enquête criminelle pour faire le ménage, régler les comptes…
[...] — C’est curieux de voir comment les fissures se mettent soudain à se craqueler les unes après les autres sur notre passage.

●   L'intrigue :

Sans détours, Cécile Cabanac nous plonge au sein d'une famille dysfonctionnelle : la mère est veuve, ses deux filles souffrent d'une enfance maltraitée et leur frère ... a disparu.
[...] Elle sait bien qu’elle n’a pas été une mère idéale. Elle n’a de toute façon jamais ressenti ce besoin viscéral de maternité qu’ont certaines femmes. Elle a pris les enfants comme ils sont venus. Une fatalité.
[...] Ils sont tous réunis dans la grande cuisine de leur mère, ce doit être un de ces 25 décembre où l’on joue à la famille soudée. Les accolades manquent de chaleur, les sourires de sincérité. Une complicité factice s’impose autour de la tablée, étouffante comme une cloche de verre.
[...] Tout le monde boit beaucoup de vin. L’alcool délie raisonnablement les langues, mais l’entraînement familial ne fait craindre aucun écart grave.
Le fils a disparu mais son épouse semble s'accommoder un peu facilement de ce qui ressemble à une fuite.
[...] — Il a peut-être eu un accident ? C’est inquiétant, vous ne trouvez pas ? 
— Non, je ne pense pas. De toute façon, il est parti il y a plusieurs jours. L’air détaché de Catherine est insupportable à Michelle, le sang lui monte aux joues. Sa voix devient plus forte. 
— Comment ça ? Parti où ? 
— Je n’en sais rien ! Il a fait ses valises et il nous a laissés. 
Dans le même temps, les flics découvrent dans la forêt un cadavre affreusement démembré ...
[...] — On a cherché la tête, les mains et les pieds ? 
— Oui, sur un rayon de 100 mètres. Y a rien. On va batailler pour l’identifier.
[...] — Tu as déjà vu une scène pareille ? demande-t-elle en se tournant cette fois vers lui. 
— Non, c’est la première fois que je trouve un corps démembré… (Il reste un temps perdu dans ses pensées.) C’est étrange… J’ai du mal à imaginer que ce type ait eu une vie, des amis, peut-être même des gosses… 
— Le tueur nous l’a livré comme une pièce de viande sortie de l’abattoir…, souffle-t-elle, absorbée par ses propres réflexions. Et ça n’a pas dû être simple à organiser…
On prend plaisir à suivre patiemment cette sympathique fliquette et son coéquipier, à découvrir peu à peu ce que cache chacun des membres de cette famille. 
Et puis on se laissera surprendre par un sombre et beau dénouement.
[...] — Je suis quand même curieux de voir où toute cette enquête va nous mener…
[...] — Mais… Alors, c’est vraiment elle ? bredouille-t-elle.
On est tout près du coup de cœur : cela viendra sans doute avec la suite des enquêtes de Virginie Sevran.

Pour celles et ceux qui aiment les histoires de famille.
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mercredi 14 février 2024

Le serment (Arttu Tuominen)


[...] Il s’agissait d’un crime finlandais classique.

●   L'auteur, le livre (456 pages, 2021, 2019 en VO) :

Le filon des polars nordiques ne semble pas prêt de se tarir, il continue d'alimenter nos étagères et les éditeurs raclent le fond de la mine à la recherche de nouvelles pépites.
L'arrivée d'une nouvelle plume est donc à saluer, surtout si elle vient de Finlande, un pays sous-représenté dans nos bibliothèques.
Il s'agit d'Arttu Tuominen avec Le serment, son premier roman paru en français.
Verivelka : la dette de sang en VO.

●   On aime :

❤️ On savoure bien sûr l'exotisme finnois : des noms aux consonnances étranges, des us et coutumes venus du froid, ... tout là-haut, la terre et le ciel sont plutôt rudes, comme le sont les hommes qui vivent au pays des 200.000 lacs. Arttu Tuominen nous brosse un tableau plutôt sombre de son pays.
😕 Le grincheux a trouvé les digressions "adolescentes" sur l'enfance des garçons un peu répétitives et longuettes : ces flash-back cassent un peu le rythme de l'enquête, même si bien sûr on comprend que c'est dans ce passé que s'est enraciné le drame d'aujourd'hui.
Un bouquin dont la construction rappelle celui de son homologue suédois Christoffer Carlson (Le syndrome du pire, lu en 2015).

●   L'intrigue :

À l'occasion d'une beuverie dont semblent coutumiers les compatriotes de Arttu Tuominen (on passe la semaine dans un chalet à se saouler et plus si affinités), un homme (Rami) meurt poignardé. Un autre homme (Antti) s'enfuit, couvert de sang, dans la tempête de neige.
[...] Le meurtre avait été précédé d’une longue beuverie à laquelle avait participé une bande de fêtards hétéroclite. Beaucoup d’allées et venues, de l’alcool et de la drogue.
[...] Il s’agissait d’un crime finlandais classique.
[...] Le mobile de la plupart des meurtres, en Finlande, était totalement futile. Le plus souvent, quelqu'un avait bu dans la mauvaise bouteille ou pris, son tour venu, une trop longue gorgée de celle qui circulait.
Les témoignages des fêtards alcoolisés du chalet sont très confus : Antti fait-il un suspect trop évident ? est-ce réellement lui qui a poignardé Rami avant de courir pieds nus pour s'effondrer dans la neige ? Et pourquoi ?
Mais le flic Jari Paloviita qui mène l'enquête connaissait les deux personnages depuis l'enfance : Antti Mielonen fut jadis son meilleur ami et Rami Nieminen, plus âgé, était leur bête noire.
Que se sont juré Jari et Antti quand ils étaient à peine adolescents ? Quelle fut leur promesse ? Qu'ont-ils fait ? Quel secret partagent-ils depuis bientôt trente ans ?
[...] On va se le promettre, et on ne doit jamais trahir ses promesses.
[...] Rouvrir de vieilles tombes n’était pas facile. Il y avait des choses qu’il valait mieux laisser enterrées.
[...] Le jour viendrait-il jamais où le sujet serait abordé ? Sans doute pas. Il y avait dans le monde des choses si dures que même la dent du temps ne pouvait les entamer. Des choses auxquelles il valait mieux ne pas toucher.
Les chapitres vont alterner l'enquête avec les souvenirs du passé et l'enfance des trois protagonistes.
[...] Les adultes ne sont finalement pas si différents des enfants. Ils obéissent tous à la même loi de la violence.
[...] Il vaut parfois mieux laisser le passé où il est. Vous êtes encore jeune, mais plus vous prendrez de l’âge, plus vous accorderez de valeur au temps. C’est comme la vase qui s’accumule au fond d’un fleuve. Ça ne sert à rien de la remuer, parce qu’il peut, avec elle, remonter à la surface des choses qui mettront des années à se redéposer. 
[...] Hélas, tout cela n’était qu’un mensonge. Le poids de la culpabilité l’écrasait.
[...] Il le savait depuis le début. Sa vie entière était un énorme mensonge.

Pour celles et ceux qui aiment les secrets du passé.
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vendredi 9 février 2024

La maison noire (Yûsuke Kishi)


[...] — C’est fou le nombre de morts aujourd’hui.

●   L'auteur, le livre (304 pages, 2024, 1997 en VO) :

Voilà bien longtemps que l'on n'était pas reparti au pays du soleil levant et c'est Yûsuke Kishi qui nous emmène visiter La maison noire.
Avant de prendre la plume, cet auteur japonais a travaillé longtemps pour une entreprise d'assurance et c'est le "décor" qu'il a choisi pour son intrigue.

●   On n'aime pas trop :

❤️ On aime la description du quotidien de Wakatsuki : son emploi de bureau, ses collègues (ah, la place des femmes dans l'entreprise !), sa petite amie, son logement, ... un véritable documentaire sur la vie des japonais d'aujourd'hui (le bouquin a été écrit dans les années 90).
❤️ On apprécie l'originalité de l'intrigue : Wakatsuki soupçonne une fraude à l'assurance vie (et même un meurtre assez odieux) et va mener sa propre enquête puisque la police traîne un peu les pieds et qu'il est harcelé par le bénéficiaire qui voudrait bien toucher le pactole.
😕 Mais le grincheux s'est vite lassé de certaines longueurs : les tergiversations un peu naïves de Wakatsuki ressemblent bientôt à un véritable Code des assurances et si c'est instructif, c'est aussi un peu fastidieux.
😕 Et puis la dernière partie du bouquin, digne d'une horreur à la Stephen King (la Maison noire mérite bien son nom), n'est vraiment pas notre tasse de thé.
[...] — Mon pauvre Wakatsuki, quelle déveine que ce soit tombé sur toi, cette histoire…

●   L'intrigue :

Dans une entreprise d'assurances de Kyoto, Wakatsuki est chargé de contrôler les avis de décès pour détecter d'éventuelles fraudes à l'assurance vie.
[...] Charpentier de quarante-huit ans. Hospitalisé après avoir craché du sang, s’est vu diagnostiquer un cancer du poumon. Salarié de soixante ans. Tombé sans connaissance sur un terrain de golf à la suite d’un AVC. Étudiant, tout juste dix-huit ans. A roulé trop vite dans un virage, a heurté un poteau électrique. Apprendre la mort de personnes dont il ne savait même pas qu’elles avaient existé. Il y avait plus plaisant comme manière de commencer la journée.
[...] — C’est fou le nombre de morts aujourd’hui, remarqua Yoshio Kasai, directeur de l’agence, dont le bureau jouxtait le sien, en avisant la montagne de formulaires. Et dire que c’est le printemps… Pas de chance, vraiment.
Jusqu'au jour où il est appelé au domicile d'un assuré, la fameuse Maison noire du titre, chez qui il va découvrir le cadavre d'un jeune adolescent pendu au plafond ...
[...] L’enfant avait les jambes et les bras ballants, il flottait à une cinquantaine de centimètres du sol.
S'agit-il réellement d'un suicide ou doit-on soupçonner un crime odieux de la part du beau-père ?
Wakatsuki va mener son enquête (celle de la police n'avance guère) et va découvrir le monde des sociopathes et des escrocs à l'assurance ...
[...] Si l’araignée avait reçu ce surnom de « veuve noire », c’était par référence à la légende qui voulait qu’elle dévore le mâle après l’accouplement.

Pour celles et ceux qui aiment les assurances.
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Livre lu grâce à NetGalley et aux éditions Belfond.

vendredi 2 février 2024

Filles fleurs (D. K. Hood)


[...] La femme qui murmure à l’oreille des psychopathes.

●   L'auteure, le livre (350 pages, 2024, 2023 en VO) :

On ne connaissait pas encore l'américaine D. K. Hood, auteure prolixe de thrillers comme la série des "Alton et Kane".
Voici Filles fleurs, premier épisode des enquêtes de l'agent spécial Beth Katz, une fliquette du FBI.
Avec son surnom de "reine du suspense" (rien que ça), un bandeau marketing "au million de lecteurs" et une édition française 100% numérique, on pouvait craindre le pire dans le genre roman de gare tgv, d'autant que l'agent Beth Katz du FBI se prend pour une serial-killeuse de serial-killers (papa était lui-même serial-killer, elle a été traumatisée petite, etc ...) : un personnage auquel on ne peut croire plus de trois lignes évidemment.

●   On aime un peu :

❤️ Contre toute attente, on apprécie cette série B plutôt honnête. La "reine du suspense" ne révolutionne pas le genre mais nous embarque dans un page-turner à l'intrigue bien bâtie. Et en dépit de quelques maladresses et approximations, on se laisse forcément prendre par cette histoire.
❤️ Contre toute attente aussi, on finit par s'attacher au personnage improbable de Beth Katz : celle qui se prend pour une serial-killeuse de serial-killers et qui n'hésite pas à leur trancher la gorge quand ils tombent entre ses pattes, "son côté obscur" dit-elle, un penchant inavouable mais qui a le mérite d'éviter un coûteux procès à la société. Le message (régulièrement répété au fil des pages) délivré par cette justicière pour le moins expéditive est pour le moins ambigu et même un peu nauséabond mais D. K. Hood n'en fait pas trop dans ce registre : cela ressemble plus à un coup marketing pour sortir en tête de gondole du lot trop commun des thrillers habituels et bien vite, l'agent Beth Katz retombe dans un rôle plus classique de fliquette FBI qui poursuit les méchants avec ténacité et persévérance. Et cela nous va bien puisqu'on s'intéresse évidemment plus à la traque, à la chasse, qu'au sort qui sera finalement réservé au vilain une fois attrapé.
[...] Elle vouait une haine féroce aux tueurs d’enfants, pédophiles meurtriers, esclavagistes sexuels et tueurs en série sadomasochistes pervers. Elle voulait que tous rencontrent son côté obscur pour que justice soit faite.
[...] Jared Small ne ferait plus jamais de mal à une autre enfant. Il était mort désormais et le côté obscur de Beth était apaisé pour un temps.
[...] — Ce que tu veux vraiment savoir, c’est si j’ai envie de tuer quelqu’un  ? 
—  Et c’est le cas  ? 
—  Oui, quand je vois un enfant violé et assassiné, j’ai envie de déchiqueter le coupable à mains nues, répondit Beth. On m’a dit que c’était une réaction normale. Ce qui est anormal, c’est de passer à l’acte.

●   L'intrigue :

L'agent spécial Beth Katz est très spéciale : papa était serial-killer et sa fille a gardé le goût du sang. 
"Son côté obscur", comme elle le dit elle-même, la pousse à traquer les serial-killer et à les zigouiller le plus discrètement possible.
Après quelques erreurs de parcours, le FBI décide de la parachuter au fin fond du Montana où elle devra faire équipe avec un autre agent.
Mais bientôt des jeunes filles disparaissent, la police retrouve le corps de l'une d'elles en pleine forêt, ses vêtements soigneusement pliés à ses côtés.
Alors la chasse peut reprendre ...

Pour celles et ceux qui aiment les serial-killer.
D’autres avis sur Babelio.
Livre lu grâce à NetGalley et aux éditions numériques Bookouture.