dimanche 26 janvier 2020

Paz (Caryl Férey)

[...] Les cadavres s'accumulaient. Plus d'une trentaine.

Après la déception de notre dernier achat de colombienne [clic], on a préféré une valeur sûre et confié notre voyage en Colombie aux mains professionnelles de notre frenchy Caryl Férey.
Avec Paz, cette fois la came est sans surprise : on retrouve donc les travers connus de Mr. Férey. Violence parfois gratuite (bon, c’est la Colombie quand même, tu t’attendais à quoi ?), sex(isme) un peu complaisant, lyrisme parfois maladroit, ...
Mais tout autant son savoir-faire professionnel : rythme nerveux de l’écriture, polar rythmé et visite très documentée.
Et une Colombie (certes, vue par un frenchy pour des français) qui cherche désespérément à panser les plaies encore béantes d’un passé ultra-violent.
[...] Tout le monde n'aspirait plus qu'à la paix, l'Église omniprésente érigeait le pardon en dogme et, si les inégalités sociales restaient criantes, on préférait aller de l'avant avec une bonne humeur populaire qui cautériserait peut-être les morsures du passé.
[...] Mafieux et anciens belligérants ont souvent des intérêts communs.
[...] Des frictions entre les différents responsables des FARC : certains chefs se sont acheté une façade politique à peu de frais, sans se douter qu'une Commission pouvait les rattraper pour crimes de guerre.
[...] Il n'y avait en effet rien à espérer d'une pacification du pays. Trop d'argent en jeu, d'intérêts privés que l'État de droit remettrait en cause. 
Voilà donc le décor intéressant d’un polar aussi violent que l’histoire du pays :
[...] C'était le onzième cadavre qu'il retrouvait à Bogotá cette semaine, le trente-sixième en comptant les bouts disséminés dans le reste du pays.
[...] Ces amputations… La mise en scène du corps… Ça rappelle les massacres de la Violencia, nota-t-elle. 
Avec un flic en clair-obscur qui cherche à manœuvrer dans un pays impossible :
[...] On le disait cynique, raciste, violent, sexiste, impitoyable, retors, Lautaro Bagader emmerdait son monde. Il avait un groupe efficace, entraîné, avec des systèmes de primes qui offraient une solution à la corruption généralisée. 
Politique, histoire, reportage, ... dépaysement assuré et polar captivant en dépit d’une intrigue appesantie par une histoire de famille un peu lourdingue.

Comme d'habitude avec cet auteur : pour celles et ceux qui aiment voyager, y compris dans le passé récent.
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samedi 25 janvier 2020

Tu dormiras quand tu seras mort (François Muratet)


[...] Avec de Gaulle, ça allait être vite torché.

Après [1] [2] [3] [4], poursuivons le devoir de mémoire des années noires de la guerre d’Algérie avec Tu dormiras quand tu seras mort de François Muratet.
Les auteurs français de polars semblent bien décidés à s’emparer de cette période.
François Muratet nous emmène aux côtés d’un jeune officier du renseignement militaire, André Leguidel, qui se retrouve ‘parachuté’ comme simple troufion dans un commando en Algérie avec la mission d’espionner le sergent-chef Guellab, d’origine arabe, soupçonné par l’état-major de travailler pour l’ennemi.
Une trame militaro-policière prometteuse ...
♥ Et le bouquin tient ses promesses grâce à des personnages particulièrement bien dessinés : la guerre d’Algérie par la petite lunette, celle des troufions engagés derrière le Général.
[...] Les fidèles du Général, la jeune garde des soldats dévoués à une cause immense, celle de la patrie.
[...] Contrairement à beaucoup de jeunes de ma génération, je pensais que la France devait montrer de quoi elle était capable en Algérie, c’était une question d’honneur, de fidélité, de grandeur, d’héritage.
L’intrigue policière et la politique céderont le pas aux personnages dont les relations et les aventures nous captiveront jusqu’au bout.

Pour celles et ceux qui aiment l'Histoire.
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