Alice au pays des merveilles nipponnes.
C'était un coup de cœur des libraires Virgin mais cet étrange bouquin ne nous aura pas tout à fait emballés.
Il faut dire que le japonais Kôtarô Isaka souffre de la comparaison avec sa compatriote Yôko Ogawa et qu'il est bien difficile de se faire une place sur l'étagère de l'étrange et du bizarre aux côtés de la grande dame.
Et cette Prière d'Audubon ne possède pas le charme des nouvelles de Madame Ogawa.
Reste une bien étrange histoire : à la suite d'un concours de circonstances, un jeune homme se retrouve sur l'île d'Ogishima, un microcosme coupé du reste du monde depuis des lustres (une situation bien connue des japonais !).
Notre esprit cartésien est encore un peu plus secoué lorsqu'on découvre qu'une rizière est occupée par un épouvantail ... qui parle.
Et pas pour rien dire, puisque l'épouvantail est capable de prédire l'avenir !
Bientôt quelques personnes disparaissent sur cette île fermée, quelques meurtres aussi. Et même l'épouvantail est assassiné !
Pour quelqu'un qui était supposé deviner son futur, ça la fiche mal. À moins que ...
Au fil des chapitres de cette intrigue mi fantaisiste mi policière, le voyageur-lecteur fera la connaissance de quelques personnages bizarres : un chat qui donne la météo sur son arbre, un peintre qui parle à l'envers, un poète qui n'hésite pas à tuer ceux qui s'écartent du droit chemin, et les fameux pigeons migrateurs du sieur Audubon.
Et c'est finalement tout un empilement de circonstances hasardeuses, d'événements et d'incidents fortuits, que l'on découvre au fil des pages jusqu'à la vision finale du puzzle. Sacré épouvantail !
[...] Il y avait en ce monde une île dont l'existence était ignorée de tous. Comme par hasard, cette île se trouvait au Japon et il y vivait entre autres un épouvantail doté du langage humain et des pigeons migrateurs qui avaient disparu du reste du globe depuis plusieurs décennies. Et j'allais croire tout ça ?
Un mélange curieux d'étrangeté fantaisiste et d'écriture nippone, comme désabusée et distanciée.
L'occasion aussi de découvrir cet étrange français qu'est Jean-Jacques Audubon, plus connu en Amérique sous le nom de John James Audubon !
Pour celles et ceux qui aiment les oiseaux et les épouvantails.
Philippe Picquier édite ces 441 pages qui datent de 2000 en VO et qui sont traduites du japonais par Corinne Atlan.
D'autres en parlent ici ou là.