dimanche 30 décembre 2018

Le dernier bain (Gwenaëlle Robert)

[...] – Le citoyen Marat est mort.

On ne sait trop quoi penser du bouquin de Gwenaëlle Robert sur l'assassinat de Marat : Le dernier bain.
Ou plus exactement sur le célèbre tableau de David, puisque c'est le thème de cette collection qui nous fait entrer dans les coulisses d'une peinture.
L'idée est particulièrement intéressante et on se rappelle La jeune fille à la perle ou encore Les heures silencieuses.
Dans la même veine, Gwenaëlle Robert  nous fait habilement partager le quotidien parisien de ces heures agitées de la Révolution et nous voici dans l'entourage immédiat de Marat, à quelques heures de son assassinat et de la peinture qui s'ensuivit.
[...] Il faut que la postérité retienne son nom. Elle veut que l’on écrive dans les récits qui forgeront sa légende : « Elle s’appelait Marie Anne Charlotte de Corday d’Armont. »
[...] Une voix très grave, emplie de solennité : — Le citoyen Marat est mort.
[...] Une femme en bonnet hurle. — Justice ! Justice ! On a tué Marat !
[...] Ce procès n’est pas comme les autres. L’accusée est une jeune fille, âgée de vingt-cinq ans à peine, venue de Normandie, qui a assassiné le député Marat, de sang-froid, dans sa baignoire.
L'exercice historique et pictural est habile, l'écriture est fluide et riche (en évitant le gnangnan historique), mais le lecteur reste tout de même un peu sur sa faim ou plutôt sur sa soif d'apprendre.
Gwenaëlle Robert ouvre pourtant plusieurs pistes : le procès expéditif de cette énigmatique bonne femme qu'était Charlotte Corday dont tous les écoliers ont retenu le nom, la dévotion et la haine suscitées par cet étrange 'monstre' que fut Marat, à moitié médecin, à moitié journaliste, souffrant d'une maladie peau (d'où ses bains de souffre dans sa fameuse baignoire), la vie quotidienne des parisien(ne)s sous la Révolution ou la fin de Marie-Antoinette, ... mais aucune n'est vraiment explorée suffisamment et le lecteur se retrouve à compléter ou rafraîchir ses connaissances sur Wikipedia ... un comble !
Comme si l'auteure avait voulu tourner autour de l'obstacle, finalement effrayée d'avoir trop vite convoqué deux si énormes légendes de l'Histoire.
À lire [ici] un extrait du bouquin de l'historien Guillaume Mazeau sur cet épisode controversé.


Pour celles et ceux qui aiment l'Histoire.
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samedi 15 décembre 2018

La légende de Santiago (Boris Quercia)

Overdose.

Aaaargh ! Quelle déception que ce troisième ouvrage de Boris Quercia.
Les deux précédents, Les rues de Santiago et Tant de chiens, avaient pourtant mérité un coup de cœur.
Certes l'auteur nous avait habitué à un flic désabusé, en perdition, maladroit en amour et borderline en police. Mais là, trop c'est trop.
Certes nous savions déjà le flic Santiago adepte d'une petite ligne de coke de temps à autre, histoire de remonter à la surface de son désespoir.
Mais là, trop c'est trop, à la page 120 le lecteur commence à avoir les narines irritées et les gencives qui saignent.
[…] La pluie n’arrête pas de tomber et le métro est plein d’animaux mouillés en route vers l’abattoir.
[...] Je viens d’un autre monde, d’un monde froid et compact comme du goudron. Même si je le voulais, je n’arriverais pas à faire remuer le cadavre que je suis devenu.
[...] Jusqu’à ce qu’on soit tous entassés dans le même trou. Qui mérite son sort ? La roue des coups durs n’arrête pas de tourner et chacun aura un jour le numéro perdant. On ne mérite pas cette fin.
Et nous, on ne méritait pas ce troisième épisode, ni fait ni à faire : La légende de Santiago.
Alors pourquoi en parler ? Pour rappeler à l'ordre ceux qui n'ont pas encore découvert les deux premiers épisodes : deux excellents polars sud-américains, du noir de chez noir, mais ça vous aviez déjà compris.

Uniquement pour celles et ceux qui aiment la coke.
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samedi 8 décembre 2018

French uranium (Eva Joly & Judith Perrignon)

[...] – Il n’y aura pas d’enquête, c’est ça ?

On attendait sans doute un peu trop de ce French Uranium avec deux belles signatures créditées au générique : la journaliste Judith Perrignon et une Eva Joly qu'on ne présente plus.
Alors il flotte comme un petit air de déception sur cette lecture où l'on n'apprendra finalement pas grand chose qu'on ne sache ou suppose déjà sur les dessous pas très propres de notre république : politique, magouille et affairisme font évidemment bon ménage quand il s'agit d'exploiter quelques anciennes colonies où gisent encore quelques minerais précieux.
Reste tout de même le plaisir d'un thriller de bonne facture, d'une écriture classique mais sans relief, monté comme un scénario de cinéma.
[...] – Il n’y aura pas d’enquête, c’est ça ?
– La mort d’une pute de deux coups de couteau dans le ventre, c’est comme la mort de l’ouvrier sur son chantier. Une mort naturelle.
[...] Son empire ?
– Sa principale activité, c’est le commerce de matières premières.
– Uranium ?
– Entre autres.
[...] C’est même lui qui suggéra que l’achat des avions Rafale par le Nigeria soit nanti par cette mine d’uranium et l’argent prêté par la banque.
Notre monde n'est pas joli nous dit Eva. Nous n'en doutions pas certes, mais nous aurions aimé en apprendre un peu plus sur les mécaniques à l'œuvre.

Pour celles et ceux qui aiment les dessous pas très propres (de la République).
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Bratislava 68, été brûlant (Viliam Klimacek)

[...] On nous envahit facilement.

Au printemps 1968, les chars soviétiques entrent en République Tchèque, histoire de remettre au pas un pays qui commençait justement à profiter du printemps. Viliam Klimàcek n'avait que dix ans. C'est donc l'histoire de ses aînés qu'il nous raconte avec Bratislava 68, été brûlant.
[...] Nous sommes une nation condamnée à la tendresse. On nous envahit facilement.
On apprendra finalement peu de choses sur la grande Histoire, mais on découvrira par le menu ce qui faisait la vie quotidienne des tchèques ordinaires. Toute une galerie de personnages (l'auteur a réussi un beau puzzle fait de pièces piquées ici et là, dans la vraie vie) dont les destinées vont être balayées et renversées par le vent venu de l'est.
Le printemps (avant l'entrée des chars) est empreint d'une jolie nostalgie (ah, la Felicia !) mais c'est surtout la vie d'après dont veut nous parler Klimàcek  : celle de ceux qui sont restés du mauvais côté du mur et celle ceux qui ont pu (ou dû) s'échapper et pour la plupart, se réfugier au Canada, en Israël ou en Amérique du Sud.
[...] Jozef retira un peu de cash et salua avec sincérité un Noir dans la fleur de l’âge, élégamment vêtu. Celui-ci serra la main de Jozef, échangea quelques mots avec lui et partit derrière une porte vitrée. Lajoš le dévisagea.
— Qui est-ce ?
— Le directeur de la banque.
Cette réponse l’obligea à s’appuyer au comptoir. Jozef eut peur qu’il s’évanouisse.
— Ça va ?
En dépit des drames relatés, c'est une jolie histoire pleine de douceur et de tendresse pour ses personnages malmenés par les vents de l'Histoire.
[...] Tereza emporta avec elle un peu de neige qui disparut aussitôt. Dans sa main, il n’y avait plus que de l’eau. Mais cette sensation de froid lui resta en mémoire des semaines durant.
Comme un écho nostalgique aux flux migratoires de notre époque dont la poésie a disparu.

Pour celles et ceux qui aiment la petite histoire.
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vendredi 9 novembre 2018

Population 48 (Adam Sternbergh)

[...] C’est juste un putain de trou.

Population : 48, le titre de la VF (The blinds en VO) lorgne du côté des 1.275 âmes de Jim Thompson.
Effectivement Adam Sternbergh met en scène lui aussi un petit village et son shérif.
Mais son village est vraiment tout petit et perdu au fin fond du Texas. 48 âmes donc (et c'est très peu) y vivent ou presque, anonymes et totalement coupées du monde : aucun contact, ni téléphone, ni internet, ni quoi que ce soit. Une sorte de refuge pour ceux qui se sont fait effacer leur mémoire, ont changé de nom et ont voulu couper tout lien avec un sombre et sinistre passé. Amnésie et amnistie.
[...] « Damnatio Memoriae ». Il s’avère que c’est une pratique de la Rome antique, qui signifie littéralement « la condamnation de la mémoire ».
[...] Mieux vaut oublier, souffla-t-il.
[...] Mais ce ne sont pas tous des criminels, si ? Certains sont innocents et sont simplement des victimes qui se cachent des malfrats contre qui elles ont témoigné.
— Bien sûr. C’est la magie de cet endroit. On ne sait pas qui est qui.
[...] - On irait où ? Je croyais que venir ici ça serait un nouveau départ, tu sais ? Mais c’est faux. C’est juste un putain de trou dans lequel tu tombes et d’où tu ne peux jamais ressortir.
Mais voilà que, à mi-chemin entre dystopie et polar, la tranquillité factice de Caesura (c'est le vrai nom de ce faux bled) est troublée par un meurtre : les 47 habitants se réveillent un beau matin avec un cadavre sur les bras.
[...] « Blind Town a connu huit années sans incident.
— Et ça m’a tout l’air d’être terminé. »
La première moitié du bouquin est assez lente et l'on persiste juste pour savoir comment l'auteur va bien pouvoir se sortir du piège dans lequel il semble bien s'être lui-même enfermé (bon, avec nous peut-être). Certes, l'idée de départ est originale et curieuse mais franchement, ça va nous mener où ?
[...] Si j’étais vous, je m’inquiéterais moins de comment tout ça a commencé que de comment ça va se terminer.
Enfin, à mi-parcours, les différentes pièces de l'horlogerie finissent par s'emboîter une à une et la mécanique infernale peut s'enclencher.
Pour autant, on reste un peu sur notre faim comme chaque fois qu'un sujet astucieux de courte nouvelle s'étire en un long roman. En dépit d'un final pétaradant en forme de western, Adam Sternbergh n'arrive pas vraiment à se sortir du piège dans lequel il s'était enfermé et l'on en vient à regretter de s'être laissé faire.

Pour celles et ceux qui aiment les méchants qui sont gentils.
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dimanche 28 octobre 2018

L'affaire Isobel Vine (Tony Cavanaugh)

[...] « Putain, Darian. Ça sent le mauvais plan. »

La promesse était celle faite par l'australien Tony Cavanaugh d'une bonne série policière avec un Darian Richards qui serait une sorte de cousin down under du Harry Bosch de Connelly.
Promesse tenue avec cet autre épisode : L'affaire Isobel Vine (le n° 4 en VO).
Darian et sa collègue Maria (celle qu'il a connue à Noosa dans La promesse) se retrouvent donc à Melbourne pour rouvrir un cold case qui pourrait nuire à la carrière du nouveau patron.
[...] Isobel Vine, dix-huit ans, avait été retrouvée morte dans sa maison d’Osborne Street, dans le quartier de South Yarra. Elle était affalée, nue, derrière la porte de sa chambre, retenue par une cravate d’homme qui avait été enroulée autour de son cou. Elle, ou quelqu’un d’autre, avait attaché la cravate à un solide crochet de cuivre fixé sur la porte. Comme elle était nue, l’hypothèse immédiate avait été qu’elle était morte au cours d’une asphyxie érotique qui avait horriblement mal tourné.
Des suspects en nombre, du côté des flics comme du côté des truands, des manipulations et des coups tordus. mais rien n'arrête l'incorruptible Darian Richards, son flair légendaire et ses chevaliers servants.
[...] – Pourquoi le commissaire a-t-il fait appel à toi ? Pourquoi ne pas demander à la brigade des affaires classées de s’en charger ? Tu ne trouves pas ça un peu bizarre ?
– Il a dit qu’il voulait quelqu’un de l’extérieur. Quelqu’un sans liens récents avec le département. Mais je suis certain que je découvrirai la véritable raison le moment venu. »
L'auteur semble toujours se contenter de lorgner du côté du modèle Connelly et l'on retrouve ici les sombres arcanes de l'hôtel de police et les rivalités dans les coulisses du pouvoir (et même l'ombre d'un serial-killer qui serait une sorte de Poète des trains). Il faut reconnaître que la comparaison ne joue guère en faveur de l'australien qui peine à épaissir ses personnages, taillés tout d'une pièce. Mais Tony Cavanaugh sait écrire une histoire comme un pro et nous emmène visiter de lointaines contrées. Après tout, on a toujours bien aimé les ambiances à la Harry Bosch. Ne boudons pas ce plaisir.
On regrette juste que Sonatine nous sorte les bouquins dans le désordre (le 4 puis le 1 en attendant le 2 et le 3 : pour avoir relu le 4 après le 1, ça fait quand même perdre pas mal de saveur aux relations entre les personnages récurrents).

Pour celles et ceux qui aiment l'Australie.
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samedi 27 octobre 2018

La promesse (Tony Cavanaugh)

[...] Je voulais juste que le désespoir s’arrête.

Tony Cavanaugh est l'un de nos lointains voisins, un Aussie.
Avec son écriture sèche et percutante, le sens aiguisé de la formule, La Promesse est d'abord celle d'une bonne histoire, celle de Darian Richards, un flic de Melbourne, un des meilleurs flics du pays, venu en Studebaker rouge se ranger des voitures sur la côte est, au bord de la Noosa River, la Floride locale, fatigué et usé par les promesses non tenues aux familles des victimes des serial-killer qu'il n'a pas coffrés.
[...] Elle a dit : « Vous le promettez ? » Je voulais juste que le désespoir s’arrête. Pas seulement le sien.
Alors, j’ai répondu. « Oui. » 
Mais l'auteur n'en serait pas un s'il laissait Darian se reposer en paix et l'ex-flic ne restera pas longtemps à l'ombre dans le comté de la Noosa (endroit ombragé en VO abo) poursuivi par ses démons depuis Melbourne.
[...] Six filles avaient disparu au cours des quatre derniers mois. Toutes blondes et jolies. La plus jeune avait treize ans ; la plus âgée, seize. Les flics les avaient déclarées « en fugue » ou « disparues » – c’est ce qu’ils doivent dire quand il n’y a pas de cadavre. Mais je savais qu’elles étaient mortes.
[...] Deux mois après, la cinquième victime était Carol Morales. Je faisais mon possible pour ignorer ces disparitions. Ce n’était pas ce que j’étais venu chercher dans cette région ; un tueur en série n’entrait pas dans mes plans de retraite anticipée. Je me débrouillais plutôt bien à faire semblant que tout ceci ne me concernait pas.
Les thèmes et l'écriture, le flic et l'intrigue, cette obsession pour les victimes, ... tout cela rappelle bien sûr la série de Connelly, mais Tony Cavanaugh devra encore étoffer un peu ses polars pour soutenir la comparaison. Il lui faut sortir du cliché photo léché et appliqué, professionnel mais impersonnel, tant pour décrire son pays que ses personnages.
Il a le temps : La Promesse était chronologiquement le premier épisode des enquêtes de Darian Richards, même si le bouquin est paru en VF après L'affaire Isobel Vine.

Pour celles et ceux qui aiment l'Australie.
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mercredi 24 octobre 2018

Meurtres sur la Madison (Keith McCafferty)

[...] Un corps a été découvert dans la rivière avant-hier soir.

Depuis le regretté William G. Tapply et ses aventures mi-polar mi-pêche dans le Maine, on avait un petit faible pour ce nature-writing nord américain, écrit les pieds dans l'eau des rivières à truites.
Alors évidemment quand Meurtres sur la Madison nous a fait de l’œil, on n'a pas résisté bien longtemps avant de mordre à l'hameçon de Keith McCafferty.
Nous voici donc repartis, dans le Montana cette fois (le big sky state).
[...] Dans la philosophie de vie de Sean Stranahan, un homme qui avait en sa possession une canne à mouche, un réservoir d’essence rempli au quart et quatre pneus potables n’était jamais trop loin de chez lui.
Où l'on fera connaissance avec unE shérif (c'est quoi le féminin politiquement correct ?) :
[...] — Je m’appelle Martha Ettinger. Je suis le shérif du comté de Hyalite. Savez-vous qu’un homme a été retrouvé noyé dans cette rivière il y a quelques jours ? 
et un Sean Stranahan attachant, mi-peintre, mi-détective privé et totalement divorcé ... et aussi totalement pêcheur ça va sans dire, sinon que ferait-il dans le Montana au bord de la Madison ?
[...] — Je ne savais pas que vous étiez détective privé.
— Je suis davantage peintre en ce moment.
— Mais vous, euh… détectez ?
— Ça dépend.
— Oh ?
— J’allais dire que ça dépend de ce que vous voulez. Je ne fais pas les divorces. Ou les recouvrements.
De fait, Stranahan semble plus à l'aise avec ses mouches qu'avec les femmes.
[...] - Trop bonne pour être honnête, si tu veux mon avis. (Elle pinça les lèvres.) Une vraie croyante comme moi a du nez pour reconnaître ce genre de femme. Je pourrais la résumer en un mot. (Elle marqua un temps d’arrêt.) Ennuis. E-N-N-U-I-S.
— Je ne faisais que demander, dit Stranahan. Elle lui jeta un regard de biais.
— Un homme ne fait jamais que demander.
Certes l'un des pêcheurs a bien attrapé un cadavre dans la Madison plutôt qu'une arc-en-ciel, certes Stranahan et la shérif Ettinger mèneront bien une enquête nonchalante et provinciale mais c'est avant tout de pêche, de pêche et de pêche que Keith McCafferty veut nous parler. Même la mince intrigue policière tourne, à nous en donner le tournis, autour des poissons.
[...] Les prix demandés pour des propriétés similaires au bord des rivières qui avaient échappé à la maladie du tournis, la Big Hole, par exemple, avaient plus que doublé. C’était intéressant, mais Stranahan ne voyait toujours pas comment le fait d’infecter délibérément une rivière pour ruiner la pêche pouvait profiter à quelqu’un.
Alors ceux qui passeront outre cette entêtante odeur de poiscaille pourront goûter au plaisir de s'en laisser conter par Keith McCafferty, car il faut bien le reconnaître, cet auteur a un talent fou pour nous raconter tout plein d'histoires, écrites au coin du feu et qu'il parsème à l'envi dans son bouquin pour venir épaissir ses attachants personnages.

Pour celles et ceux qui aiment la pêche à la mouche.
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lundi 22 octobre 2018

Mako (Laurent Guillaume)

[...] On dit que c’est le meilleur dans sa partie.

Heureux ceux à qui aura été épargné le bandeau de notre dandy national : percutant comme une porte de parking dans ta face. Non mais franchement, Lui.
Les plus courageux seront passés outre cette affligeante pseudo-pub et auront eu le plaisir de partager une aventure de Mako, le flic fétiche de Laurent Guillaume. Après l'excellent Là où vivent les loups, on avait envie de découvrir le versant urbain des polars de Laurent Guillaume, lui-même ancien flic.
Mako est patrouilleur de nuit à la BAC parisienne. Trafic de drogue et prostitution, ruelles sombres et boîtes de nuit, gangs de kosovars et d'albanais, voilà le quotidien nocturne de Mako, un flic jadis excellent mais devenu franchement borderline.
[...] J’aimerais bien intégrer son équipe, on dit que c’est le meilleur dans sa partie. [...]
– Y’a aucun boulot qui mérite que tu lui donnes tout, c’est la seule vérité. Il n’a jamais été capable de le comprendre. Papa s’alluma un cigarillo et aspira la fumée âcre avec délice. Vincent se garda de le couper. Le gros reprit.
– D’ailleurs, ça lui a coûté cher, très cher. Quant à savoir s’il est le meilleur, il l’a peut-être été, par le passé… 
Le polar s'annonce hyper classique et nous plonge au cœur de la violence urbaine.
[...] La cocaïne. Il avait pris contact avec des Boliviens capables de lui fournir du matos d’excellente qualité. Le boulot de Leo était simple, réceptionner la coke en Guinée-Bissau, la faire acheminer jusqu’à Dakar par la route, où elle prendrait l’avion dans les bagages de mules qu’il aurait envoyées, au préalable, là-bas. Le recrutement de passeurs ne posait aucun problème dans la mesure où il disposait d’une vingtaine d’esclaves sexuelles qui ne verraient certainement pas d’objection à aller passer quelques jours sur les plages du Sénégal. Outre trois billets d’avion, ça lui coûterait seulement un bakchich pour franchir en toute sécurité le poste de contrôle au Sénégal et un pourboire pour ses mules. Ça s’annonçait plus compliqué à l’arrivée en France.
Mais ce bouquin réserve quelques surprises au lecteur, dont la découverte du passé de Mako n'est pas la moindre.
[...] - Mako porte un poids terrible sur les épaules, finit-il par dire, un de ceux qui aurait rendu fou n’importe quel type un peu moins costaud. Lui, il affronte cette chose. Affronter, il ne sait faire que cela. C’est sa nature.
– De quel poids parles-tu ?

Pour celles et ceux qui aiment les rues sombres la nuit.
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Là où vivent les loups (Laurent Guillaume)

[...] Cette bande de culs-terreux tout droit sortis du film Délivrance.

On passe tout près d'un coup de cœur pour ce polar de Laurent Guillaume : Là où vivent les loups.
Notre auteur national de polars a forgé sa réputation sur sa série urbaine autour de son flic fétiche Mako (on y reviendra). Mais on le retrouve ici peut-être encore meilleur, au cœur de ses montagnes savoyardes, et ce qui n'était peut-être pour l'auteur qu'une diversion amusée, s'avère finalement une sacrée réussite.
Cela tient sans aucun doute à un sacré personnage, Priam Monet, le flic parigot exilé dans les Alpes. Un flic un peu à la manière du sous-préfet Rocco Schiavone découvert outre-Alpes.
[...] Il était très grand - un mètre quatre-vingt-seize - et gros, très gros. La dernière fois qu'il s'était pesé, deux ans auparavant, la balance affichait un douloureux quintal et demi. Il n'avait pas réitéré l'expérience, mais il savait que depuis, il avait encore grossi. Ses traits qui auraient pu être séduisants étaient noyés dans les replis de la chair. Ses yeux exprimaient une lassitude définitive et une mauvaise humeur permanente. Personne n'aimait Monet, lui le premier. Et Monet le rendait bien à tout le monde, surtout à lui-même.
L'imbuvable flic (c'est un bœuf-carotte en plus !) débarque comme un loup dans un jeu de quilles, dans le petit monde féodal de la province bien organisée.
[...] Monet regardait les montagnes et les forêts et se surprit à les trouver belles. Il secoua la tête et se dit qu’il perdait la boule. Deux semaines de plus dans ce trou et il aurait des désirs bucoliques, des envies de verdure et de papillons. Il allait boucler cette enquête chez les pécores en deux coups de cuiller à pot et rentrer fissa à Paname.
Et ce qui ne gâche rien, Laurent Guillaume prend soin de mettre en scène son intrigue aux allures de western contemporain, sur un fond de critique sociale : désindustrialisation des vallées de nos montagnes, petits arrangements entre notables de province et passage de migrants transalpins, c'est d'actualité.
[...] Quand on découvre dans un bois le cadavre d’un migrant tombé d’une falaise, tout le monde pense à un accident. Pas Monet.
Autant dire qu'on attend avec beaucoup d'impatience, la prochaine aventure de Priam Monet.

Pour celles et ceux qui aiment les gros flics.
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L'héritage des espions (John Le Carré)


[...] Nous n'étions pas sans pitié.

Un John Le Carré on ne peut plus classique que cet Héritage des espions.
Un peu comme si l'auteur commençait à vouloir préciser le sien d'héritage, tout commence par la fin : de nos jours, un espion rangé des voitures est (re-)mis sur la sellette par de jeunes collègues aux dents longues, chargés de faire toute la lumière sur d'anciens épisodes de la guerre froide, souci du politiquement correct et obligation moderne de transparence obligent.
Voilà un registre dans lequel John Le Carré est tout à fait à l'aise pour nous livrer une sorte d'épilogue à L'espion qui venait du froid.
[...] Quand la vérité vous rattrape, ne jouez pas les héros, filez.
[...] Du moment qu’on se soucie de la fin et pas trop des moyens.
[...] Je suis mon propre conseil d’être prodigue en menus détails. Garde le reste bien verrouillé dans ta mémoire et jette la clé.
[...] Était-ce au nom du capitalisme, tout ça ? Dieu nous en préserve.
On retrouve dans ce roman ce qui, depuis plus de 20 romans et plus de 85 printemps, passionne toujours autant l'auteur et des lecteurs : manipulations et traîtrises, lâchetés et mensonges. Bref, le petit monde de l'espionnage, ou le monde tout court peut-être.
Et ce langage châtié, cette ironie désabusée so british, ce ton nostalgique, cette distanciation des personnages, qui sont sa marque de fabrique.
On reconnaîtra quand même avoir été un peu déçus par une fin en demi-teinte, une fin qui n'en est pas une, comme si l'auteur avait finalement du mal à terminer son testament.
On avait déjà lu : Une vérité si délicate et Un traître à notre goût, et vu au cinoche : Un homme très recherché et Un traître idéal.

Pour celles et ceux qui aiment les espions.
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dimanche 21 octobre 2018

Rocking horse road (Carl Nixon)

[...] Le corps nu de Lucy sur la plage.

Curieux roman pour les curieux, du moins ceux que piquera l'envie d'en découvrir un peu plus sur nos lointains voisins kiwis de NZ.
Carl Nixon nous offre un bouquin qui n'est ni tout à fait un polar, ni tout à fait une chronique sociale. Un roman au charme étrange puisque c'est écrit au passé et à la troisième personne du pluriel (comptez pas : c'est 'nous'), parce qu'il s'agit des souvenirs d'un petit groupe de jeunes ados, racontés quelques dizaines d'années plus tard par l'un d'eux.
Une intrigue à suspense, oui car un beau matin de l'été 1980 (oui, là-bas c'est décembre, l'été), on découvre le cadavre d'une jeune fille, Lucy, sur le sable du spit, cette langue de terre de la banlieue de Christchurch, le long de Rocking Horse Road et car trente ans après, le mystère reste entier.
Une chronique sociale, oui car le meurtre de Lucy va traumatiser ce groupe de jeunes gens, et la recherche de l'assassin va les obséder jusqu'à aujourd'hui encore où devenus adultes, ils courent toujours après leur innocence et leur enfance perdues.
[...] Elle devait connaître de nom au moins quelques-uns d’entre nous. Oui, Lucy serait restée pour discuter. Peut-être aurions-nous trouvé le courage de raconter quelques blagues. Quelqu’un lui aurait passé une bière.
[...] Ce fut Pete Marshall qui découvrit le corps nu de Lucy sur la plage, presque à l’extrémité de Rocking Horse Road. Près de trois décennies se sont écoulées depuis, et le monde a changé de millénaire, mais nous sommes encore capables de situer l’endroit exact où était étendue Lucy. [...]
Nous étions le dimanche 21 décembre 1980, quatre jours avant Noël. Il était sept heures et demie du matin. L’été s’annonçait comme l’un des plus chauds jamais vécus par les habitants du Spit. Le ciel était limpide et le sable déjà chaud au toucher. Ce dimanche resterait dans les mémoires comme une journée caniculaire. [...]
Nous avons souvent discuté de la marée anormalement haute observée la nuit d’avant.[...] Avec le recul, il est facile de donner aux événements un sens qu’ils n’avaient pas sur le moment. [...]
Plusieurs d’entre nous se rappelèrent avoir écouté les vagues déferler sur la plage cette nuit-là, allongés dans leurs lits. [...]
Nous les imaginions grignotant ces dunes qui constituaient la seule défense de nos maisons contre l’océan.
Lors de ce petit voyage en compagnie de Carl Nixon, on découvrira aussi quelques anecdotes sur la réaction typiquement NZ à la venue en 1981 de l'équipe d'Afrique du Sud, les Springboks, ambassadeurs de l'apartheid dans un pays où le rugby est quasiment une religion d'état [1].
[...] La moitié de l’année, le rugby était le sujet de discussion principal de nos familles au dîner.
[...] "Le sport, c’est le sport, et la politique, la politique." Toutefois, certaines personnes n’étaient pas d’accord. Le premier lundi de mars, notre bande se rendit sur le terrain de rugby afin de constater les dégâts. Quelqu’un avait peint Apartheid en rouge vif sur la façade du club.


Pour celles et ceux qui aiment les kiwis et le rugby.
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Rouge parallèle (Stéphane Keller)


[...] Il ne rate jamais sa cible.

On était parti sur la lancée de Frédéric Paulin, histoire de remonter un peu plus loin dans l'Histoire de l'Algérie, jusqu'aux années de l'OAS après-guerre.
Certes il sera ici encore question de barbouzes et d'officines obscures qui œuvrent dans l'ombre, mais avec son Rouge parallèleStéphane Keller va nous emmener bien loin d'Alger, jusqu'à Dallas, précisément un certain vendredi de novembre 1963.
Stéphane Keller n'est pas scénariste pour rien et son bouquin, mené tambour battant, va nous emmener dans une drôle de cavale sur les pas d'un ex-OAS, tireur d'élite réputé dont les talents sont fort prisés ... (lui, au moins n'aurait pas foiré l'attentat du Petit Clamart).
[...] Faire appel à Jourdan, le tireur d’élite, qui aurait été si précieux au Petit-Clamart quand tous ces abrutis avaient tiré en dépit du bon sens, ratant la vieille baderne, sa femme, son gendre, le terne de Boissieu, le chauffeur… Lui, s’il avait été là… Il n’aurait pas raté sa cible, il ne rate jamais sa cible…
Ce qui aurait pu facilement n'être qu'un roman de gare de plus mettant en scène une énième version du complot contre JFK, s'avère finalement un excellent roman d'action à l'écriture fluide et efficace et à l'intrigue rondement menée, sans aucun temps mort.
On se laisse facilement prendre au jeu de cette presque crédible version de l'attentat et on plonge avec plaisir dans cette reconstitution soignée des années 60.

Pour celles et ceux qui aiment les tireurs d'élite.
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jeudi 18 octobre 2018

La guerre est une ruse (Frédéric Paulin)


[...] Ce lien contre nature entre militaires et islamistes.

Oh nous voilà tout près du coup de cœur avec La guerre est une ruse, roman de Frédéric Paulin qui nous donne à découvrir les coulisses d'une Histoire qui nous est si proche et si méconnue : l'Algérie des années 90.
Les islamistes du FIS ont été à deux doigts de prendre le pouvoir, les dissidents du GIA ont pris le maquis, les barbouzes déclarent ouverte la chasse aux barbus.
Et, question guerre civile, les militaires algériens ont été à bonne école ...
Tout cela va nous mener quelques années plus tard jusqu'à l'attentat de la station Saint-Michel de 1995 et la cavale de Khaled Kelkal dans la région lyonnaise.
Frédéric Paulin a décidé qu'on se coucherait moins bête après la lecture de son bouquin et nous fait visiter les coulisses de ces événements, leur enchaînement terrible et inexorable, l'aveuglement des uns et la cécité des autres, les compromissions des pouvoirs français et algérien (Charles Pasqua en prend pour son grade).
Des deux côtés de la Grande Bleue, les barbouzes jouent avec le feu et font le jeu des barbus.
Il faut s'accrocher un peu au début face à l'enchevêtrement des différents groupuscules et officines (DGSE, DRS, FIS, GIA, ...) mais on peut faire confiance à l'auteur pour ne jamais perdre son lecteur en chemin, pour expliquer encore et encore : sans aucune arrogance érudite, Frédéric Paulin fait preuve de pédagogie et nous éclaire le côté obscur avec intelligence et sans manichéisme facile.
Il nous suffit de se laisser guider par les personnages et une intrigue bien ficelée au suspense garanti, même si l'on connait la triste fin de cet épisode.
Episode, car il s'agit du premier tome d'une trilogie : espérons que la suite sera à la hauteur de ce coup de maître.
[...] Ce lien contre nature entre militaires et islamistes engendrera inévitablement le grand bordel. Le grand bordel, comprendre l’importation des problèmes algériens en France.
[...] Les hommes qui tiennent l’Algérie ont besoin que le chaos s’étende pour légitimer leur pouvoir.

Pour celles et ceux qui aiment les barbouzes.
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mercredi 17 octobre 2018

Qaanaaq (Mo Malo)


[...] Essentiel, pour un flic, son territoire.

Bon déjà faut pas prononcer Qaanaaq mais Hraanaak, même pas la peine d'essayer, c'est évidemment du groenlandais, enfin de l'inuit, bon du kalaallisut quoi.
Ensuite c'est qui ce nouvel auteur nordique, Mo Malø ? Et avec un ø barré ?
Et ben, accrochez-vous au traîneau, c'est le pseudo d'un petit frenchy bien de chez nous. Voilà qui fleure bon le plan marketing bien orchestré pour surfer depuis la banquise sur la vague du polar nordique.
Une fois passé l'arrière-goût de l'arnaque commerciale, reste un polar ethnico-nordique tout à fait honorable et dans la veine de ceux avec lesquels Olivier Truc (tiens, encore un frenchy) nous emmenait en Laponie.
Même si pseudo-Malo est aussi esquimau que je suis lapon, il s'y entend pour mettre en scène son flic danois d'origine inuit qui débarque donc au Groenland pour élucider l'une des rares affaires de la colonie du royaume. L'occasion de faire connaissance avec plusieurs facettes de la vie locale : plateformes pétrolières, magouilles politiques, velléités autonomistes, pseudo-Malo ratisse large.
[...] Et vous, qu’est-ce que vous venez faire ici ? insista-t-elle.
– Moi… ? Il hésitait. Il y avait tant de réponses possibles, la plupart impropres ou prématurées. Puis il se lança :
– Je viens coffrer un tueur en série.
[...] Tout n’était donc pas si apaisé qu’il y paraissait dans la lointaine province polaire de la bonne reine Margrethe.
Sans oublier de nous faire découvrir le passé d'un Groenland qui fut l'un des postes avancés de la lutte du Bien US contre le Mal bolchevique durant la guerre froide (guerre qui, au Groenland, portait bien son nom !).
Nous voici donc partis en traîneau pour explorer les souterrains de glace de Camp Century et les souvenirs de l'accident de Thulé.
[...] Une base souterraine creusée dans l’inlandsis, dotée de six cents missiles balistiques braqués sur Moscou.
[...] - C'est quoi , l'ukiaq ?
- Le jeune hiver, la première saison réellement froide des dix saisons inuites.
[...] - Il y a plus de cinquante mots inuits pour décrire la neige, lui avait expliqué Appu, en chemin.
Une balade touristique et superficielle mais un voyage gentiment organisé dans un pays particulièrement méconnu.

Pour celles et ceux qui aiment les esquimaux.
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L'île (Sigridur Hagalin Björnsdottir)


[...] Un seul instinct : se nourrir.

Sigridur Hagalin Björnsdottir voilà, c'est dit, enfin écrit du moins, Sigridur donc nous emmène sur son Île, l'Islande bien sûr.
Pour un étrange bouquin, une sorte de politique fiction, où l'île serait coupée du monde du jour au lendemain : plus d'internet, plus de téléphone, plus de GPS, bateaux et avions ne circulent plus ... un bug géant mais qui dure ...
Au début c'est presque amusant, tout au moins fort intéressant, de voir les îliens se dépatouiller avec leurs nouvelles conditions d'isolement.
L'auteure est une journaliste de métier et l'on a droit à une mise en page de la fonction politique, à la mode des séries nordiques : c'est fort instructif et au passage, on apprend plein de petites choses sur les islandais, très fiers de leur démocratie et de leur mode de vie civilisé.
Une écriture agréable et didactique qui nous fait découvrir les destins croisés de différents personnages pris au piège de tout un pays.
[...] Nous optons pour l'optimisme.Nous devons arrêter de répéter constamment que nous avons perdu le contact avec le monde extérieur. Il n'est pas sain de se concentrer sur ce qu'on a perdu. Au contraire, nous devrions proclamer : Nous avons retrouvé notre indépendance !Proclamons-le ensemble : Allez, l'Islande ! La salle reprend en chœur, les spectateurs assis devant leur télé font de même. Elin rit, ouvre grand ses bras, attrape la main de l'économiste et la lève bien haut, ensemble, nous en sommes capables ! Nous l'avons été jadis et nous le serons encore.
Mais bien vite le vernis démocratique de la civilisation islandaise vient à se fendiller ...
Les ressources de l'île sont limitées (habitants que nous sommes du reste de la planète, ne nous réjouissons pas trop vite de cette mésaventure islandaise ...) et les habitants coincés là-bas sont bien plus nombreux que ce que le caillou est en capacité de nourrir ...
La fable de Sigridur tourne alors au cauchemar et nous invite à mesurer le temps très court qu'il faut à notre humanité civilisée pour se retrouver propulsée au moyen-âge.
La seconde partie du bouquin (de plus en plus elliptique, comme si l'auteure devenait moins à l'aise avec le sinistre avenir qu'elle décrit) se termine sur une toute petite note d'optimisme qui ne suffira pas au lecteur pour oublier le goût très amer du breuvage islandais. On espère juste que Sigridur s'est montrée trop pessimiste et qu'elle a bien tort de nous imaginer une fin pareille.
[...] En temps de famine, l'unique objectif de l'être humain est la survie. L'ensemble de ses autres préoccupations est remisé, ses rapports sociaux sont entièrement gouvernés par un seul instinct : se nourrir.

Pour celles et ceux qui aiment l'Islande.
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vendredi 6 avril 2018

Sharko (Franck Thilliez)

[...] La mort leur souriait en ce moment même.

Il a suffit d'une critique téléramesque encore un peu plus arrogante, imbu(vable) et élitiste que d'habitude (de Marine Landrot, pour allonger la liste des critiques à éviter désormais) pour nous donner une furieuse envie de découvrir un auteur qu'on n'avait pas fréquenté jusqu'ici : Franck Thilliez.
Heureuse découverte (merci Marine pour ton vilain papier, sincèrement) parce que le polar des plages, Sharko, s'est avéré un excellent thriller de fort bonne facture, avec même quelque originalité puisque les 'meurtriers' sont ...des flics !
On ne vous en dit pas plus mais n'hésitez pas à suivre les 'conseils' de Télérama et emportez ce polar dans le métro ou sur les plages.

Pour celles et ceux qui aiment pas Télérama.
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