jeudi 7 septembre 2017

Nulle part sur la terre (Michael Farris Smith)

[...] Les ennuis c'est toujours gros.

Le gars sort tout juste de prison après avoir payé sa dette à la société. Visiblement pas toute la société, puisque à la descente du car qui le ramène chez lui, il se fait rosser par des rancuniers.
La fille, elle, marche le long de la route avec un baluchon, tirant une petite fille par la main, fuyant on ne sait trop quoi non plus. Ce qui va lui arriver est encore pire que le tabassage du gars.
Et quand les destins de ces deux-là se croisent au milieu de nulle part,  Michaël Farris Smith est là avec ses pinceaux pour nous dresser le portrait de ces deux losers (et de quelques autres).
[...] Un type qu’a passé du temps en taule, on sait jamais trop dans quel état il en ressort. Parfois meilleur, parfois pire.
– Parfois pareil.
– Non, pas pareil.
[...] – Vous avez des ennuis ? » Elle hocha la tête et regarda la petite.
« De gros ennuis, si je me trompe pas, dit-il.
– Les ennuis, c’est toujours gros.
[...] Il y avait une pointe d’inquiétude dans sa voix. Il la reconnaissait pour l’avoir entendue chez des hommes qui savaient de quoi demain serait fait et qui savaient qu’ils ne pouvaient rien y changer.
[...] J’ai comme l’impression qu’il y a quelque chose dans l’air par ici. Quelque chose qui se trame. Je sais pas ce que c’est. Mais je le sens.
C'est noir mais c'est beau.

Pour celles et ceux qui aiment les coins perdus.
D’autres avis sur Babelio.

Le diable en personne (Peter Farris)

[...] Mais qu'est-ce qui s'est passé ?

Une époque troublée après la Grande Guerre et la prohibition, un état du sud, la Géorgie et sa capitale gangrenée jusqu'à la moelle : voilà pour le décor (intéressant parce que pas si souvent monté sur scène et parce que l'auteur nous promène, mine de rien, au plus profond des forêts et des marais sudistes).
Une intrigue minimaliste (et assez convenue) où d'affreux jojos (jusqu'au maire d'Atlanta) trafiquent tout ce qu'ils peuvent : drogue, pétrole et jeunes filles.
Le diable en personne.
Mais ce qui fait le charme indéniable de ce bouquin de Peter Farris ce sont les personnages qu'il met en scène.
Léonard, un vieux bootlegger qui se promène en ville avec un mannequin de couture (sa femme n'est plus là) et qui fait pousser des épouvantails dans ses champs.
[...] Il est pas humain, celui-là ! C’est le diable en personne.
Et Maya, une petite pute tout juste échappée des griffes des méchants.
[...] Brune, coupe au carré, beaucoup de maquillage pour des yeux n’exprimant qu’un vague désintérêt vis-à-vis de tout ce qu’elle regardait. Aucune direction apparente à sa vie.
L'ami Farris se joue des clichés du roman noir et sait fort bien raconter son histoire à l'humour féroce.
On s'y délecte à voir d'affreux méchants dézingués par des gentils encore plus méchants quand on les a cherchés un peu trop.
[...] — J’ai cru que t’allais le descendre.
Leonard gloussa.
— Parce que j’ai l’air de descendre tous les types qui débarquent ici ? Mais sa tentative d’humour tomba à plat.
[...] Il serait en train de cramer que je lui pisserais pas dessus.
Une sorte de conte de fées au pays des vilains, une comédie à la Donald Westlake avec un peu de rigolade en moins et de romantisme en plus.

Pour celles et ceux qui aiment quand ça finit bien.
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