Après Million Dollar Baby,
Clint Eastwood revient dans le registre fort et poignant avec
Mémoires de nos pères.
Le
film retrace l'histoire d'une photo de guerre très controversée à
l'époque, qui immortalise un groupe de soldats en train de hisser le
drapeau US au sommet de l'île du Pacifique Iwo Jima, conquise au prix de
très lourdes pertes - cette photo avait pour titre
Raising the flag on Iwo Jima et fait l'objet d'un article entier dans Wikipédia
(mais il vaut mieux éviter de lire l'article avant de voir le film ...).
Plus
que la photo elle-même, c'est le sort des Marines de l'image qui
intéresse Eastwood : que sont ces "héros" devenus ? comment ont-ils été
happés par la foire médiatique qui s'ensuivit et qui les transforma en
VRP des emprunts d'état destinés à financer l'effort de guerre qui
faiblissait trop vite ?
Le film nous promène entre l'époque
contemporaine (le fils de l'un des héros écrit un livre : celui même
dont est tiré le film, la boucle est bouclée), la bataille d'Iwo Jima
proprement dite, la propagande au pays et l'immédiat après-guerre.
Les
scènes du débarquement dans les sables noirs de l'île volcanique d'Iwo
Jima sont particulièrement "fortes", comme l'on dit pudiquement. Il faut
dire qu'après notre visite des plages de Normandie cet été, nous étions
particulièrement sensibilisés ...
La seconde partie du film avec le
périple des "héros" de retour au pays s'allonge un peu, alors qu'on a
hâte, de flash-back en flash-back, de découvrir le fin mot de l'histoire
et tout ce que ne disait pas cette fameuse photo ...
A noter que
dans ce film, on ne voit que l'ombre de 2 ou 3 japonais (ils étaient
20.000 sur l'île) : en effet, Clint Eastwood a préparé un second opus -
Lettres d'Iwo Jima - qui traitera précisément du volet japonais de
l'histoire. A suivre donc !
Et un dernier mot : ne manquez pas les photos du générique de fin.
Dans le film, l'un des personnages dit en substance qu'une simple photo
peut faire perdre ou gagner une guerre, en comparant la photo,
glorieuse, d'Iwo Jima à celles, honteuses, des exactions commises au
Vietnam.
(Soit c'est effectivement la photo qui change peut-être le cours de la guerre, soit le retentissement que lui donne la nation combattante ne fait-il que refléter son état d'esprit : partie gagnante ou déjà battue ...).
On ne peut s'empêcher de songer à la
photo d'Irak
qui a fait le tour du monde (celle qui montre un prisonnier humilié et
tenu en laisse dans la prison d'Abu Grahib) : si l'on s'en tenait aux
leçons de l'histoire, il y a bien longtemps que les américains et leurs
alliés auraient dû réviser leur stratégie à Bagdad ...
Pour suivre : les lettres d'Iwo Jima