mardi 30 mai 2006

Quelques bonnes nouvelles

De bonnes nouvelles aujourd'hui !
Côté Asie bien sûr, avec une centaine de pages glacées de Yoko Ogawa (une japonaise couronnée de nombreux prix littéraires) intitulées : l'annulaire. Une histoire d'amour et de fascination entre une jeune femme et un taxidermiste un peu spécial ... (publié chez Babel).
"Ici, le travail n'est pas aussi compliqué qu'il n'y parait. Il suffit d'un peu d'ordre et de circonspection pour s'en acquiter sans problème. Il est même presque trop simple."
"Cela fait déjà un certain temps que le laboratoire existe, et jusqu'à présent la plupart des jeunes filles sont parties en moins d'un an. Enfin, je me demande si le mot partir est exact."
Et du côté France, avec deux nouvelles de Maylis de Kerangal publiées chez Verticales : Ni fleurs ni couronnes, suivi de Sous la cendre. Une écriture très recherchée (avec même quelques tics, mais qui passent bien dans ces courtes histoires), une écriture sensuelle qui dit le langage des corps et des désirs dans une nature mortifère : l'océan pour ni fleurs ni couronnes et le volcan Stromboli de sous la cendre.
Ni fleurs ni couronnes a pour décor le naufrage du paquebot Lusitania coulé près de l'Irlande par les allemands en 1915.
"Une livre pour un noyé. C'est ce que ça rapporte. Une livre égale un cadavre. Un cadavre égale une livre. Pas de quoi se creuser la tête."
"Alors ils temporisent. Occupent la nuit comme ils occupent le morceau de terre où ils se sont assis, cherchent des gestes à faire pour leur corps, pour leurs mains et pour leurs pieds, grattent la terre avec le bout de leurs chaussures, y tracent machinalement des signes avec des brindilles, cueillent des feuilles de bambou qu'ils déchirent dans le sens des fibres."
Et pour finir, Béatrice Hammer (chez Mercure de France) nous livre, sous le titre de l'une d'elles : L'homme-horloge, quelques histoires d'amour des gens très très ordinaires (certaines romantiques, d'autres inégales, mais plusieurs valent le détour).
"Il y a des histoires d'amour qui ne commencent jamais, et qui mettent toute une vie à se terminer".

lundi 8 mai 2006

Chemins de poussière rouge (Ma Jian)

Aux éditions de l'Aube, un passionnant et autobiographique récit de voyage : Chemins de poussière rouge de Ma Jian, un chinois exilé à Londres avec donc une écriture tout à fait occidentale.
Dans les années 1980, Ma Jian est un intellectuel dissident à Pékin, et pour fuir les tracasseries politiques, il se lance dans un périple à travers la Chine de Den Xiaoping : un voyage très pittoresque, riche de culture et vraiment passionnant dans les profondeurs de l'immense Chine, du Pacifique aux déserts et jusqu'aux confins du Tibet.
Un roman qui vient en contrepoint des romans policiers de Qiu Xiaolong et en écho au film Shanghaï Dreams.
Quelques extraits apéritifs :
"L'homme qui dort dans le lit à côté du mien ronfle bruyamment. Il va finir par me rendre fou. Il est chauffeur routier. Il a toujours peur que quelqu'un lui vole son essence la nuit, il a donc roulé ses barils jusque dans le dortoir. Les vapeurs sont asphyxiantes. Je pars demain dès que je me lève."
"C'est agréable de passer une journée à écrire des lettres. On a l'impression de voyager à travers l'espace."
"Ma pauvreté me permet de me déplacer aussi librement qu'une feuille au vent, mais, parfois, j'aimerais qu'une pierre me tombe dessus et me cloue au sol."
"Je me souviens de la légende des collines au Sable chantant. Une armée de guerriers impériaux campait une nuit dans le désert et une soudaine tempête de sable les enterra vivants. On raconte que, si le vent souffle dans la bonne direction, on peut entendre les fantômes des soldats hurler à l'intérieur des dunes."