lundi 22 octobre 2018

L'héritage des espions (John Le Carré)


[...] Nous n'étions pas sans pitié.

Un John Le Carré on ne peut plus classique que cet Héritage des espions.
Un peu comme si l'auteur commençait à vouloir préciser le sien d'héritage, tout commence par la fin : de nos jours, un espion rangé des voitures est (re-)mis sur la sellette par de jeunes collègues aux dents longues, chargés de faire toute la lumière sur d'anciens épisodes de la guerre froide, souci du politiquement correct et obligation moderne de transparence obligent.
Voilà un registre dans lequel John Le Carré est tout à fait à l'aise pour nous livrer une sorte d'épilogue à L'espion qui venait du froid.
[...] Quand la vérité vous rattrape, ne jouez pas les héros, filez.
[...] Du moment qu’on se soucie de la fin et pas trop des moyens.
[...] Je suis mon propre conseil d’être prodigue en menus détails. Garde le reste bien verrouillé dans ta mémoire et jette la clé.
[...] Était-ce au nom du capitalisme, tout ça ? Dieu nous en préserve.
On retrouve dans ce roman ce qui, depuis plus de 20 romans et plus de 85 printemps, passionne toujours autant l'auteur et des lecteurs : manipulations et traîtrises, lâchetés et mensonges. Bref, le petit monde de l'espionnage, ou le monde tout court peut-être.
Et ce langage châtié, cette ironie désabusée so british, ce ton nostalgique, cette distanciation des personnages, qui sont sa marque de fabrique.
On reconnaîtra quand même avoir été un peu déçus par une fin en demi-teinte, une fin qui n'en est pas une, comme si l'auteur avait finalement du mal à terminer son testament.
On avait déjà lu : Une vérité si délicate et Un traître à notre goût, et vu au cinoche : Un homme très recherché et Un traître idéal.

Pour celles et ceux qui aiment les espions.
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