dimanche 10 avril 2022

Dans les brumes de Capelans (Olivier Norek)


[...] Flic échaudé craint la victime éplorée.

On l'a déjà dit, Olivier Norek est peut-être le meilleur auteur français de polars "mainstream".
Au fil des épisodes il soigne et affermit sa prose et il arrive même à se renouveler puisqu'il nous emmène Dans les brumes de Capelans ... à Saint-Pierre et Miquelon, bien loin des cavalcades survoltées des banlieues du 9-3.
Une île de naufrages.
Son flic fétiche, Victor Coste, s'est auto-exilé tout là-bas, ours parmi les ours, pour fuir ses propres démons.
[...] Un climat bicolore qui huit mois de l’année ne laissait le choix qu’entre le blanc de la neige et le gris des brumes.
[...] – Il serait temps, avant que les brumes de Capelans couvrent Saint-Pierre.
– Les brumes de ? fit répéter Anna.
– De Capelans. Le courant chaud du Gulf Stream rencontre le courant froid du Labrador et une fois par an, pendant trois semaines, les brumes tombent sur l’archipel et le font disparaître littéralement de la carte.
[...] Une île de vingt-cinq kilomètres carrés dont chacun des 5 000 habitants connaissait les 4 999 autres.
Coste y est chargé de surveiller une "planque" du tout récent programme français de protection des repentis ou des témoins (ouais, on fait tout pareil que le WITSEC du FBI, trop fort et c'est pour de vrai).
Mais voilà qu'on lui envoie une jeune femme, une victime, retrouvée traumatisée dans la cave d'un serial-killer où elle a survécu dix ans ... là où d'autres ont été découvertes qui n'ont pas eu cette 'chance'.
Mais l'affreux jojo coure toujours et seule la jeune Anna sait peut-être des choses qui permettront de traquer et retrouver son tortionnaire.
Encore faut-il arriver à lui rendre la parole.
[...] Deux mortes, Garance et Salomé, une retrouvée, et absolument rien sur les sept autres. Voilà pourquoi Anna était une chance et une candidate parfaite pour le Service de protection des témoins, la seule à pouvoir remplir les blancs d’une enquête vieille d’une décennie aussi trouée qu’une partition d’orgue de Barbarie.
La première longue partie du bouquin est passionnante : voilà une histoire de serial-killer menée de façon originale avec un excellent scénario (et un bon film en perspective !).
À mi-parcours, retournement de situation et le bouquin bascule dans un polar beaucoup plus classique mais bien mené par Norek et Coste, toujours aussi pros tous les deux et toujours aussi habiles à se sortir d'une impasse mexicaine.
Et puis ouf, enfin le dénouement, tout est bien qui finit bien, mais on se dit que quand même, il reste bien quelques pages non ? Et alors survient ce moment de jubilation intense quand, à quelques minutes de la fin du film, le téléphone sonne ...
[...] « Coste. Russo à l’appareil. Rappelez-moi. C’est urgent. »

Ne refermons pas le bouquin sans relire cette belle tirade, bien dans l'air du temps :
[...] Faut bien que tu te le dises. S’il y a des femmes battues, c’est que l’homme l’a décidé. Si elles restent à la cuisine, c’est que l’homme l’a décidé. Si elles ne gagnent pas le même salaire, c’est que l’homme l’a décidé. Si elles doivent cacher leurs cheveux ou leur visage, c’est que l’homme l’a décidé. Si elles sont agressées sexuellement, c’est que l’homme l’a décidé.

Pour celles et ceux qui aiment se faire mener par le bout du nez.
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1 commentaire:

dasola a dit…

Bonsoir, j'ai été contente de retrouver Coste même ses adjoints car pour moi les meilleurs romans de Norek ce sont les trois premiers qui se passent dans le 93. Bonne soirée.