[...] Il y a toujours un moment où il faut payer.
Barbara Abel nous invite à une réunion de famille.Le couple Mercier approche de la soixantaine bourgeoise, Monsieur travaille toujours autant, Madame tient la maison, les deux filles sont sur le point de fonder leur propre famille, il y a donc aussi des gendres.
Mais l'une des deux filles dort. Elle dort depuis quatre ans. Dans le coma depuis un accident.
[...] Dans le lit, Jeanne ne bouge pas. Jeanne ne bouge plus depuis quatre ans. Jeanne n’est plus qu’un corps inerte et allongé.
[...] Voilà quatre ans que l’ombre de sa sœur plane sur eux. Comme s’ils n’avaient plus le droit de vivre « pour de vrai » tant qu’elle-même était morte « pour de faux ».
Depuis quatre ans, chacun tente vaille que vaille de "vivre" comme en suspension, avec cette demi-morte qui prend toute la place mais que personne ne se résout à débrancher, jusqu'au jour où le toubib convoque la réunion de famille.
[...] — Si je vous ai fait venir, c’est, vous vous en doutez, pour m’entretenir avec vous de l’état de Jeanne. Il se fait que…
Un conseil de famille où une surprise de taille attend les parents et le lecteur.
[...] — Vous ne faites pas les choses à moitié, dans ta famille ! s’exclame-t-il enfin, ahuri. Pendant quatre ans, il ne se passe strictement rien, on a l’impression de végéter dans une salle d’attente oubliée de tous, et là, tout à coup… C’est… C’est dingue !— Dingue, oui, répète Charlotte, pensive. C’est le mot.
La ficelle est un peu grosse mais peu importe au fond le scénario, le décor et les péripéties de cette intrigue quasi théâtrale : Barbara Abel a entrepris de disséquer la famille Mercier. À vif. Au scalpel.
Et comme dans tout bon polar, l'autopsie révèlera bien entendu une famille toxique.
L'auteure est docteur en chirurgie de la famille, et c'est pas de la chirurgie réparatrice, plutôt la destruction méthodique et systématique d'une famille qui semblait unie et solide mais qui va s'avérer pleine de mystères et de non-dits, de honte et de secrets.
C'est féroce et sans concession.
[...] — J’ai subi ma vie d’épouse et ma vie de mère pendant des années, poursuit-elle en regardant cette fois sa fille dans les yeux. Je ne peux pas dire que ces deux rôles m’aient épanouie, bien au contraire. Quant à ma vie de femme… Elle a presque été inexistante. Sacrifiée au nom de la famille.
Bien sûr on peut trouver à redire à une intrigue un peu rocambolesque, des péripéties un peu too much, mais il fallait bien tout cela pour secouer le cocotier sous lequel dormait cette famille trop tranquille.
Et puis c'est très bien écrit, alors on reste accroché jusqu'au bout, curieux de découvrir ce que cachait les uns ou les autres.
Pour celles et ceux qui aiment la famille.
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