vendredi 3 janvier 2025

Prisonnier du rêve écarlate (Andreï Makine)


[...] Ces cocus de l'Histoire.

L'itinéraire d'un “cocu de l'Histoire” parti visiter le paradis socialiste et qui passera vingt ans au goulag avant de retrouver une France où il ne se retrouve plus lui-même.

L'auteur, le livre (416 pages, janvier 2025) :

📖 Rentrée littéraire hiver 2025.
Auteur discret, Andreï Makine fait partie des grandes plumes du paysage littéraire français (il est membre de l'Académie Française depuis 2016).
Pour autant il n'oublie pas sa Russie natale qui reste au cœur de la plupart de ses ouvrages. 
On l'avait découvert avec L'archipel d'une autre vie, coup de cœur 2016.
On le retrouve ici avec : Prisonnier du rêve écarlate, un joli titre pour une belle histoire.

Le canevas :

L'itinéraire d'un ouvrier du nord, né en 1918, “un an après la Révolution d'Octobre”, qui part visiter la nouvelle patrie du socialisme en 1939. Par un concours de circonstances digne d'un théâtre de l'absurde, il manquera le train du retour et sera rapidement emprisonné dans les camps staliniens.
Interné sous le nom de Lucien Baert, il en sortira vingt ans plus tard sous le nom de Matveï Belov et ne retrouvera la France qu'en 1967 où il ne se retrouve pas lui-même : l'époque est troublée, les choses, les mœurs et les gens ont beaucoup changé. 
Dans cette France moderne qui se libère, il est un peu perdu “comme un astronaute égaré sur une planète inconnue”.
Viendront alors quelques succès pour ce “rescapé de l'enfer” et l'intelligentsia parisienne fera de lui un nouveau personnage - c'est l'époque Soljenitsyne (avec qui Andreï Makine règle encore quelques comptes).

♥ On aime :

 Les “prisonniers du rêve écarlate” ce sont ces “communistes étrangers happés par la grande illusion”, qui sont venus se réfugier en URSS au mauvais moment : eux qui fuyaient les guerres ou les fascistes, ils seront happés dans le tourbillon paranoïaque de Staline et finiront au goulag. Ceux qui croyaient trouver refuge sous la bannière rouge, se retrouveront bientôt perdus dans la blancheur des steppes sibériennes.
Parmi ces “cocus de l'Histoire” on pourrait croiser “un ancien communiste espagnol après la défaite des républicains”, “un allemand antinazi”, “un japonais qui faisait du renseignement au profit de l'URSS”, la liste pourrait être longue de ces “vies déchirées, fabuleusement complexes et qui vacillent au bord de l’effacement définitif”.
 Andreï Makine va nous entraîner dans ce tourbillon de l'Histoire : 50 ans d'Histoire soviétique bien sûr mais aussi, et c'est la bonne surprise, de notre histoire française. Tout cela est filmé en grand-angle dans un travelling historique passionnant qui met en lumière le regard amer et désabusé que le cinéaste porte sur notre époque. 
 C'est finalement la dernière partie du parcours de Lucien Baert/Matveï Belov qui fait tout le charme de ce bouquin. On y retrouve le souffle glacé de la taïga qui anime les meilleurs romans de l'auteur, on savoure la prose pleine de poésie sauvage qui termine en beauté cette formidable histoire.
Une prose emplie d'humanité pour ces “gens revenus de toutes les illusions et qui retrouvent la simple humanité depuis longtemps perdue ailleurs”, pour ceux qui vivent dans ce “village au milieu des forêts où les gens vous accueillent sans rien demander en échange”.
Une histoire un peu triste mais pas tout à fait désespérée.
Une histoire qui n'était peut-être finalement qu'une simple histoire d'amour.
[...] Dans le silence de la taïga déjà hivernale, retentissent de profonds échos répétés. Une hache est en train de rompre la glace sur la surface d’un lac. Une percée d’eau libre où viendront les oiseaux blessés qui, à l’automne, n’ont pas pu quitter cette contrée du Nord.

Pour celles et ceux qui aiment le drapeau rouge.
D’autres avis sur Babelio.
Livre lu grâce aux éditions Grasset (SP).
Ma chronique dans les revues Benzine et ActuaLitté.

mercredi 1 janvier 2025

Bonne année 2025 !

Bonne année 2025 à toutes et à tous !

Comme de coutume, on profite du "BEST-OF 2024" pour vous souhaiter tout plein de bonnes et belles lectures pour cette nouvelle année.
Et pour bien commencer voici déjà une petite rétrospective de l'an passé, un best-of où l'on a eu bien du mal à ne sélectionner "que" quelques unes de nos meilleures découvertes, que du très bon donc pour cette sélection.
Pour cette année, nos auteurs favoris de polars semblent s'être donné rendez-vous hors des sentiers battus : Olivier Norek avec un récit de guerre Les guerriers de l'hiver, Dennis Lehane avec un roman noir sur la haine et le racisme Le silence, et Ian Manook avec Le pouilleux massacreur, un roman quasi autobiographique. Et tous trois figurent sur nos podiums !
Et puis la rentrée littéraire 2024 fut également riche en émotions.
Rappelons également la liste des cadeaux 2024 que nous avions publiée il y a quelques semaines avant les fêtes.
Si vous êtes passé à côté, il est encore temps de vous rattraper !
   
► Cliquez sur les titres en gras pour lire le billet original en entier.


➔ Dans notre catégorie polars, toujours bien garnie !, voici quelques repères :

À tout seigneur tout honneur, Franck Thilliez ouvre la cérémonie avec Norferville et nous emmène tout au nord du Québec, à 700 kilomètres de Montréal, dans l'une des gigantesques mines ouvertes sur les terres des indiens Innus.
Dans ce lieu glacé difficilement accessible cohabitent bien difficilement les communautés de blancs et d'indiens.
La violence de la nature et du froid fait écho à celle des hommes. Des hommes qui n'aiment pas les femmes. Un polar très dur et sans concession - c'est du Franck Thilliez !

L'italien Davide Longo fut assurément la découverte de l'année avec plusieurs romans traduits en français : L'affaire BramardLes jeunes fauves et enfin Une colère simple.
L'auteur consacre tout son art à ses personnages et on ne peut que prendre du plaisir à la lecture de cette prose sèche et nerveuse, de ces dialogues savoureux et parfaitement maîtrisés (de véritables gourmandises) qui font penser à la folie douce de Fred Vargas et de son Adamsberg.
Voici donc Corso Bramard, un nouveau flic taiseux qui collectionne les livres dans sa cave comme d'autres les bouteilles.

Alexandre Courban, historien et collaborateur du journal L'Humanité, nous livre ici avec Passage de l'avenir 1934, une chronique sociale, policière et bien documentée du Paris ouvrier des années 30 avec une intrigue toute au service de la découverte d'une période mal connue (l'entre-deux guerres et la III° république après l'Affaire Stavisky).
D'une prose fluide, maîtrisée et mesurée, l'auteur endosse le costume d'historien naturaliste pour nous rappeler les principaux événements, le contexte politique, et sans forcer le trait, les conditions pour le moins difficiles des ouvriers de l'époque.
L'épisode suivant : Rue de l'espérance, 1935 sort très bientôt, on vous en reparlera.

Avec Les dames de guerre : Saïgon, nous partons à l'étranger, dans l'Indochine des années 50 avec un hommage au célèbre bouquin de Graham Green (Un américain bien tranquille).
Une histoire romancée captivante au cœur d'une grande Histoire passionnante.
Laurent Guillaume nous livre un sympathique roman d'aventures et un joli portrait de dame photographe et on s'attache bien vite aux personnages choisis avec soin par l'auteur : des espions chinois redoutables, des commandos français borderline, des corses mafieux pas trop clean, des agents de la CIA au double jeu, ...

Le podium déborde déjà, pfffff, et pourtant il faudrait en citer d'autres encore comme la sicilienne Cristina Cassar Scalia, L'inuite de Mo Malo, la louve du polar Cécile Cabanac, ou même le retour de R. J. Ellory avec Au nord de la frontière.

➔ Dans la catégorie romans noirs, quelques très très bonnes trouvailles :

Un surprenant Ian Manook qui sort des sentiers familiers du polar avec ce jeu du Pouilleux massacreur, roman quasi autobiographique qui nous fait revisiter sa jeunesse et les années 60.
Une histoire de HLM blême comme une chanson de Renaud sur une petite musique nostalgique où le héros partage avec l'auteur des racines arméniennes ...
La reconstitution des sixties est soigneusement travaillée et le contexte politique n'est pas oublié : 1962, l'année de référence retenue par Ian Manook, c'est l'année des terribles attentats de l'OAS à Paris, l'année des violences policières du métro Charonne, un temps où l'extrême-droite était alors très à son aise.

Dennis Lehane sort lui aussi un peu du cadre des thrillers habituels pour un roman très social sur son Boston natal : Le silence, basé sur un fond historique bien réel, le "busing" mis en place dans les années 70 pour favoriser la déségrégation dans les écoles étasuniennes. Il ne faut que quelques pages pour nous accrocher au personnage de Mary Pat et partager le racisme décomplexé de ces petits blancs et leur peur du fameux déclassement. Dennis Lehane nous emmène visiter le cœur même de la machinerie complexe qui fabrique haine et racisme au quotidien, génération après génération.

Suivons Vera Buck jusqu'au fin fond d'une vallée de montagne, jusqu'au village perdu de Jakobsleiter, où vivent ensauvagés Les enfants loups et les membres taiseux d'une communauté baptiste refermée sur elle-même sous la férule d'un prêtre un peu trop passionné.
C'est dans cette région qu'une ado de Jakobsleiter disparaît un beau jour.
Une disparition qui résonne comme un écho à la disparition de la jeune Juli, c'était il y a dix ans.
Voici une très bonne histoire, racontée avec une grande maîtrise. 
Une puissante histoire, prenante, particulièrement bien racontée : un coup de cœur de la rentrée 2024.

Ce podium est trop petit lui aussi, alors qu'il aurait fallu peut-être citer aussi : Mater Dolorosa du croate Jurica Pavicic (une valeur sûre), Le premier renne d'Olivier Truc (un épisode très réussi), l'histoire de l'Écume de mer de Patrick K. Dewney, ou encore Le sang des innocents de Shawn Cosby.

➔ Dans la catégorie Histoire ou histoires-vraies, quelques belles et instructives découvertes :

L'histoire (vraie) du finlandais Simo Häyhä, le légendaire sniper que l'on surnomma La Mort Blanche. Dans ces Guerriers de l'hiver, on a le plaisir de retrouver ici la plume très professionnelle d'Olivier Norek pour un roman de guerre bien éloigné des polars auxquels il nous avait habitués : une découverte enrichissante. 
Malgré le sérieux apporté au récit des faits, Norek a su trouver le souffle épique qui convenait pour retranscrire cette histoire et nous faire partager le courage et le patriotisme des soldats blancs pendant cet épisode méconnu de la guerre de 1939, lorsque les soviétiques tentent d'envahir la Finlande. ♥ Un coup de cœur de la rentrée littéraire 2024.

Avec Mesopotamia, Olivier Guez nous conte l'histoire de l'anglaise Gertude Bell, une femme au destin exceptionnel, une sorte de Lawrence d'Arabie au féminin. 
Il nous brosse un tableau panoramique de cette époque (le début du siècle dernier, l'entre deux guerres) et de cette région, le Moyen-Orient, dont on parle beaucoup mais qu'on connait mal.
C'est un de ces romans qui mêlent agréablement petite et grande H/histoire, qui nous font découvrir d'étonnants acteurs de l'Histoire et qui nous éclairent des pans entiers de la géopolitique.
Les chapitres de cette véritable biographie alternent entre la vie privée de Gertrude (et ses amours contrariées) et l'activisme politique de Miss Bell au service de l'Empire : elle n'aura pas d'enfant mais c'est elle qui va mettre au monde un pays, l'Irak, et qui mettra le roi Fayçal sur le trône. Passionnant et captivant.

À la recherche du vivant, premier roman très réussi de la finlandaise Iida Turpeinen.
Un récit captivant qui mêle habilement aventures maritimes, histoire coloniale, réflexion sur l'évolution des espèces, et qui questionne avec acuité notre relation au vivant et à notre environnement.
Sans jamais se montrer pontifiante ou moraliste, sans jamais s'engager dans le pamphlet polémique, et surtout sans jamais ralentir le rythme épique de son récit d'aventures, la finlandaise réussit à nous faire passer pas mal de messages écologiques, naturalistes ou scientifiques.

Les autres nominé(e)s auraient pu être : Anna Funder pour L'invisible madame Orwell ou Victoria Mas et son Bal des folles, ...

➔ Dans la catégorie littérature générale :

Bénédicte Dupré la Tour est certainement la plus belle plume lue cette année. Ses Terres promises sont celles du farouest revisitées au féminin. Mais ne vous y méprenez pas, même si (comme nous) vous n'appréciez pas forcément le genre western en littérature, ce bouquin-là, franchement, risque de vous faire passer le goût d'autre chose.
Un roman choral avec sept histoires, sept personnages, presque sept nouvelles qui se répondent et s'entrecroisent.
Le lecteur tombe très vite sous le charme de la superbe prose de cette auteure : une langue puissante et brute, charnelle et suggestive, intense et vibrante. Il y a du sang, de la boue, de la vermine, et bien pire encore ... Mais le texte sait rester solidement construit, entièrement au service du récit.

Il ne se passe pas grand chose dans Jour de ressac, le dernier bouquin de Maylis de Kerangal. Mais alors comment fait-elle pour nous accrocher ainsi pendant plus de 200 pages ? 
Le temps d'une petite journée, une femme déambule dans la ville du Havre (et c'est pas la plus glamour de l'hexagone, hein ?!), errant au fil de sa mémoire. Une image est évoquée ici. Un souvenir surgit plus loin. Une scène en évoque une autre. Oui et alors ? ... 
Alors la très belle prose de l'auteure opère sa magie et nous captive, nous enserre dans ses filets subtils.
Un roman qui nous touche, qui nous oppresse un peu parce qu'il nous questionne sur la mémoire que nous garderons des gens que l'on a connu, des visages de nos proches.

L'historienne Cécile Desprairies a grandi dans une famille de collabos, des vrais : antisémites et pro-nazis, héritant ainsi d'un lourd passé qu'elle tente de nous faire comprendre dans ce roman autobiographique. 
Maman Lucie avait vingt ans quand elle connu un bel alsacien étudiant en biologie des gènes et des races, et quand elle entama une brillante carrière de "propagandiste" pour adapter au bon goût français le discours allemand. Hélas à la Libération, Maman Lucie ne pourra pas tourner la page, regrettera jusqu'à la fin cette belle époque où tout lui souriait et c'est dans ce déni de réalité que grandira l'auteure. 
Si vous pensiez connaître des parents toxiques, découvrez-donc le récit de Cécile !

Là aussi ne vous arrêtez peut-être pas au podium et partez découvrir : Tang Loaëc et sa terrible histoire des enfants maigres, ou encore Caroline de Mulder et la pouponnière de Himmler, La barque de Masao d'Antoine Choplin ou L'écume de Patrick Dewdney, ...

➔ Dans la catégorie Anticipation (ben oui, c'est nouveau !) quelques bonnes surprises avec ces dystopies :

On apprécie le regard acéré et sans appel porté par la lyonnaise Estelle Tharreau sur notre actualité d'aujourd'hui, sur l'écologie, sur l'économie capitaliste des "plateformes numériques", sur les travers récurrents de notre humanité qui oublie trop vite les leçons de son Histoire.
Le propos de la dystopie Contre l'espèce est fort, puissant, violent même : si la lecture de cette fable d'anticipation est captivante, elle est aussi très dérangeante car l'auteure pose de sacrées questions.
Dans ce monde au bord de l'apocalypse ni le lecteur, ni les survivants ne sont au bout de leurs surprises car "sauver la Terre ne suffira pas si l’homme n’évolue pas".

Sophie Loubière, auteure connue de polars, nous expédie 240 ans après le 1984 de George Orwell : en 2224, Big Brother est devenu écolo - bien obligé pour tenter d'enrayer l'extinction de l'humanité.
Mais on frémit bientôt à l'idée qui est au cœur de l'intrigue : ces femmes ménopausées, qui ne sont plus en mesure de procréer pour reconstituer l'humanité, et que l'on "retire" du circuit pour que les hommes puissent fonder une nouvelle famille. C'est la trame de cette dystopie : Obsolète.
Sauf que personne ne sait vraiment ce que deviennent les "retirées" quand elles partent. Bref on est très impatient d'apprendre ce qu'il advient des "retirées" ...


➔ Et enfin, dans la catégorie BD voici quelques bons albums découverts cette année :

Après le succès du Monde sans fin, voici Capital & Idéologie, cuisiné selon la même recette : sur le fond, la réflexion et la caution d'une grosse tête d'intellectuel progressiste (ce sera le tour de Thomas Piketty sur l'économie) et sur la forme, le travail lumineux de celles et ceux qui ont un don magique pour vulgariser les sujets les plus complexes (ce sera Claire Alet, journaliste et documentariste).
Benjamin Adam a mis ses talents d'illustrateur et de graphiste au service des deux économistes.
L'album est un véritable cours d'Histoire de l'économie occidentale.

Manu Larcenet met en bulles et en images La route, le roman culte de Cormac McCarthy qui avait obtenu le prix Pulitzer en 2007.
Un pari osé mais un album réussi et très fidèle à ce monument littéraire.
De toute évidence, la noirceur du dessin de Larcenet était faite pour illustrer ce sombre récit post-apocalyptique.
À noter : les éditions Points (avec l'arrivée de Thomas Ragon transfuge de chez Dargaud) ont eu la bonne idée de ré-éditer le roman de McCarthy en version "collector" avec quelques planches illustrées tirées de la BD, histoire de doubler le plaisir avec la (re-)lecture du roman !

Après le très remarquable Fatale, on retrouve le dessinateur Max Cabanes et le journaliste Doug Headline pour une adaptation d'un autre roman de Jean-Patrick Manchette : La princesse du sang.
Avant d'être surpris par la grande faucheuse, Manchette amorçait avec ce roman un virage plus "géopolitique" dans sa carrière d'écrivain, qui annonçait une série d'autres aventures d'espionnage.
Doug Headline avait à cœur de terminer ce projet avec tout l'esprit post-soixante-huitard de ces néo-polars des années 70-90 quelque part entre anarchisme et pessimisme.


Il y a quelques semaines, on avait également préparé une liste de "cadeaux" pour les fêtes : vous y retrouverez le best-of ci-dessus bien sûr, mais également encore plein d'autres bonnes idées : Noël 2024.

Allez, bye-bye 2024, bonnes lectures, bonnes aventures et bonne nouvelle année 2025 !