mardi 2 avril 2024

Les jeunes fauves (Davide Longo)


[...] Et qu'est-ce qui me resterait ?

L'auteur, le livre (288 pages, 2024, 2021 en VO) :

On a découvert il y a peu Davide Longo, la nouvelle coqueluche des médias italiens, avec le premier épisode d'une série intitulée Les crimes du Piémont : c'était l'Affaire Bramard, un roman que l'on avait beaucoup aimé.
Cette nouvelle enquête, Les jeunes fauves, vient confirmer que la réputation médiatique de la nouvelle star du polar italien est bien loin d'être usurpée : sa plume est vraiment de grand talent. 

On aime beaucoup :

 En apparence, la recette parait simple : une attention toute particulière aux personnages et à leurs dialogues et une intrigue solidement ancrée dans le passé. Encore faut-il avoir le tour de main pour que prenne la sauce. 
Et Davide Longo consacre tout son savoir-faire à ses personnages. Même l'intrigue leur est consacrée puisque la découverte des ossements va nous conduire à une ancienne affaire jamais élucidée quand le jeune Corso Bramard faisait ses débuts dans la police. Et le dénouement va même nous éclairer quelques côtés obscurs de la jeune Isa, la geek de service qui ne veut pas qu'on la prenne pour une nouvelle Lisbeth.  
 On est ravi de faire plus ample connaissance avec ce redoutable trio d'enquêteurs : chacun d'eux est vraiment un sacré personnage et leurs rencontres font des étincelles. Avec ce deuxième épisode, le lecteur croit même faire un peu partie de cette équipe. Vivement la suite !
 On va en apprendre plus notamment, sur le commissaire Arcadipane que l'on avait à peine entrevu dans le précédent épisode. Cette fois, c'est lui que l'on va suivre au centre de l'intrigue où il traîne une douloureuse crise de la cinquantaine : seuls quelques bonbons à la réglisse et un chien boiteux arriveront à le sortir de son spleen. Voilà qui nous change des flics habituellement imbibés qui noient leurs états d'âme dans l'alcool.
[...] Il lui a fallu quarante ans pour apprendre à bien faire les deux choses pour lesquelles il avait un peu de talent : son métier de commissaire et son rôle de mari. Et à présent, il ne semble plus y arriver si bien que ça. 
Pour tout le reste : communiquer, s’ouvrir, compatir, bien manger, aimer d’autres femmes, comprendre l’art, se rappeler des films, se faire redresser les dents, trouver les mots justes, se mettre de la crème, apprécier le sauna, le dimanche, la nature et se laver les pieds tous les soirs avant d’aller se coucher, il est désormais trop tard.
Voilà, c’est ça, vieillir : ne plus avoir de temps pour devenir bon à quoi que ce soit.

L'intrigue :

Tout commence avec la découverte d'ossements (une douzaine de crânes) au fond d'un chantier. En Italie, on sait qu'il s'agit habituellement d'un charnier datant de la dernière guerre qui fut surtout civile.
[...] C’est des trucs comme celui-là : partisans, fascistes, règlements de comptes pendant ou après la guerre. Il y a sûrement un vieux dans le coin qui sait même qui ils sont et qui les a tués, mais s’il n’a pas parlé jusqu’ici…
[...] Arcadipane regarde les os longs des bras et des jambes disposés par les ouvriers avec le bassin, la colonne vertébrale et le crâne suivant la forme d’un corps. À côté, un tas de petits os qu’ils n’ont pas su placer.
— Ceux-là, c’est comme Andorre ou le Liechtenstein, commente Sarace. À moins de bosser dans la banque, tu ne sais pas où ça se trouve.
Mais quelques doutes tourmentent le commissaire Arcadipane qui n'est pas si certain que les ossements datent vraiment de la guerre. 
Encore une histoire qui ne demande qu'à remonter du passé tourmenté de ce pays.

Pour celles et ceux qui aiment jouer aux osselets.
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Livre lu grâce à 20 Minutes Books, NetGalley et aux éditions JC Lattes Le Masque
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