Des idées cadeaux pour Noël 2024 ?

Pour piocher au gré de vos envies, voici quelques idées de bouquins sélectionnés parmi nos meilleures lectures 2024 (et il y en eu pas mal !) et qui pourraient peut-être plaire au plus grand nombre : en cliquant sur les titres-liens, vous avez accès au billet complet sur le blog qui vous donnera une bonne idée de à quoi s'attendre pour chaque titre (sans dévoiler les clés de l'intrigue bien sûr).

Pas mal de polars bien sûr, mais aussi des "romans noirs" et quelques "histoires vraies" comme on les aime.

Et pour la plupart de ces suggestions, il s'agit de "sorties 2024".  

Il y a même plusieurs belles plumes qui sont sorties pour la Rentrée littéraire 2024.

Et si ça ne suffit pas au Père Noël, il reste encore quelques idées dans la hotte des cadeaux 2023 ainsi que la liste magique des idées lectures, à picorer selon vos envies.

Au rayon histoire et histoires vraies :

Victoria Mas nous interpelle avec ce sujet, mais le lecteur sera tout d'abord surpris par sa prose très soignée : une élégance sans effets ni fausse note, étonnamment maîtrisée pour un premier roman. 
L'auteure a trouvé le ton juste pour nous faire partager l'histoire de ce lieu, l'hôpital de la Salpêtrière : on se passionne pour l'histoire de ce lieu, à cette époque révolue où les hommes ne se savaient pas encore ignorants et se croyaient toujours les maîtres, du monde comme du corps des femmes.
Un asile à la réputation sinistre où officiait le professeur Charcot et où chaque année avait lieu Le bal des folles.

 À la recherche du vivant, premier roman très réussi de la finlandaise Iida Turpeinen.
Un récit captivant qui mêle habilement aventures maritimes, histoire coloniale, réflexion sur l'évolution des espèces, et qui questionne avec acuité notre relation au vivant et à notre environnement.
Sans jamais se montrer pontifiante ou moraliste, sans jamais s'engager dans le pamphlet polémique, et surtout sans jamais ralentir le rythme épique de son récit d'aventures, la finlandaise réussit à nous faire passer pas mal de messages écologiques, naturalistes ou scientifiques.

 Jean-Pierre Luminet est homme de sciences, mathématicien et astrophysicien. Mais c'est aussi un bel écrivain qui nous fait profiter d'une plume magique capable d'évoquer et de vulgariser ses sujets de prédilection de manière lumineuse (il porte bien son nom !). Avec L'astronome de Samarcande il nous brosse une fresque tumultueuse qui réussit à concilier histoire des sciences et Histoire tout court : celle d'Ulugh Beg, petit-fils de Tamerlan, qui fit construire le plus grand observatoire de l'époque (les années 1400) à Samarcande, capitale de la dynastie des Timourides. Un de ces livres qui nous fait nous sentir plus cultivé quand on le referme. Une façon intelligente de voyager dans l'histoire et la géographie.

 Le ciel t'attend : on affectionne tout particulièrement ce genre de récit qui nous emporte avec enthousiasme dans le vent tumultueux de l'Histoire, porté par des destins hors du commun comme celui de Youri Gagarine que le ciel attendait.
Ah, on se doute un peu que la dure réalité fut un peu plus sombre et chaotique, un peu moins romanesque mais qu'importe après tout parce qu'on est venu là pour s'instruire, un peu, et se divertir, beaucoup. Et il faut reconnaitre qu'on est conquis par le rythme d'enfer auquel Grégor Péan mène son Histoire, le rythme des tambours de la guerre froide, celui de la course effrénée à l'espace et l'on croit voir défiler les actualités de l'époque sur le grand écran du cinéma pendant que l'auteur trace d'un trait la trajectoire du camarade Youri.

Pour rester près du ciel, partons en expédition avec Cédric Gras et les Alpinistes de Mao (une sorte de suite historique après les Alpinistes de Staline).
En 1960, la Chine envahit le Tibet et Mao charge quelques braves camarades de gravir l'Everest pour y planter le drapeau rouge. 
Ils attaquent le sommet par la face nord (au Tibet donc) celle qui avait vu disparaître Mallory et Irvine en 1924.
Mais les maoïstes sont-ils vraiment arrivés tout là-haut ?
Un passionnant feuilleton à multiples rebondissements alpins, culturels et politiques.

 Il s'agit d'accompagner Elisabeth Cole, une américaine bien tranquille, journaliste mondaine new-yorkaise pour Life, à qui l'on demande d'aller jouer au Tintin reporter dans l'Indochine des années 50. 
Le lecteur ne regrettera pas son coup de cœur quand la jolie journaliste montera dans l'avion des commandos français pour les montagnes à la frontière du Laos où se cultive l'opium qui finance la guerre coloniale de la France : la jeune femme frivole va sortir de sa chrysalide, troquer robe et escarpins pour rangers et treillis et va se montrer une redoutable enquêtrice pleine de charme. Avec Les dames de guerre, Laurent Guillaume nous livre un sympathique roman d'aventures (soigneusement documenté) et un joli portrait de dame. 

L'histoire (vraie) du finlandais Simo Häyhä, le légendaire sniper que l'on surnomma La Mort Blanche. Dans ces Guerriers de l'hiver, on a le plaisir de retrouver ici la plume très professionnelle d'Olivier Norek pour un roman de guerre bien éloigné des polars auxquels il nous avait habitués : une découverte enrichissante. 
Malgré le sérieux apporté au récit des faits, Norek a su trouver le souffle épique qui convenait pour retranscrire cette histoire et nous faire partager le courage et le patriotisme des soldats blancs pendant cet épisode méconnu de la guerre de 1939, lorsque les soviétiques tentent d'envahir la Finlande. ♥ Un coup de cœur de la rentrée littéraire 2024.

 Pour préparer la transition avec l'étagère suivante, voici un roman policier du frenchy Mo Malø qui, avec L'inuite, nous emmène au Groënland et nous fait découvrir l'histoire (vraie) des 22 enfants de l'Eksperimentet menée dans les années 50 par le gouvernement danois pour une campagne de "danification" de sa colonie. 
Il faudra attendre soixante-dix ans pour que la première ministre danoise Mette Frederiksen présente des excuses officielles au nom de son gouvernement.
Un polar qui réserve son lot de fausses pistes et de rebondissements, notamment avec cette étonnante tradition inuite, l'ateq, qui touche à la question du genre très à la mode en ce moment.

Frédéric Paulin s'est fait une spécialité de romans (façon thrillers) avec lesquels il éclaire la géopolitique de notre Histoire contemporaine. 
Le voici qui ouvre une nouvelle série sur le Liban : Nul ennemi comme un frère où il retrace brillamment pour nous un intelligent résumé des événements de 1975 à 1983 quand Syriens, Iraniens, Israéliens et Palestiniens réglaient leurs comptes dans l'arrière-cour libanaise. 
On retrouve dans ce roman, très documenté, les personnages clés de l'époque : les Gemayel, Joumblatt, Hassan Nasrallah, ils sont tous là ainsi que quelques personnages de fiction qui vont nous servir de guides. 
Passionnant, captivant, voici de quoi éclairer les conflits d'aujourd'hui. 
Inutile de dire qu'on attend avec impatience, la suite de cette fresque historique.

Avec Mesopotamia, Olivier Guez nous conte l'histoire de l'anglaise Gertude Bell, une femme au destin exceptionnel, une sorte de Lawrence d'Arabie au féminin. 
Il nous brosse un tableau panoramique de cette époque (le début du siècle dernier, l'entre deux guerres) et de cette région, le Moyen-Orient, dont on parle beaucoup mais qu'on connait mal.
C'est un de ces romans qui mêlent agréablement petite et grande H/histoire, qui nous font découvrir d'étonnants acteurs de l'Histoire et qui nous éclairent des pans entiers de la géopolitique.
Les chapitres de cette véritable biographie alternent entre la vie privée d'une Gertrude aux amours contrariées et l'activisme politique de Miss Bell au service de l'Empire : elle n'aura pas d'enfant mais c'est elle qui va mettre au monde un pays, l'Irak, et qui mettra le roi Fayçal sur le trône. Passionnant et captivant.

Pascal Janovjak nous conte Le voyage du Salem, le récit d'une escroquerie maritime incroyable mais vraie : un pétrolier géant disparaît avec sa cargaison au large de l'Afrique ! 200.000 tonnes de pétrole et 50 millions de dollars noyés en mer !
Difficile de ne pas s'enthousiasmer pour cette histoire surprenante, celle d'un pétrolier géant (vraiment géant : 5 fois la taille du tristement célèbre Erika !), le Salem, sorti des chantiers navals de Malmö en Suède dix ans plus tôt. 
En janvier 1980, parti du Koweit pour l'Europe sous pavillon du Liberia, le pétrolier fait naufrage au large des côtes du Sénégal. On redoute évidemment une terrible et gigantesque marée noire. Mais non, rien. Nada. Le pétrolier était vide ! 
Une histoire de très gros sous qui dévoile les moyens utilisés pour contourner l'embargo des livraisons de pétrole à l'Afrique du Sud.

Un fait divers raconté dans un beau roman porté par une plume ample et généreuse. Une histoire triste mais une belle histoire. Pour Avec toi je ne crains rien, le reporter et journaliste français Alexandre Duyck s'est inspiré d'un fait divers suisse, dans le canton du Valais : la disparition en montagne du couple Dumoulin en 1942, dont les corps ne seront retrouvés qu'en 2017. On aime le portrait très fouillé que l'auteur dresse de cette famille de montagnards sur près de trois générations. Un tableau avec les femmes debout au premier plan. De la belle langue, à l'ancienne, aux mots choisis et aux tournures classiques. Une véritable logorrhée qui coule comme un torrent de montagne, et qui pourra peut-être dérouter quelques lecteurs. Mais le bouquin est court et se dévore très vite, au rythme d'une marche puissante montagne.

Au rayon polars et thrillers :

Franck Thilliez fait partie de nos auteurs incontournables dans le monde français du polar et un nouvel épisode (sorti en 2023), ça ne se refuse pas !
Dans La faille, on appréciera l'équilibre savant maintenu entre des histoires qui d'un côté, flirtent habilement avec le fantastique et de l'autre, sont ancrés dans une violence hélas bien réaliste. L'exercice difficile qui consiste à s'approcher de trop près des failles dans notre monde cartésien. Cet épisode est particulièrement bien monté et l'on se passionne pour la découverte du monde des EMI (les expériences de mort imminente, le fameux tunnel de lumière !), les ondes cérébrales énigmatiques (l'onde de la mort !) et les neurosciences.

♥ Allez, encore un Franck Thilliez (de 2024 celui-ci) qui nous emmène avec Norferville faire de la motoneige sur les terres des indiens Innus dans le grand nord du Québec mais sans Sharko cette fois-ci.
La ville minière de Norferville où cohabitent difficilement colons blancs et natifs indiens, est le lieu idéal pour un huis-clos à ciel grand ouvert, quand tout est bloqué par la tempête de neige. Un lieu où la violence de la nature et du froid fait écho à celle des hommes. Des hommes qui n'aiment pas les femmes. C'est rude, c'est du Franck Thilliez !

 L'italien Davide Longo aura certainement été la révélation polar de cette année. Avec deux épisodes parus en français : L'affaire Bramard et Les jeunes fauves, cet auteur confirme qu'il possède une sacré plume et un art consommé de mettre en scène ses personnages.
Son trio d'enquêteurs forme une véritable dream-team littéraire :
Corso Bramard, le flic au flair légendaire, désormais retraité dans ses montagnes piémontaises.
Le commissaire Arcadipane qui traverse une douloureuse crise de la cinquantaine.
Et enfin, Isa, la jeune geek de service qui ne veut pas qu'on la prenne pour une nouvelle Lisbeth.
Une série à découvrir sans hésiter.

 Alexandre Courban nous livre ici avec Passage de l'avenir 1934, une chronique sociale, policière et bien documentée du Paris ouvrier des années 30.
Coup de cœur pour cette histoire policière sans prétention ni esbroufe toute au service de la découverte d'une période mal connue (l'entre-deux guerres et la IV° république) : une immersion très réussie dans le Paris social et ouvrier des années 30. D'une prose fluide et documentée, l'auteur endosse le costume d'historien naturaliste pour nous rappeler les principaux événements, le contexte politique, et sans forcer le trait, les conditions pour le moins difficiles des ouvriers de l'époque : c'était avant l'avènement du Front Populaire et ses conquêtes sociales.

Depuis quelques livres, Ian Manook a délaissé l'Asie centrale pour partir chasser sur d'autres terres sauvages, en Islande, avec une série de polars qui mettent en scène un flic ingérable et controversé dénommé Kornelius Jakobsson. 
Pour son Krummavisur, Manook est allé chercher tous les clichés connus sur l'Islande (et même le Groenland voisin) pour nous les resservir dans une histoire pleine de bruit et de fureur, de glaces et de tempêtes.
Savoureux : un polar islandais revisité par un frenchy bien de chez nous.

Un nouvel auteur de thrillers à découvrir, venu du Canada.
Avec une écriture très pro, Linwood Barclay est un auteur qui a plus d'un tour dans son sac. Et justement on adore les tours de prestidigitation où l'artiste attire notre regard d'un côté pendant que, de l'autre, il prépare son chapeau pour en sortir soudain toute une ribambelle de lapins et de colombes. 
Disparue à cette adresse est un page-turner qu'on ne lâchera pas avant le clou du spectacle, et oui il y a même un petit twist final !

Dans ce Retour de flamme, on retrouve avec McIlvanney tous les thèmes chers à son compatriote Ian Rankin au point de se demander si ce ne serait pas leur région, cette fameuse Strathclyde entre Edimbourg (le fief de Rankin) et Glasgow (celui de McIlvanney), qui les inspire tous deux : compromissions policières, mafieuses, politiciennes ou affairistes, guerre des gangs, ...
Une intrigue à tiroirs, riche et complexe, construite peu à peu par McIlvanney qui possède parfaitement l'art de dessiner des personnages aux histoires sombres et denses, les bons comme les méchants. Tout cela pourra bientôt donner un long et superbe dénouement quand une justice presque divine sera rendue dans ce pays tiraillé entre deux églises.

♥ Gwenaël Bulteau a décidé de nous faire mieux connaître les années 1900 de la III° République.
Avec La république des faibles, il nous emmène à Lyon en pleine Affaire Dreyfus pour un polar social au cœur de la France d'en-bas, enfin celle de l'époque.
Avec Malheur aux vaincus, direction Alger "au temps béni des colonies".
Les lieux sont différents mais la recette est la même : quelques "tranches de vie" de la ville et de l'époque avec plusieurs personnages dont les routes vont se croiser, une enquête policière autour de meurtres, et bien sûr de nombreux détails sur l'arrière-plan social et politique.

Crépuscule à Casablanca de Melvina Mestre. Un polar old-style avec une détective façon Nestor Burma et un panorama très instructif de la géopolitique du Maroc dans les années 50. Même si l'écriture est résolument actuelle, Melvina Mestre a soigné l'ambiance de son roman policier old-fashioned. On apprécie le dosage équilibré de son roman avec une bonne louche de contexte géopolitique quand, en Afrique du Nord, le temps est venu de faire le ménage après Vichy tandis que les américains piaffent en attendant de prendre la place des anciens colons : Casablanca rivalise avec Tanger pour le titre de "nid d'espions". Premier épisode d'une série prometteuse.

Le maître du "polar sudaf" se renouvelle avec un scénario de braquage ! 
Leo est le thriller le plus "cinéma" de la série avec un minutage ultra-précis et parfaitement maîtrisé par un scénariste dopé à l'adrénaline ! 
Deon Meyer est une valeur sûre du polar sudaf et même du rayon polar en général. Leo est un épisode de la série "Griessel et Cupido", les deux flics des Hawks. 
Ouvrir un polar comme Leo c'est comme s'asseoir devant un bon film d'action. On est assuré d'un exotisme dépaysant, d'un scénario original, de retrouver des acteurs qu'on aime bien, et c'est l'un de nos réalisateurs préférés qui est à la mise en scène. 

Tout le monde connait le petit suisse Joël Dicker depuis son coup de maître avec L'affaire Harry Quebert.
Un animal sauvage confirme que cet auteur surfe sur une réputation bien au-dessus de ses qualités littéraires réelles. Pour autant il ne faudrait pas bouder totalement cet épisode qui tient plus du tour de prestidigitation que du roman policier, quand le lecteur se laisse manipuler, ne réfléchit pas trop, ne cherche surtout pas la clé de l'énigme, mais profite du show avec la jubilation du spectateur ébahi par les jolis trucages du magicien.
Le type de polar qui ne révolutionne pas le genre mais qui constitue un aimable divertissement.

Les éditions Fleuve noir ont eu l'excellente idée de lancer une série livresque dérivée de la désormais mythique série tv Le Bureau des Légendes. Un spin off, comme on dit pour faire genre : de quoi ravir les nombreux fans de la série tv. 
Et pour ce premier épisode intitulé Les mouettes, la réalisation a été confiée au journaliste-écrivain Thomas Cantaloube qui prend tout le temps nécessaire pour nous rappeler la géopolitique agitée du Sahel de même que les coulisses de l'organisation du fameux Service Action à l'histoire mouvementée. C'est même tout l'intérêt de ce bouquin que de nous rappeler les tenants et aboutissants de ce qui se joue pour nos soldats dans les pays de la zone sahélienne, outre bien sûr le plaisir de retrouver sur le papier une partie du "casting" de la fameuse série tv.

Au rayon polars conjugués au féminin :

Parce que le polar s'écrit aussi au féminin (une belle sélection cette année) :

 On aime la prose soignée de l'islandaise Eva Björg Aegisdóttir, constante au fil de ses ouvrages, avec des intrigues solides et sans violence. 
Et puis on est admiratif de la construction de ce bouquin : durant plus de la moitié du bouquin, le lecteur est dans l'attente. Certes on découvre peu à peu les différents membres du Clan Snaeberg, mais bon sang, que s'est-il passé ce week-end ? Qui donc gît au pied de la falaise ? Où veut nous emmener l'auteure ? À quoi rime tout cela ? Et puis tout d'un coup, on sent les fils se resserrer et le drame se nouer : il devient impossible de lâcher le livre avant l'explication finale. Les nombreux indices semés adroitement ici ou là (on n'a rien vu venir !) prennent leur place dans le puzzle complexe dessiné par l'auteure.

Cécile Cabanac appartient à la meute des Louves du polar, le collectif qui entend promouvoir les plumes féminines du polar français. Une excellente initiative !
Avec Des poignards dans les sourires on apprécie le rythme lent d'une enquête provinciale, presque simenonienne, qui laisse à l'auteure tout le temps d'installer des personnages complexes, tiraillés par leurs contradictions, fragilisés par leurs failles, tourmentés par leurs secrets. On ne peut certes pas parler de page-turner au rythme trépident, mais c'est pourtant un bouquin très prenant qu'on a du mal à lâcher, avide de découvrir ce qui se cache derrière chacun des personnages.

 Voilà un policier au dosage fort bien équilibré qui devrait plaire au plus grand nombre : des personnages savoureux et attachants du petit monde sicilien, un récit soigné et dynamique, teinté d'humour et d'autodérision, une intrigue solide qui fouille de manière passionnante dans le passé de l'île, quelques révélations au moment du dénouement, ... 
L'italienne Cristina Cassar Scalia est l'auteure d'une série policière avec la commissaire Giovanna Guarrasi dite Vanina pour les intimes, de la brigade criminelle de Catane en Sicile. 
Sable noir est le premier épisode de ce qui s'annonce comme une très bonne série.

Le dernier festin des vaincus de la lyonnaise Estelle Tharreau nous emmène au fin fond du Québec sur les terres des indiens Innus.
Un roman noir qui nous plonge au cœur des ravages causés par les mauvais traitements (quel euphémisme !) infligés aux enfants indiens dans les orphelinats catholiques.
Les indiens adultes et parents d'aujourd'hui, ce sont les enfants brimés, battus et violés dans les pensionnats catholiques : toute une génération perdue incapable de retrouver une vie familiale et sociale "normale", incapable d'apporter amour et éducation à la génération suivante.

Métisse afro-américaine, Clea Koff a suivi des études d'anthropologie qui l'ont conduite très jeune ... à travailler pour les enquêtes du TPI. 
Surfacing est un polar des plus classiques de la part d'une auteure dont le parcours ne l'est pas du tout : elle a collaboré avec le TPI sur les charniers exhumés au Kosovo et au Rwanda ! 
Une expérience marquante qui nourrit l'intrigue de ses romans. Une écriture sobre, des personnages rapidement dessinés, une ambiance "série tv" qui nous est familière et qui ne va pas bouleverser le genre. Mais c'est le parcours de l'auteure qui fait tout l'intérêt de ce bouquin bien éloigné des Balkans ou de l'Afrique, où l'auteure parvient à rendre compte avec brio de son travail d'anthropologue, une sorte de médiation entre les familles des victimes et les services de police et de médecine légale. C'est ce dévouement, empreint de compassion et d'humanité envers les proches en deuil, qui est remarquable et qui rend ce bouquin si intéressant.

Au rayon romans noirs :

Même si l'on sait bien que la frontière entre polars et romans noirs est souvent très incertaine ...

 Suivons Vera Buck jusqu'au fin fond d'une vallée de montagne, jusqu'au village perdu de Jakobsleiter, où vivent ensauvagés Les enfants loups et les membres taiseux d'une communauté baptiste refermée sur elle-même sous la férule d'un prêtre un peu trop passionné.
C'est dans cette région qu'une ado de Jakobsleiter disparaît un beau jour.
Une disparition qui résonne comme un écho à la disparition de la jeune Juli, c'était il y a dix ans.
Une puissante histoire, prenante, particulièrement bien racontée : un coup de cœur de la rentrée 2024.

 Dennis Lehane sort un peu du cadre des thrillers habituels pour un roman très social sur son Boston natal : Le silence, basé sur un fond historique bien réel, le "busing" mis en place dans les années 70 pour favoriser la déségrégation dans les écoles étasuniennes. Il ne faut que quelques pages pour nous accrocher au personnage de Mary Pat et partager le racisme décomplexé de ces petits blancs et leur peur du fameux déclassement. Dennis Lehane nous emmène visiter le cœur même de la machinerie complexe qui fabrique haine et racisme au quotidien, génération après génération.

 Voici un roman noir où coulera Le sang des innocents dans une petite ville de Virginie, état du sud. Une bourgade où vivent sans aucune harmonie les communautés blanche et noire, où cohabitent pas moins de vingt et une églises (les méthodistes, les pentecôtistes, les catholiques, les luthériens, les corinthiens, etc ...) et où l'on compte plus d'armes à feu que d'habitants. Une bourgade à majorité noire, dirigée par les blancs et où le shérif est ... noir. Il suffit d'une étincelle pour que tout s'embrase, une étincelle que Shawn Cosby s'empresse d'allumer avant la fin du premier chapitre : "Il y a une fusillade en cours au lycée et le standard est en train d’exploser sous les appels".

Dans la même veine, un autre roman sur le racisme : celui de David Joy qui nous montre Les deux visages du monde. Cet auteur poursuit sa dénonciation des failles de la société étasunienne avec cette histoire très contemporaine sur le racisme ordinaire, celui qui ne se dit pas, celui qu'on ne veut pas voir.
Au cœur de l'intrigue, le fameux drapeau confédéré qui se dresse encore dans plusieurs lieux ou monuments publics des anciens états du Sud. 
On aime ces histoires fortes aux personnages bien dessinés. Ces textes qui éclairent les fractures de nos sociétés et portent haut la parole d'une juste cause.

 Un nouveau R.J. Ellory, ça ne se refuse pas ! D'autant que celui-ci va nous emmener bien loin Au nord de la frontière. Un roman qui prend tout son temps pour installer son décor, son intrigue et ses personnages.
Mais aux deux tiers du bouquin, l'intrigue va se nouer, noire et serrée : la balade touristique dans les Appalaches se transforme alors en une redoutable nuit blanche pour terminer ce page-turner.
Comme souvent avec cet auteur, voici une histoire d'une grande tristesse et d'une profonde noirceur avec quelques figures féminines pour tenter d'éclairer un peu le ciel sombre de Géorgie.

Avec son jeu de cartes Le pouilleux massacreur, l'auteur de polars Ian Manook crée la surprise avec ce roman noir très autobiographique. 
Un récit inspiré de sa jeunesse dans les années 60 : reconstitution savoureuse, prose agréable, décor sociopolitique soigné.
Une histoire de HLM blême sur un air de Renaud et une petite musique nostalgique et autobiographique.
♥ Une très bonne surprise et un coup de cœur de la rentrée littéraire 2024.

C'est sans doute l'épisode le plus abouti de la série "La police des rennes" mais il peut se lire seul et il vous plaira si vous voulez voyager, découvrir des cultures différentes, faire plus ample connaissance avec le dernier peuple autochtone d'Europe, suivre les nomades et leurs troupeaux de rennes, comprendre les enjeux géostratégiques autour des gisements de terres rares de la mine de Kiruna (celle de la série tv Jour Polaire, Midnight Sun en VO), et tout ça sans quitter votre fauteuil en feuilletant un bon bouquin doté d'une intrigue solide : Le premier renne de Olivier Truc. Instructif et dépaysant !

Mater dolorosa, un roman noir fataliste au cœur d'une Croatie meurtrie : restons fidèle aux histoires tristes du croate Jurica Pavičić qui poursuit sa description désabusée d'un pays toujours tourmenté par les souvenirs de l'époque socialiste et les traumatismes d'une guerre encore récente.
On apprécie toujours autant ce conteur désabusé d'histoires tristes, rythmées par les vents des Balkans, le jugo et la bora. Ses bouquins valent vraiment le détour et ses textes elliptiques, tout en non-dits lourds de sens et d'histoire, marquent fortement le lecteur.

Marie Vingtras fait partie de ces rares auteurs européens qui écrivent comme les américains. Les âmes féroces est un excellent roman noir où le shérif est ... une femme, lesbienne de surcroît ! 
Marie Vingtras fait partie de ces auteurs européens dont on s'étonne qu'ils réussissent à se couler à la perfection dans ce moule étasunien, comme le britannique R. J. Ellory ou le suisse Joël Dicker et sa fameuse Affaire Quebert à laquelle ce bouquin pourra peut-être faire penser puisqu'il sera question ici aussi, de trop jeunes filles et de mystification littéraire.
L'auteure se paie même le chic de ne pas nous laisser suivre en détails l'enquête de cette fameuse shérif et de dérouler son film sur quatre saisons, depuis ce mois d'avril printanier jusqu'à l'hiver suivant, où quatre personnages prennent la parole tour à tour pour nous raconter quatre histoires bien différentes. Alors qui aura le dernier mot, le fin mot de l'histoire ?

Blizzard, c'est le premier roman de Marie Vingtras avant Les âmes féroces : un roman noir dans l'hiver blanc d'Alaska. Une histoire qui tourne au drame dès la première bourrasque de neige.
Dans ce roman comme dans le suivant, Marie Vingtras soigne tout particulièrement son casting. Et c'est encore un roman choral fait de chapitres qui donnent la parole tantôt à l'un, tantôt à l'autre. Un récit en spirale qui, à chaque tour de roue, nous approche un peu plus de la vérité de l'un ou du passé d'un autre : peu à peu, les mystères se dévoilent et les non-dits s'éclairent, rien ne va plus. Une histoire qui sent le drame, où tout est réuni dès le début pour que ça finisse très mal, un décor oppressant et des personnages aux secrets enfouis qui attendent d'être révélés.

Au rayon anticipation :

Pandémie, global warming, guerres, data warning, ... notre monde actuel a remis au goût du jour les romans d'anticipation et les dystopies qui aujourd'hui délaissent les mondes lointains de notre jeunesse S-F pour nous tendre un miroir à peine déformant de notre société actuelle. 

 Les éditions Points ont eu la bonne idée de ré-éditer le célèbre roman de Cormac McCarthyLa route, en version collector illustrée de quelques planches tirées de la BD de Manu Larcenet.
L'occasion de lire ou relire ce texte mythique (un Pulitzer).
Un récit d'une noirceur sans fond faite de désespoir et de solitude, un roman qui a quelque chose de définitif, qui condamne tous les récits passés et à venir de survivalisme et qui surtout condamne définitivement notre soi-disant humanité.
Je crois bien que c'est le premier bouquin où je suis tenté, je veux dire vraiment tenté, d'aller jeter un œil sur les dernières pages pour voir si une lueur d'espoir pouvait s'y cacher ....

Étrange roman d'anticipation que cette dystopie de Sophie LoubièreObsolète, qui nous projette en 2224 après l'effondrement de notre civilisation fossile. Il ne reste que quelques habitants sur la planète, il faut repeupler, et les femmes ménopausées atteintes par la limite d'âge sont "retirées" du circuit pour que leur conjoint puisse fonder une nouvelle famille.
Tout cela en toute élégance dans un monde que l'on dirait idyllique. En apparence du moins ...
Une version féminine et inquiétante d'Orwell.

Revoici Estelle Tharreau avec Contre l'espèce, une autre dystopie qui rappelle beaucoup celle de Sophie Loubière, par son regard amer sur notre actualité d'aujourd'hui et ses questionnements acérés sur l'écologie. Deux auteures qui pourraient revendiquer l'héritage de George Orwell, qu'elles citent d'ailleurs toutes les deux. 
Certains trouveront bien sûr que l'auteure crie un peu trop vite au complot, et c'est sans doute nécessaire pour le côté romanesque de son bouquin, mais reconnaissons lui tout le mérite de poser de bonnes questions, assez dérangeantes, dans ce qui devient vite un véritable conte philosophique.
Et pour les sceptiques anti-complotistes, sachez qu'en 2024 nous avons déjà atteint le stade 4 de l'échelle de l'emprise numérique selon Estelle Tharreau ... donc, on arrête de ricaner au fond de la salle. 

Au rayon littérature générale :

Sans doute le plus jeune auteur de ce blog ! 
L'italien Matteo Porru est un étudiant de seulement 23 ans, mais déjà repéré par les médias italiens comme un jeune prodige. 
La douleur fait naître l’hiver est son quatrième roman (!) mais le premier traduit en français. 
Un personnage fascinant : tout là-haut au fin fond de la Russie, dans la région d'Arkangelsk, Elia Legasov est le dernier "déneigeur" qui parcourt obstinément les routes d'un petit village au volant de son chasse-neige.
Un petit conte philosophique qui nous rappelle que la mémoire de notre cerveau est parfois trompeuse : les souvenirs trop pénibles sont souvent oubliés et les plus douloureux peuvent même être tout simplement "réécrits". 

Les enfants maigres de Tang Loaëc : un roman très court (fort heureusement) sur un sujet terrible : en Chine, les enfants volés pour travailler clandestinement dans des usines illégales. Un aspect effrayant de notre esclavage moderne. Plus de 50.000 enfants sont enlevés à leur famille chaque année et obligés de travailler comme des esclaves clandestins dans des usines illégales. c'est un ouvrage court (moins de cent pages) qui se lit rapidement avec une fluidité remarquable et un style agréable, on n'est pas chez Dickens. 
En évitant le reportage, le pamphlet et même le procès uniquement à charge, l'auteur dresse sans voyeurisme excessif, un tableau précis des conditions de travail des enfants, qu'ils soient employés dans un commerce familial, une mine de charbon ou l'une de ces terribles usines.
Avec un très beau dénouement dont l'élégance mérite à elle seule la lecture de ce tout petit roman, presqu'une nouvelle.

Il ne se passe pas grand chose dans Jour de ressac, le dernier bouquin de Maylis de Kerangal. Mais alors comment fait-elle pour nous accrocher ainsi pendant plus de 200 pages ? 
Le temps d'une petite journée, une femme déambule dans la ville du Havre (et c'est pas la plus glamour de l'hexagone, hein ?!), errant au fil de sa mémoire. Une image est évoquée ici. Un souvenir surgit plus loin. Une scène en évoque une autre. Oui et alors ? ... 
Alors la très belle prose de l'auteure opère sa magie et nous captive, nous enserre dans ses filets subtils.
Un roman qui nous touche, qui nous oppresse un peu parce qu'il nous questionne sur la mémoire que nous garderons des gens que l'on a connu, des visages de nos proches.

Le suisse alémanique Martin Suter a la plume facile et Melody est un roman que l'éditeur présente judicieusement comme un bouquin "qui questionne chacun sur son propre rapport à la réalité et à la fiction. La vérité n’est jamais telle qu’on la raconte".
Le lecteur se retrouve vite piégé entre l'histoire racontée par un vieil homme, une belle histoire d'amour à laquelle on a forcément envie de croire, et celle racontée par Martin Suter, l'histoire d'une histoire qui en cache peut-être une autre encore. 
Un roman à énigme, tous publics, écrit avec élégance, sans autre prétention que celle de passer un bon moment à siroter du sherry ou du cognac au coin du feu.

Le retour d'une grande dame de la littérature Argentine, Eugenia Almeida qui nous avait donné en 2007 L'Autobus.
Au fil de ses ouvrages cette auteure semble s'être donné comme but d'illustrer la théorie du chaos, celle du fameux effet papillon. Quand un petit événement ordinaire et insignifiant va venir bouleverser l'ordre des choses.
Avec La casse, on est pas vraiment dans un polar, un roman noir peut-être, à coup sûr le portrait au vitriol d'une Argentine gangrenée par la corruption.

L'auteure belge de Manger Bambi, Caroline de Mulder, revient avec une autre histoire de violence faite aux femmes : la violence institutionnelle du Lebensborn des nazis, ces maternités et orphelinats destinées à peupler le Reich de bons aryens. La pouponnière d'Himmler est un récit construit sur trois ou quatre points de vue complémentaires, trois ou quatre destins qui se seraient croisés en 1944 au foyer Heim Hochland de Bavière : une jeune française, une infirmière allemande, une mère inconsolable et un prisonnier des camps.
Une histoire empreinte d'une profonde tristesse, celle de ces maternités préemptées par le pouvoir nazi.

Cette année le jury du prix Inter (présidé par Isabelle Huppert) a couronné un roman curieux, étonnant et très dérangeant : Aliène, second roman de Phoebe Hadjimarkos Clarke.
Un poème dédié à notre part sauvage qui retentit comme un écho littéraire au film Le Règne Animal de Thomas Cailley.
La prose envahissante de l'auteure emporte tout sur son passage, empêchant le roman de se couler dans le moule habituel du roman rural. Un zeste de fantastique, un soupçon d'horreur, une pincée d'énigme, le tout est inclassable.

Avec L'invisible Madame Orwell, on est ravi d'approcher une nouvelle fois George Orwell, cet écrivain mythique, surtout quand on nous propose d'entrer chez lui au bras de son épouse, un angle d'approche plutôt original. 
Mais, surprise, c'est bien une véritable attaque en règle, sans concession, efficace, qui va chercher (et parvenir !) à démontrer l'effroyable effacement de la personnalité de Eileen O'Shaughnessy dans l'ombre ou le sillage de son auteur de mari. 
Elle démonte pièce par pièce toute la mécanique qui vise à oblitérer le rôle de l'épouse de l'écrivain, à occulter les côtés sombres de la personnalité de Eric Blair, alias George Orwell, un impardonnable égoïste dans son rôle de mari. ♥ Un coup de cœur de la rentrée littéraire 2024.

Pour les amateurs de japonaiseries, La barque de Masao est un court voyage, presque une nouvelle, comme une fable. Avec une délicatesse toute japonaise, même si Antoine Choplin est bien français, nous voici conviés aux retrouvailles difficiles et maladroites, mais pleines de tendresse, d'un père et de sa fille désormais adulte, longtemps séparés. 
Le livre n'est guère épais mais les navigations de Masao sur la mer de Seto au large des îles nippones, laissent une impression durable chez le lecteur.

Lorsque le lecteur embarque à bord d'Ecume de Patrick Dewdney, un roman de mer puissant, c'est d'abord le choc de la houle marine. Et puis très vite celui de la prose elle-même qui déferle écumante, le vocabulaire bouillonnant qui submerge le lecteur, phrase après phrase, vague après vague. 
Un texte étonnant, particulièrement riche, qui enchantera les passionnés de la langue écrite mais qui pourra aussi ne pas plaire à tout le monde. 
Quand le drame inéluctable à tout roman noir va se nouer, le lecteur est désormais fermement accroché à l'hameçon et ne pourra plus refermer le bouquin jusqu'au final, remarquable.

Au rayon BD :

 Pour faire écho à la ré-édition du bouquin de Cormac McCarthy, voici la BD de Manu Larcenet qui porte le même titre en toute simplicité : La route.
On voit tout de suite ce qui a pu séduire Larcenet dans ce texte rapidement devenu mythique.
Le sombre récit de McCarthy laissait les rares et pauvres dialogues se dissoudre dans une prose puissante. Les planches en noir et blanc de la BD sont à la hauteur de la puissance du récit et les bulles y retranscrivent les rares dialogues presque mot pour mot.
Un complément essentiel au livre où l'enfant prend toute sa place.

Encore une adaptation de roman : celui de Xavier Müller.
Le bouquin a été écrit en 2008 bien avant la pandémie de Covid mais l'album Erectus est plus récent. Ce qui explique sans doute que l'histoire se focalise un moment sur un mystérieux labo P4 d'où se serait échappé le fameux virus Kruger ... tiens, tiens.
Mais depuis le Covid, on n'a plus trop envie de railler ces élucubrations.
Beaucoup de soin apporté au scénario et à sa vraisemblance mais un dessin malheureusement trop classique et un peu fade.

 Si le sujet peut paraître rébarbatif, c'est pourtant bien un de nos coups de cœur BD de l'année que cette adaptation en images des thèses économiques de Thomas Piketty.
Un peu dans le même esprit que Le monde sans fin de Jancovici (mais en plus percutant encore) c'est un remarquable et lumineux travail de vulgarisation pour élever le lecteur vers de nouvelles perspectives.
Toute notre histoire occidentale est ici revisitée à travers le prisme de celle du capitalisme. Passionnant et captivant.

 Avant de disparaître, Patrick Manchette avait entamé un tournant dans son écriture de polars, vers un peu plus de "géopolitique". Un roman inachevé, La princesse de sang, que son fils Doug Headline a transposé en BD avec le dessinateur Max Cabanes. 
On plonge avec délectation dans la jungle cubaine aux côtés de la jolie photographe Ivy pour ce roman d'aventures au scénario foisonnant où l'on ira de surprise en surprise. Et si Doug Headline était tout indiqué pour reprendre l'héritage paternel, les cadrages très rythmés de Cabanes accompagnent parfaitement le récit de leur trait "soigneusement négligé".

Aucun commentaire: