mardi 20 novembre 2012

Emily ( Stewart O'Nan)

Fin de parcours.

Il s'agit encore d'une douce musique : celle des mots de Stewart O'Nan car le bouquin est fort bien écrit (de cette écriture simple et droite qu'on affectionne chez les états-uniens). La douce musique aussi des dernières années de la vieille dame Emily.
Emily, c'est un peu le contrepoint du Grondement de la montagne du japonais Yasunari Kawabata dont on parlait il y a quelques jours.
Autant les dernières années du japonais étaient amères et désabusées, autant les dernières années d'Emily sont, certes empreintes de nostalgie, mais pleines de vitalité : la vieille dame va même jusqu'à s'acheter une nouvelle voiture (plus maniable que le paquebot que lui a laissé son défunt mari) afin de retrouver son autonomie lorsque son amie Arlène est hospitalisée qui conduisait jusqu'ici pour elles deux. Il vaut mieux d'ailleurs qu'Emily reprenne le volant, vu la conduite acrobatique d'Arlène dans les rues de la banlieue de Pittsburgh.
Les dialogues entre les deux vieilles dames sont savoureux : acides et piquants. C'est la meilleure partie du livre.
[...] Arlene baissa sa vitre de quelques centimètres. « Ça t’ennuie beaucoup si je fume ?
– Je croyais que le médecin t’avait dit d’arrêter.
– C’est ce que je fais. Il m’a mis un patch. » Relevant sa manche de veste, elle montra à Emily un carré couleur chair, puis alluma une cigarette. « Si ça doit arriver, ça n’arrivera pas en un jour. Il le sait.
– Mais tu vas essayer ?
– Je vais essayer.
– C’est courageux de ta part.
– J’imagine que ça va être désagréable pour tout le monde.
– Mais ça en vaudra la peine.
– Tu dis ça maintenant, mais attends de voir.
– Si je peux t’aider.
– Merci. J’aimerais te demander une chose, si c’est possible.
– Tout ce que tu veux.
– S’il te plaît, ne sois pas trop déçue si je n’y arrive pas.
– Promis », dit Emily, pensant néanmoins que ce n’était pas la meilleure façon de commencer. 
Les chapitres avec les enfants sont moins passionnants : Emily n'est pas très heureuse de la tournure prise par sa fille ou son fils, qui ne la visitent guère souvent.
Une belle tranche de vie (même si c'est l'une des dernières tranches du gâteau d'Emily) qui s'écoule, là aussi, au rythme des saisons.
Décidément les parallèles avec le japonais Kawabata sont nombreux, heureux hasard des lectures croisées. 

Pour celles et ceux qui aiment les vieilles dames. 
Un extrait est disponible ici 
Ces 334 pages datent de 2011 en VO et sont traduites de l'américain par Paule Guivarch 
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