mardi 8 juillet 2014

Baignade surveillée (Guillaume Guéraud)

Camping.

Voilà longtemps qu’on n’était pas tombé sur un roman typiquement français au style si spécifiquement hexagonal.
C’est grâce à Brize que l’on découvre donc (tardivement, le bonhomme écrit depuis plus de quinze ans) Guillaume Guéraud et son dernier roman : Baignade surveillée.
Officiellement classé dans les polars, il est à conseiller à ceux qui associeraient encore ce genre avec serial killer, enquête de police, american way of life et écriture industrielle.
Comme chaque année, Estelle et Arnaud partent faire du camping du côté d’Arcachon. Leur couple part en quenouille.
Mais alors bien.

[…] - Où tu vas ?
– Me baigner.
– Avec ton téléphone ? je lui ai fait remarquer.
– Lâche-moi la grappe !
Elle s’est tirée – la plage entière aurait pu entendre la porte claquer. Mon frère a pris les tenailles qui lui servaient de pincettes pour me demander :
– Est-ce que vous baisez ?
– Je vois pas en quoi ça te regarde.
– Vous baisez pas ! il en a conclu.

Pour ne pas arranger les choses, Max le frère d’Arnaud débarque sur la plage, à peine sorti de prison. Un révolté typique de nos romans franchouillards, tendance anar (le frangin Arnaud, lui, représente la tendance cgt canal historique).
Max est un gars marginal et fracassé.
Mais alors bien.
Un frangin trop sympa pour être honnête qui n’a jamais su rester dans les clous.

[…] Je revois même mon frère faire ses premiers pas sur la plage. Il a appris à marcher dans le sable et, des années plus tard, notre mère riait en disant que c’était pour ça qu’il filait de travers.

Une écriture sèche et sans esbroufe, sans tics stylistiques ni effets racoleurs. De la prose un peu brute (mais soigneusement écrite) comme la vie d’Arnaud et Max.  La pression sociale qui rôde aux alentours (d’où le titre finement vu).
Une construction qui crée un peu de suspense (d’où l’étiquette polar) et qui nous laisse découvrir pourquoi cet été-là Max est venu retrouver Arnaud sur la plage.
Des personnages à la limite de la caricature mais une petite histoire très attachante.
Deux losers mais des personnages très humains, une rencontre toute en délicatesse et une fin très triste et très poétique.
Un roman très court, presqu’une nouvelle par le style et l’épaisseur.
Guillaume Guéraud volait jusqu’ici en dessous des radars avec toute une série de romans plus ou moins classés dans le rayon des romans pour djeun’s, ceux qui ont la haine. Celui-ci serait son premier roman pour adultes. De quoi nous donner envie d’aller voir plus loin ce qui se cache derrière les étiquettes.


Pour celles et ceux qui aiment le camping et les jeux dans le sable.
D’autres avis sur Babelio. Celui de Brize à qui l’on doit cette découverte.


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