vendredi 18 juillet 2008

Out (Natsuo Kirino)

Quand on a des sushis d’argent.

Voilà bien un roman pas banal : Out de la japonaise Natsuo Kirino.
Un polar peut-être. Un polar social assurément.
Impossible à classer, à résumer.
L'histoire de quatre femmes ordinaires.
Quatre femmes très ordinaires qui survivent entre leur travail de nuit dans une fabrique de paniers-repas (les bentos nippons), leurs maris violents ou partis avec la caisse, leur belle-mère grabataire, leurs ados difficiles et leurs soucis d'argent.
L'argent est d'ailleurs au cœur de ce roman social : dépenses, surendettement, appât du gain, prêteurs usuriers, ...
Un roman foisonnant avec toute une galerie de personnages très fouillés (plusieurs points de vue sont alternativement donnés sur cette histoire) qui gravitent autour de ces quatre femmes. Quatre beaux portraits féminins, même si la peinture n'est pas très reluisante.
Quatre collègues qui vont, par la force des choses, s'entraider lorsque l'une d'elles va tuer presqu'accidentellement son mari lors d'une dispute. Il faut bien l'aider à se débarrasser du corps ...
[...] - Mais qu'est-ce que vous faites ?
Masako se tourna vers elle d'un air excédé.
- On le coupe en morceaux. On a décidé que c'était un travail comme un autre.
- Mais enfin ... c'est pas un travail !
- Si, c'en est un ! décréta Masako pour couper court. Tu as besoin d'argent, tu nous aides.
Ces mots la réveillèrent.
- Vous aider, mais à quoi ?
- On va en faire des petits morceaux qu'on mettra dans des sacs que tu iras jeter.
- Je
n'aurai rien d'autre à faire ?
- Non.
- Et ça me rapportera combien ?
Ce qui, 200 pages plus loin, nous vaudra une petite perle comme seuls les japonais savent les pêcher :
[...] Comme les femmes préparent les repas tous les jours, elles sont plus habituées que les hommes à la chair et au sang. Elles savent mieux manier le couteau et mieux traiter les déchets.
CQFD.
Les quatre apprenties charcutières auront bientôt fort à faire : un suspect idéal (il a déjà commis quelques méfaits par le passé) est accusé de la disparition du mari. Mais il n'entend pas se laisser faire et part à la recherche des vraies meurtrières.
On aura compris que Natsuo Kirino ne fait ni dans la dentelle, ni dans le roman à l'eau de rose.
C'est rude, c'est cru (oui, je sais, les sushis ça se mange cru), c'est sans concession.
L'horreur décrite tranquillement avec les mots de tous les jours.
Une plongée abrupte dans le quotidien du Japon d'aujourd'hui avec juste ce qu'il faut d'intrigue pour nous tenir en éveil pendant ce voyage.
Vraiment un livre à lire pour tous les curieux.
À suivre avec : Monstrueux.

Pour celles et ceux qui aiment les sushis.
Points édite ces 656 pages qui datent de 1997 en VO et qui sont traduites du japonais par Ryôji Nakamura et René de Ceccatty.
Cottet en parle, Nuages et Vent aussi.

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