vendredi 14 mai 2010

Les larmes de Tarzan (Katarina Mazetti)

L’amour dans la jungle moderne.

Après le succès blogoplanétaire du Mec de la tombe d'à côté - qui avait même été adapté en une très agréable pièce de théâtre -, la suédoise Katarina Mazetti remet le couvert.
Avec la même recette du couple impossible : Les larmes de Tarzan.
Cette fois, Tarzan est une mère célibataire, à moitié au chômage et pas du tout épilée.
Janne est le célibataire, plus jeune et pété de thunes, il est entouré de top-modèles et roule en Lamborghini.
Mazetti nous ressert donc un plat aux saveurs connues mais malheureusement cette fois-ci la sauce a du mal à prendre.
Autant la précédente salade sucrée-salée était épicée de multiples subtilités socio-culturelles entre la souris de bibliothèque et le garçon vacher, autant cette fois-ci, la suédoise verse dans le plat de résistance socio-économique. Du solide et du sordide. Si vous ne le saviez pas, apprenez enfin que mieux vaut être riche, célibataire et sans enfant que pauvre, divorcée et affublée de deux moutards.

[...] Quand j'étais petite, on dessinait les pauvres avec des vêtements rapiécés, des morceaux de tissu rajoutés de couleurs différentes, cousus avec de gros points. On utilisait la même technique pour dessiner des trolls. Pendant longtemps, je ne faisais pas trop la différence entre les trolls et les pauvres, je savais seulement que les pauvres étaient tristes et les trolls horribles.
Aujourd'hui je sais que nous, les pauvres, nous avons pas mal de choses en commun avec les trolls. Par exemple, les gens croient que nous n'existons pas.

Oui, bien sûr, Katarina Mazetti a toujours le même humour décapant et salutaire (salutaire pour ses héros comme pour ses lecteurs) mais cela ne suffit plus à nous emballer.
D'autant qu'elle semble hésiter tout au long du livre entre le conte de fées pour adultes (c'était le cas du précédent épisode) et la chronique sociale.
Comme si un arrière-goût amer et dérangeant parfumait le fond du plat.
La dernière partie de la non-histoire d'amour entre Janne et Tarzan confirme le côté désabusé de la chronique qui, paradoxalement, en devient d'autant plus intéressante.
Les seconds rôles prennent plus d'importance (la copine de Tarzan, son ex bargeot, et même la top-modèle de Janne) et Katarina Mazetti nous brosse un portrait sans concession des relations hommes-femmes de nos sociétés modernes (et cette fois aucun exotisme suédois pour nous tenir à distance).
Genre : les femmes viennent de Vénus et les hommes de Mars et chacun ferait mieux de rentrer chez soi.
Comme si, pour survivre dans notre jungle trop impitoyable, il n'existait que deux refuges : l'asile psy ou le couple. Le constat n'est pas tout à fait faux mais reste plutôt amer ...

Tarzan : [...] Ce serait si facile de me laisser couler dans tout ça. Poser le fardeau et me reposer un moment. Dix ans environ, pourquoi pas ?
Plus loin, Janne : [...] Le monde est rempli de gens qui restent ensemble pour d'autres raisons que parce qu'ils sont amoureux. On peut par exemple rester avec moi parce que j'ai une si belle voiture, tu l'as dit toi-même. Et je te promets de la changer tous les deux ans !

La suite du premier épisode est donc toujours une histoire d'humour mais plus vraiment une histoire d'amour.
Un livre qui sera plutôt réservé à ceux qui ont déjà visité la tombe d'à côté et qui veulent retourner en Suède.
Et un livre pour rappeler à ceux qui n'ont pas encore visité la tombe d'à côté qu'ils doivent se dépêcher !


Pour celles et ceux qui aiment les histoires de couples.
Babel édite en poche ces 277 pages qui datent de 2003 en VO et qui sont traduites du suédois par Lena Grumbach et Catherine Marcus.
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