Apartheid.
Encore un polar sud-africain. Original et plutôt bien écrit. La nuit divisée de Wessel Ebersohn.
Original parce que, entre autres choses, le personnage principal, le 'héros' est un psychologue juif qui travaille occasionnellement avec la police.
Un jour on lui refile un patient encombrant : un afrikaner qui tient une boutique minable dans un quartier minable de Jo'burg. Le vieux bonhomme a la fâcheuse habitude de laisser tout exprès la porte de sa boutique ouverte la nuit. De quoi tenter sinon le diable, du moins les pauvres bougres bantu du quartier qui tentent de venir chiper quelque chose pour améliorer leur triste ordinaire. Et le vieux fait un carton à chaque fois.
En état de légitime défense, Votre Honneur.
L'Afrique du Sud à cette époque (on est à la toute fin des années 70, dans les dernières années de l'apartheid) est encore un pays où l'on ne condamne pas un blanc qui défend son bien (et même sa vie, Votre Honneur) contre d'affreux bantous(1). Alors le vieil épicier continue son manège, et c'est tout juste s'il doit se soumettre à quelques visites à notre psychologue de service.
Les choses se compliquent quand on apprend qu'il y a eu un témoin du dernier carton du vieux bonhomme. Et que ce témoin est un 'communiste' (un rouge, donc noir aussi hein) activement recherché par la Sécurité.
Et en Afrique du Sud tout le monde, blancs comme noirs, a peur de cette Sécurité toute puissante qui marche dans les traces de sa sœur aînée, la Gestapo.
[...] Il se demanda un instant s'il préférait tomber dans les mains des habitants de Soweto ou dans celles de le police de la sécurité. La réponse était évidente. Il préférait de loin les habitants de Soweto.
Si vous vous souvenez, on avait déjà parlé de cette Security Branch avec un autre polar, de Malla Nunn.
Yudel Gordon(2) se rend bientôt compte que sa pratique médicale sera insuffisante pour arrêter les pulsions meurtrières de l'épicier.
Et le voilà en train de mener son enquête tout en essayant de naviguer maladroitement entre les différents écueils (l'enfer est pavé de bonnes intentions, même pour les juifs d'Afrique du Sud visiblement) et l'on découvre au passage quelques aspects intéressants (sombres mais intéressants) de ce pays gangrené(3) qui n'était pas encore devenu ... une nation arc-en-ciel.
(1) : le bouquin a été écrit 'à chaud' en 1981 et Wessel Ebersohn dû même s'éloigner de son épouse pour lui éviter trop de tracasseries policières et pouvoir finir son roman
(2) : c'est le nom du juif psychologue, héros récurrent de plusieurs romans de Wessel Ebersohn
(3) : le vieil épicier qui joue facilement du fusil est justement bouffé peu à peu par la gangrène, bientôt il ne pourra plus appuyer sur la gâchette ...
Pour celles et ceux qui aiment les histoires en noir et blanc.
C'est Rivages/Noir qui édite ces 267 pages qui datent de 1981 en VO et qui sont traduites de l'anglais par Hélène Prouteau.
D'autres avis (mais pas beaucoup) chez Babelio.
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