samedi 18 mai 2013

La couleur de la peau (Ramon Diaz Eterovic)

Direction le Chili en classe polar.

Un polar chilien ! Belle occasion de compléter le tour du monde en classe polar …
D’autant que l’affiche nous promet un détective privé (Heredia) amateur de littérature et un chat nommé Simenon. Un chat qui parle en plus.
Le voyage est effectivement très sympa et l’auteur, Ramón Díaz-Eterovic, sait nous plonger dans l’ambiance des quartiers de Santiago.
L’auteur est annoncé comme le Maigret chilien (d’où le chat Simenon) mais on pense plutôt à Montalban, un autre hispanique.
Un polar bien sympathique dans les pas d’un privé cool et pas prise de tête.

[…] – Les liquides sont mes seuls vices, tu le sais bien.
– Et aussi les courses de chevaux.
– Ça, c’est plutôt du sport.
– Et les femmes.
– Des clins d’œil du destin.
– Sans oublier les citations pêchées dans vos bouquins.
– Un moyen de m’expliquer la vie.
– Si je ne vous connaissais pas aussi bien, je dirais que vous êtes un saint.

Et les dialogues imaginaires avec le chat sont assez savoureux et fournissent un second degré plein d’autodérision.

[…] Ce sont les miaulements de Simenon qui m’ont réveillé. Allongé sur mon oreiller, tout près de ma tête, le chat attendait que mon corps fatigué par une nuit blanche revienne à la vie par ses propres moyens. Il a gentiment passé sa patte sur mes cheveux. Le soleil maussade de l’après-midi entrait par la fenêtre et j’ai senti dans mon estomac un furieux besoin de café et de tartines.
– Tu as vu l’heure ? La Péruvienne t’a ramolli le cerveau. Qu’est-ce que tu espères ?
– Rien. Je n’espère rien. J’étais seul et elle est arrivée en rêvant d’être ailleurs. C’était juste un petit moment de tendresse, une autre manière de passer le cap de la nuit.
– Ta naïveté est touchante. Hier, deux hommes sont venus pendant ton absence, je les ai entendus marmonner devant l’entrée. Ils ont glissé des lettres sous la porte. Tu as dû perdre deux clients.
– Les notes que j’ai trouvées ce matin le confirment. Il y avait aussi quelques grossièretés mais je ne les répèterai pas pour ne pas blesser tes oreilles, fouille merde de chat.
– Que penses-tu faire ?
– J’ai gagné assez d’argent aux courses pour payer mes vices et les tiens.
– Je faisais allusion au Péruvien et non pas à tes maigres revenus.

Mais le bouquin s’appelle La couleur de la peau et l’histoire est donc bien moins sympathique : une plongée dans un Santiago où les immigrés péruviens n’ont rien à envier à nos africains … et où le racisme des chiliens peut rivaliser avec le notre.

[…] En revenant vers mon bureau je me suis arrêté devant un mur sur lequel quelqu’un avait écrit : “Dehors, les Péruviens.”
J’avais déjà lu ce genre de graffiti, ils accusaient les Péruviens de faire entrer la tuberculose au Chili, d’augmenter la délinquance ou de priver les Chiliens de leur travail.
Certains étaient anonymes, d’autres signés par des groupes néonazis qui exprimaient tous les jours leur nationalisme odieux sur les murs du quartier dans l’indifférence générale.
Rien de nouveau sinon la stupidité vieille comme le monde de croire qu’un nom, la grosseur d’un porte feuille ou la race fait de vous un être supérieur.

C’est Le Monde des livres qui nous avait fait la promo du billet d‘avion pour le Chili et Jean-Marc en parle aussi.
Et il existe d’autres enquêtes du privé Heredia comme Le deuxième vœu.

(1) - lors de notre voyage en Bolivie avec une incursion en territoire chilien on avait pu nous même, constater que les boliviens qui nous accompagnaient n’étaient pas les bienvenus au Chili


Pour celles et ceux qui aiment les chats.
D’autres avis et d‘autres bouquins du même auteur sur Babelio.

1 commentaire:

dasola a dit…

Bonjour, merci pour les coms, je compte bien en lire d'autres de cet écrivain dont le premier paru en français: Les sept fils de Simenon. Bonne après-midi.