mardi 19 août 2014

Les feuilles mortes (Thomas H. Cook)

Photo de famille.

L'américain Thomas H. Cook passe sous les feux de la rampe en ce moment grâce à son dernier roman : Le dernier message de Sandrine Madison.
On avait déjà croisé cet auteur dans Les rues de feu (un roman très différent de ses dernières livraisons), et on a décidé de poursuivre par une ancienne parution, désormais en poche : Les feuilles mortes.
Un peu trop facilement classé dans les polars, ce bouquin est plutôt un roman psychologique.
Eric mène une vie de famille paisible et typique dans une petite ville américaine paisible et typique. Il tient un magasin de photo où il développe des photos de mariages, de naissances, bref de familles. Une belle et aimable épouse, Meredith. Keith, le fils (un ado quoi).
Tout va pour le mieux et tout le monde sourit sur la photo de famille ...

[...] Les photos de famille mentent. Je compris ça en partant pour toujours de chez moi cet après-midi là, si bien que je n'emportai que deux clichés.

Jusqu'au soir où tout va basculer : Thomas H. Cook se lance alors dans la démolition de tout cet édifice, pierre par pierre, brique par brique, consciencieusement et sûrement.
Ce soir-là, Keith est allé faire du baby-sitting chez des voisins.
Le lendemain, la petite des voisins a disparu. Évidemment le fiston Keith sera le premier soupçonné.
Et c'est effectivement de soupçon qu'il s'agit : peu à peu, les mensonges et les présomptions s'accumulent sur le dos de cet ado renfrogné. Eric commence lui-même à douter de son propre fils.
Et ce n'est que le début. Petit à petit on découvre que les photos de la propre famille d'Eric (son père, son frère, ...) étaient elles-aussi artificielles et que les sourires étaient crispés.
On ne vous en dit pas plus évidemment mais ces photos de famille vont être rongées par les soupçons, grignotées par les mensonges ...

[...] Le soupçon est un acide. Il ronge tout ce qu'il touche. Il s'attaque à la surface des choses en y laissant une marque indélébile. [...] Il détruit la confiance niveau par niveau. Et creuse toujours plus profond.

Thomas H. Cook en fait même un tout petit peu trop (les soupçons sur Meredith, par exemple) tant il a à cœur de démolir toute la maison du pauvre Eric, sans oublier une pierre ou une brique, et parfois l'accumulation de clichés (normal pour des photos de famille !) est un peu trop prévisible.

[…] Je l’admets, les affaires qui restent sans réponse sont les plus pénibles.
— Elles vous rongent, dis-je tout bas.
— Oui, elles vous rongent. Les dossiers les plus difficiles sont ceux que l’on ne peut refermer.
[…] Je pris tout à coup conscience que le doute pouvait assombrir une vie, empêcher tout répit, vous projeter dans une quête sans fin.
— Et ta vie devient une énigme non résolue, ajoutai-je.
— Oui, c’est le plus terrible, dit Leo. Un dossier qui reste ouvert.

Mais on tient là, un roman assez court qui se lit facilement et agréablement : de quoi nous donner envie de parcourir plus avant la bibliographie de cet auteur.


Pour celles et ceux qui aiment les photos de famille.
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1 commentaire:

Gruz a dit…

J'aime beaucoup cet auteur, dans le genre des romans noirs c'est un maître dans l'art de plonger dans la psychologique humaine (oui bon d'accord, la psychologique animale c'est un autre sujet...) ;-)