mardi 29 mars 2016

Lagos Lady (Leyle Adenle)

[...] La prostitution n’était pas un choix – c’était une absence de choix.

Leye Adenle est né au Nigeria et vit désormais en Grande-Bretagne.
Lagos Lady est son premier roman.
Le billet de Yann nous avait titillé, le Nigeria est un pays méconnu dont on parle beaucoup en ce moment, les éditions Métailié avaient notre confiance, ... alors on a fait comme le héros du bouquin, l'anglais Guy, et on a pris un billet pour un reportage à Lagos, une des plus grandes villes du monde où se côtoient gratte-ciel et bidonvilles et qui attire tous les appétits.
Notre ami Guy se la coulait douce en Grande-Bretagne, apprenti reporter tendance loser, et il ne sait peut-être pas lui-même comment il s'est retrouvé là-bas pour un reportage sur les prochaines élections.
[...] J’étais un blanc, voyageant en Afrique pour la première fois, mandaté pour écrire un reportage sur des élections présidentielles qui n’auraient lieu que dans plusieurs semaines, et dont l’issue, de toute manière, était courue d’avance. C’était seulement mon deuxième jour à Lagos, et le premier soir où je sortais seul – exactement ce qu’on m’avait déconseillé de faire.
Se mettre dans le pétrin à Lagos, c'est une tâche à la portée du premier venu, même d'un reporter britannique pas trop futé.
À peine arrivé, Guy est plus ou moins témoin de ce qui ressemble à un meurtre rituel : le cadavre d'une jeune femme, certainement une prostituée, est jeté d'un gros 4x4. Elle a les seins découpés.
Voici notre Guy embarqué par les flics (inutile de préciser que ceux de Lagos sont pas des enfants de cœur) et il faudrait au moins une bonne fée pour le sortir du merdier.
Tirez une carte chance : oh ! la fée se prénomme Amaka.
Cette Lagos Lady veille (on vous laisse découvrir comment et pourquoi) sur les nombreuses prostituées qui travaillent dans cette ville où tous les appétits ont rendez-vous à la nuit tombée (et la nuit tombe de bonne heure sous ces latitudes).
[...] C’était une femme qui se servait de son savoir, de son charme et de tous les moyens disponibles pour défendre d’autres femmes. Pour ces filles, elle était comme Mère Teresa.
Car c'est un véritable reportage sur le milieu de la prostitution de son pays que nous propose Leye Adenle.
C'est violent, c'est rude.
Paradoxalement, ce n'est jamais racoleur (c'eut été facile et l'on en sait gré à cet auteur).
[...] — Je n'ai pas de quoi vous payer, ai-je dit. Je préfère vous prévenir.
— Oh, pour ça, a fait Léopold. Faut pas vous inquiéter. Vraiment. Faut pas vous inquiéter. »
Et au ton de sa voix, je me suis dit qu'au contraire, je ferais bien de commencer à m'inquiéter de ce qui lui arrivait, au vieux Léopold.
Mais le milieu de la prostitution et les meurtres rituels décrits ici cachent une réalité bien pire encore ... qu'on vous laisse découvrir.
La romance qui va naître entre Lagos Lady et le journaliste nous laisse espérer que Leye Adenle a écrit une fiction, un roman où toute ressemblance etc ...
Bref, on veut croire que Lagos, quand même, c'est pas ça.
Quelques scènes vous évoqueront sans doute le Zulu de Caryl Ferey, même si cette histoire nigériane est plus intimement noire. Pour notre part, la manière de Leye Adenle nous a souvent fait penser aux histoires thaï de John Burdett.

Pour celles et ceux qui aiment le côté obscur de l'Afrique.
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