[...] Ça se lisait comme une tragédie grecque.
La rentrée 2016 sera peut-être celle des romans noirs américains.Après la Louisiane des Maraudeurs de Tom Cooper et le Kentucky d'Alex Taylor avec Le verger de marbre, voici un troisième roman noir US, en Géorgie cette fois-ci : Bull Moutain de Brian Panowich.
Un roman noir dans les règles de l'art, encore, où tous les personnages sont déjà en place pour que tout cela finisse très mal, à la manière d'une tragédie antique : Clayton Burroughs est le shérif local qui reçoit la visite d'un agent du FBI. Les autorités sont décidées à éradiquer le trafic de méth qui arrive de Floride.
Sauf que le shérif Clayton est le fils indigne d'une longue lignée de hors-la-loi et que c'est son propre frère, Halford Burroughs, planqué dans sa montagne, qui est à la tête du clan familial et du trafic dans la région (l'alcool jadis, puis le cannabis et maintenant la méthamphétamine).
[...] Elle avait dû commencer à écrire ce journal quand elle était tombée malade. Ça se lisait comme une tragédie grecque.Quelques flashbacks nous font deviner que chez les Burroughs la violence se transmet de père en fils et que les jeunes apprennent très tôt à creuser la tombe d'un empêcheur de trafiquer en paix.
[...] Un cimetière d’assassins et de voleurs. Elle était surprise que l’herbe luxuriante et la mousse vert vif autour de l’étang ne soient pas en train de pourrir, vu les quantités de sang corrompu qui avaient irrigué la terre.Dans le clan Burroughs, de grand-père en père puis en fils, ce sont l'alcool et la violence qui coulent dans le sang de la famille et Panowich réussit à nous décrire des personnages qui ne sont pas seulement des affreux jojos insensibles au mal mais également des hommes héritiers d'une sombre destinée, élevés dans la violence, incapables de quitter les rails sur lesquels ils sont lancés.
[...] Vous ne comprenez pas comment les choses fonctionnent ici. Pour mon frère, l’argent n’est pas une fin en soi. Ça ne l’a jamais été. Ce n’est qu’un produit dérivé du mode de vie que lui a inculqué mon père.
En contrepoint de ce monde d'hommes, on a même droit à quelques beaux portraits de femmes : des femmes pas ordinaires, évidemment pour avoir épousé des Burroughs ...
Même si ce n'est là que son premier bouquin, la prose de Panowich est suffisamment soignée et imagée pour nous emmener dans ces forêts et montagnes de l'humide Géorgie aux côtés de sa bande de cul-terreux.
[...] Elle avait un rituel. Elle s’enveloppait le corps d’une serviette avant de tirer le rideau de douche, et une autre autour de sa tête en une espèce de turban que seules les femmes arrivent à faire.À mi-parcours on en découvrira un peu plus sur cet étrange agent du FBI venu jouer les trouble-fêtes ... Et puisqu'on évoquait l'art dramatique, on aura même droit à une série de coups de théâtre pour terminer cette tragédie - c'en est presque too much mais il était sans doute difficile de terminer autrement : Panowich avait placé trop de pièces pour bâtir son astucieux puzzle ...
[...] Il portait un pantalon en toile kaki tombant qui laissait voir ses fesses et son boxer bleu layette, ainsi qu’un marcel à travers lequel on distinguait ses muscles affûtés. Il se trimballait aussi un gros flingue noir coincé dans son pantalon, devant. Le fait que son pantalon ne lui tombe pas aux chevilles sous le poids de l’arme demeurait un mystère.
[...] Il tenait une gueule de bois colossale. Il avait l’impression d’être une dinde de Thanksgiving trop cuite, toute desséchée, farcie à la sueur froide et aux cendres de cigarettes.
Pour celles et ceux qui aiment les cabanes dans les bois.
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