vendredi 6 novembre 2015

On ne réveille pas un chien endormi (Ian Rankin)


— Comment John est-il parvenu à lui faire avouer une chose pareille ?

    L'auteur, le livre (452 pages, 2015, 2013 en VO) :

Voilà longtemps qu'on n'était retourné dans l’Écosse de Ian Rankin qui n'a, si mes souvenirs sont bons, jamais eu droit à un véritable coup de cœur dans ces colonnes.
Et bien On ne réveille pas un chien endormi va permettre de rattraper tout cela : et de retrouver l'inspecteur John Rebus dans les rues de Glasgow et d’Édimbourg et de décerner un coup de cœur à Ian Rankin.
Un auteur ici au mieux de sa forme pour un polar très dense.

    On aime :

❤️ Flics et voyous, passé et présent, malfrats et politiciens, tout cela s'entremêle dans un polar à haute densité.

      Le contexte :

Pas de préliminaire, pas d'exposition ni de présentation des acteurs, mieux vaut déjà connaître John Rebus et le contexte.
Dès les premières pages, nous voici plongés au cœur de plusieurs intrigues policières et même de plusieurs enquêtes qui vont s'entrecroiser pour notre plus grand plaisir. Rankin ne prend pas son lecteur pour un demeuré et le laisse faire son chemin au milieu de tout cela.
John Rebus est le cousin transatlantique de Harry Bosch et comme les précédents, cet épisode baigne dans les thèmes chers à Ian Rankin : polar urbain entre deux âges et entre deux eaux, la Leith et la Clyde, compromissions policières, mafieuses, politiciennes ou affairistes, quelque part entre chien et loup ...
[...] Les bons ne sont jamais complètement bons et les méchants jamais complètement méchants.
[...] — Et tu crois vraiment que la vérité est indispensable?
Dans l’Écosse de Rankin, la vérité n'est peut-être pas indispensable. Mais la lecture de ses bouquins, assurément.

      L'intrigue :

Les bœufs-carottes entreprennent de déterrer une vieille histoire, du temps où Rebus était encore un tout jeune inspecteur, en équipe avec ses aînés du commissariat de Summerhall, pas très regardants sur les méthodes employées pour envoyer les voyous en prison. En ce temps-là messieurs, 'on' aurait donc permis à un indic' d'éviter la prison pour meurtre ?
[...] — Obtenir des aveux en tabassant le suspect ? Monter un dossier sur de fausses preuves ? S’assurer que les méchants passent à la casserole à tout prix, et peu importe le motif ?
— Tu envisages d’écrire ma biographie ?
— Ce n’est pas une plaisanterie, John. Dis-moi ce qui est arrivé à Billy Saunders.
'On', ce sont les Saints de la Bible d'Ombre, la confrérie de Rebus & co pour qui la juste fin excusait des moyens moins nobles.
[...] Les Saints de la Bible d’Ombre, c’est le nom qu’ils s’étaient donné.
— Et ça veut dire quoi ?
— Je n’en suis pas très sûr, les dossiers du bureau du procureur général semblent peu fournis.
— Ça a une vague résonance maçonnique.
— Possible que vous ne soyez pas loin de la vérité.
— Et des agents de Summerhall en étaient membres ?
— Ils en étaient les seuls et uniques membres. À cette époque, quand on travaillait comme inspecteur de la Criminelle à Summerhall, on devenait automatiquement un Saint de la Bible d’Ombre…
[...] Nous étions les Saints de la Bible d’Ombre.
— Mais la Bible d’Ombre était l’exemplaire du Code pénal écossais qu’on nous remettait. Un gros truc noir avec une couverture en cuir et des vis en laiton. Et on crachait dessus avant de bien frotter pour qu’il ne reste plus de salive. Je croyais que c’était une sorte de serment mais je me trompais
Pendant que l'Inspection générale inspecte les recoins sombres, John Rebus et sa collègue Siobhan Clarke se dépatouillent avec un imbroglio où se sont fourrés les sales gosses de deux célébrités locales : un homme d'affaires en vue et un politicien ambitieux (on est en pleine campagne pour le référendum d'indépendance).
Le lecteur n'a qu'à suivre John Rebus et admirer son talent inné pour mener une enquête et faire parler les moins bavards.
[...] — Comment John est-il parvenu à lui faire avouer une chose pareille ? demanda Clarke.
[...] Elle avait beau ne pas le connaître depuis longtemps, elle savait cependant qu’il était doué pour ce genre de choses, à l’image d’un limier auquel on donne une piste à renifler avant de lui laisser faire ce qu’il sait faire mieux que personne. Remplissages de formulaires, protocoles et réunions de budget, ce n’était pas son truc, ça ne l’avait jamais été et ne le serait jamais. Sa connaissance d’Internet était rudimentaire et ses talents en société affligeants. Mais elle mentirait à James Page et paierait les pots cassés s’il fallait. Parce que Rebus était un spécimen de flic qui n’était plus censé exister, une espèce rare et protégée, dont les jours étaient comptés.

Pour celles et ceux qui aiment les flics en pré-retraite.
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