jeudi 21 mars 2019

Ce que savait la nuit (Arnaldur Indridason)

[...] Je me dis que le système a déraillé.

Il semble bien qu’un ressort soit définitivement cassé dans le stylo-plume d’Arnaldur Indriðason, l’islandais qui fit découvrir le polar nordique à toute une génération de lecteurs et dont le héros, Erlendur, aura accompagné de nombreuses et longues veillées.
Exit Erlendur, mais de temps à autre, notre œil bienveillant se penche à nouveau sur l’un des derniers romans de l’islandais mais sans que désormais l’on rencontre le souffle de la première série.
Dans Ce que savait la nuit, on retrouve Konrad, qu’on avait déjà croisé pendant l’occupation américaine (je cite).
Konrad est désormais à la retraite mais ne peut s’empêcher de remettre son nez dans une vieille affaire jamais résolue qui le hante depuis des années. Un cold case et les islandais savent de quoi ils parlent quand ils évoquent le froid.
[...] – En quoi ça vous regarde puisque vous n’êtes plus flic ?
 – J’ai longtemps travaillé sur cette enquête. Disons que c’est peut-être devenu une sorte de hobby. Je ne sais pas trop. 
D’ailleurs, seul le global warming, le réchauffement climatique est vraiment en mesure de dégeler les cold case islandais : un glacier vient de ‘rendre’ un cadavre oublié ... air connu.
[...] Dans les vingt-cinq années à venir, le glacier perdrait 20 % de son volume. Cela s’expliquait par le réchauffement climatique, la diminution des précipitations et l’accroissement de l’ensoleillement.
Même si on ne retrouvera pas ici le charme de la série Erlendur, on l’a déjà dit, arrêtons de gémir, cet épisode est plutôt réussi et Indridason semble prendre un soin tout particulier à nous faire découvrir quelques curieuses facettes de son île exotique et glaciale :
Son Histoire ancienne :
[...] Konrad appartenait à la toute dernière génération d’Islandais nés sous domination danoise. Le lendemain de sa naissance, l’Islande était devenue une république indépendante sous une pluie battante au Parlement en plein air de Thingvellir. Pendant quelques instants, des instants si brefs qu’ils comptaient à peine, il avait été sujet du roi de Danemark. 
Ou son histoire beaucoup plus récente, celle du crash économique :
[...] L’argent rend bête. On est bien placés pour le savoir. Tout le pays a pu s’en rendre compte.
[...] Toutes sortes de gens s’étaient enrichis au moment du grand “effondrement économique” de 2008.
[...] Je me dis que le système a déraillé. Que nous avons complètement déraillé. 
Et même des détails très actuels, très curieux :
[...] Le barrage hydroélectrique de Karahnjukar, le plus grand d’Europe. 
Découverte que l’on peut compléter [ici] avec intérêt.
L'Islande exporte désormais plus d'aluminium que de poissons alors qu'elle n'a pas de minerai. Les trois fonderies consomment cinq fois plus d’électricité que les 300 000 habitants de l’île.

Pour celles et ceux qui aiment l'Islande.
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