mercredi 2 novembre 2022

La baignoire de Staline (Renaud S. Lyautey)

[...] En Géorgie, le passé vous sautait à la figure à chaque pas.

Après Les saisons inversées c'est avec impatience que l'on retrouve le diplomate-écrivain Renaud S. Lyautey (de son vrai nom Salins, Lyautey est le nom de sa mère pris comme nom de plume) pour un second épisode des aventures de René Turpin, toujours agent du Quai d'Orsay, mais cette fois-ci en Géorgie, terre natale de Iossif Vissarionovitch Djougachvili, l'homme de fer, Staline.
Ce second épisode, La baignoire de Staline, sera malheureusement le dernier : Renaud S. Lyautey est décédé cette année.
Tout commence à Tbilissi où l'on découvre un jeune professeur de français assassiné, il était au service d'un milliardaire géorgien.
Puis c'est le tour d'un vieux barbouze de l'ex-KGB.
[...] La découverte d’un possible lien avec la mort d’un vieux responsable communiste, loin de clarifier les choses, rendait manifestement perplexe la police de Tbilissi. Quelle sombre affaire avait donc pu sceller, la même semaine, le sort d’un étudiant français de vingt-six ans et celui d’un tchékiste octogénaire ?
[...] N’oublions pas que nous sommes dans le Caucase. Où les affronts ne sont jamais oubliés…
[...] Nous voilà maintenant avec trois cadavres sur les bras. Il n’y a plus de doute possible. Nous sommes face à un meurtrier en série. Et nous ne savons toujours pas ce qui relie entre eux ces assassinats successifs.
L'enquête, sur laquelle planent encore les ombres de Staline et du fameux agent double Kim Philby, l'enquête nous emmènera jusqu'à Tskaltoubo, dans l'ouest du pays, lieu de villégiature des apparatchiks à la belle époque de l'URSS.
[...] Ah… Tskaltoubo. Oui, bien sûr. C’est une ville d’eaux. Tskali signifie « eau » en géorgien. 
– Mais encore ? 
– Un immense ensemble thermal, le plus grand au monde, si je ne m’abuse. Staline s’y était fait construire une datcha.
[...] Philby a réussi à berner très longtemps à la fois les Britanniques et les Américains. Sa longévité en tant qu’agent double est étonnante.
[...] Je me souviens très bien qu’en 1990, les Postes soviétiques ont émis un timbre en hommage à Kim Philby.
[...] À cette époque-là, il faut être capable de se figurer ce qu’a été la guerre froide. Le niveau de paranoïa que les deux camps avaient atteint. La défection de Kim Philby a représenté, à cet égard, un point culminant. Pour nous, à Londres, ce fut un désastre absolu. La crédibilité de nos services secrets mit des années à s’en remettre. Aux États-Unis, dans un sens, ce fut pire encore. Parce que Philby avait servi à Washington et embobiné tout le monde là-bas aussi.
[...] On parle des années 1960. La construction du Mur de Berlin en 1961. La crise des missiles à Cuba en 1962. La tension était à son comble entre les deux blocs quand Philby a gagné Moscou, en janvier 1963.
La curiosité diplomatico-géo-politique est toujours au rendez-vous et l'intrigue policière est de meilleure tenue que celle du précédent épisode (Les saisons inversées) et, très égoïstement, on ne peut que regretter la fin prématurée de l'auteur qui nous prive de la suite de ce qui s'annonçait comme une très bonne série.

Pour celles et ceux qui aiment les espions.
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