[...] Des gens qui avaient à en connaître.
Renaud S. Lyautey (de son vrai nom Salins, Lyautey est le nom de sa mère pris comme nom de plume) est un "vrai" diplomate du Quai d'Orsay pour lequel il fut ambassadeur au Moyen-Orient et en Géorgie.
Autant dire que c'est le guide idéal pour nous faire découvrir les coulisses de la machinerie diplomatique française au milieu de tous les agents qui ont embrassé "la Carrière", comme ils disent.
[...] La Carrière imprime sa marque, d’une façon ou d’une autre, sur chaque agent.
L'intrigue commence avec la découverte du cadavre d'un haut diplomate français, assassiné à son domicile parisien : le modus operandi rappelle l'exécution de Chapour Bakhtiar, le premier ministre iranien, par les services secrets de son pays à Suresnes en 1991.
Une ambiance méconnue et bigrement intéressante qui serait un peu comme une version "civile" du Bureau des Légendes.
Mais c'est surtout un excellent prétexte que saisit Renaud Lyautey pour revisiter l'Histoire récente et nous donner sa lecture très personnelle de la diplomatie française avec quelques propos très incisifs et bien sentis concernant les "gloires" de l'arrogante diplomatie française.
Bien sûr tout le monde se rappelle le désormais célèbre discours de Villepin à l'ONU face aux US qui s'apprêtaient à envahir l'Irak sous un faux prétexte : cette intervention est glorifiée comme un haut fait de la diplomatie française, cocorico. Un sinistre échec selon l'auteur.
[...] En contraignant un membre permanent du Conseil de sécurité à frapper en dehors de toute légalité internationale, nous allions créer un périlleux précédent. Il se montrait particulièrement inquiet des leçons qu’en tirerait à l’avenir, par exemple, un autre membre permanent comme la Russie.
[...] Personne n’a pu dissuader un membre permanent du Conseil de sécurité de s’en prendre à un petit pays. L’ONU a démontré sa totale impuissance. C’est un échec absolu du système de sécurité collective mis en place en 1945.
[...] Turpin admit intérieurement qu’il n’avait jamais envisagé l’affaire irakienne sous cet angle. Jusqu’à cet instant, il avait toujours fait sienne l’idée répandue selon laquelle la France avait traité ce dossier avec panache et perspicacité.
D'autres contextes géopolitiques seront également épinglés par l'auteur au fil des pages : l'Iran, la Palestine (et les innombrables plans de paix français), et même le Chili de Salvador Allende.
L'intrigue policière qui sert de prétexte au bouquin et à la visite des coulisses du Quai d'Orsay est un petit peu décevante ou en tout cas elle peine un peu à se mettre en place et n'arrive à nous captiver que dans la dernière partie du roman.
Peu importe, ce premier roman n'était que le prélude à un second, beaucoup plus prometteur : La baignoire de Staline qui nous emmènera en Géorgie.
[...] La Géorgie… Peut-être se renseignerait-il en vue du prochain poste. Ça n’avait pas l’air si sinistre que ça…
Vite, vite, préparons notre valise (diplomatique).
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