mercredi 29 juin 2016

Le dernier amour d'Attila Kiss (Julia Kerninon)

[...] Et elle a gagné ma guerre.

Attention, on se répète : jeune talent français.
Julia Kerninon n’avait que 27 ans quand elle a publié son excellent premier roman : Buvard qui eu droit à un coup de cœur ici même.
La nantaise n'a toujours pas trente ans mais continue sans décevoir. Voici donc Le dernier amour d'Attila Kiss.
La demoiselle est coutumière des sujets casse-gueule qu'elle réussit à s'approprier avec brio, fraîcheur et nouveauté : après les affres de l'écrivain, voici celles des amoureux.
[...] Il était complètement bouleversé par sa présence, c’était comme s’il avait poussé la porte et trouvé un chevreuil dans sa cuisine.
L'amour qu'elle traite comme une guerre, une série de batailles et de conquêtes.
[...] Elle est venue, elle m’a conquis, petit à petit, centimètre par centimètre, elle a gravi mes montagnes, traversé mes fleuves, franchi mes ponts, convaincu mes interprètes, plié mes espions, déjoué mes pièges, trompé ma vigilance, et elle a gagné ma guerre.
[...] Tu es entrée dans mon lit comme tes ancêtres dans mon pays. Tu m’as conquis, comme les tiens toujours ont plié les miens.
Et quoi de mieux alors qu'un couple où l'une est une riche autrichienne et l'autre un piètre hongrois ?!
[...] Le Hongrois en lui avait reconnu dès le premier instant l’Autrichienne privilégiée.
[...] Que j’en finisse là, le jouet vivant d’une Viennoise de vingt-cinq ans ma cadette.
C'est une véritable cascade de mots qui s'écoule sans une seule baisse de rythme, de la plume de la demoiselle Kerninon. Un fluide et limpide écoulement de belles phrases.
L'eau de ce petit bouquin n'a peut-être pas la puissante clarté du Buvard mais mérite largement notre attention.
On retrouvera ici un peu les mêmes clés que dans le précédent roman : un duo, où l'homme prend les devants mais où l'on découvrira finalement un très beau portrait de femme. Ici, une jeune femme élevée dans la musique, l'opéra autrichien.
[...] La musique était trop puissante, à chaque fois c’était un rappel du temps que son père y avait consacré à ses dépens, c’était la musique de quelqu’un qui ne sait pas ce qu’est un enfant, qui ne sait pas ce qu’est la vie réelle, ni le temps perdu.
Il manque peut-être un petit quelque chose, un supplément d'âme, un souffle un peu magique pour élever ce petit bouquin original et très bien écrit au-dessus de l'élégant exercice de style.

Pour celles et ceux qui aiment les écrivains (et les femmes).
D’autres avis sur Babelio. Yue Yin et Cuné en parlent.

Aucun commentaire: