samedi 5 octobre 2019

De nos frères blessés (Joseph Andras)

[...] Pour eux c’est impardonnable.


Derrière le pseudonyme de Joseph Andras se cache le jeune et mystérieux auteur (il refusa le Goncourt, soupçon d’arrogance ou goût de l’anonymat ?) auteur d’un des rares bouquins français sur la sale guerre d’Algérie : De nos frères blessés.
Un court mais fort bouquin qui relate la condamnation à mort en 1957 de Fernand Yveton, ouvrier français vivant à Alger, proche des communistes.
Il se dit que François Mitterrand voyait dans l’abolition de la peine de mort en 1981, l’occasion de se racheter de la grâce qui n’avait pas été accordée à Yveton (il était Garde des Sceaux pendant “les événements”).
Il faut dire que le jeune Yveton (30 ans) n’était ni vraiment héros, ni vraiment terroriste, à peine un demi-saboteur.
Il n’a tué personne et sa bombinette qui devait détruire un hangar de son usine n’a même pas explosé.
[...] J’ai décidé cela parce que je me considérais comme algérien et que je n’étais pas insensible à la lutte que mène le peuple algérien. 
Malheureusement pour lui, son ‘exploit’ manqué arrivait au pire moment après les sanglants attentats du FLN (le Milk-bar, ...) : le pouvoir français se devait de faire un exemple, c’est tombé sur lui.
[...] Tu es français, tu as mis une bombe, pour eux c’est impardonnable. 
Le bouquin retrace une partie de la vie de Yveton, son amour pour l’Algérie et Hélène, sa chérie, mais aussi son arrestation, ses interrogatoires et les tortures, son procès vite expédié et sa décapitation.
Le silence embarrassé du Parti Communiste aussi qui, à l’époque, ne savait trop comment prendre la guérilla indépendantiste.
L’écriture est sèche et nerveuse, la courte lecture (130 pages) fort agréable même si parfois on sent l’auteur à la recherche de la bonne formule, pas toujours heureuse.
Et puis cela éclaire un peu plus ces sombres années de notre Histoire, les bouquins français sur cette période sont plutôt rares [clic].

Pour celles et ceux qui aiment l'Histoire, même quand elle est injuste.
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