vendredi 4 décembre 2020

Dans les geôles de Sibérie (Yoann Barbereau)

[...] Le mot kompromat est une création linguistique de KGB.

Comme en écho au bouquin de Sylvain Tesson, voici celui de Yoan Barbereau : Dans les geôles de Sibérie.
L'auteur fut, vers 2015, responsable de l'Alliance Française à Irkoutsk, au bord du lac Baïkal. 
La (très) belle vie d'expat jusqu'à ce qu'un jour le FSB débarque et l'embarque sous l'accusation de pédopornographie avec témoignage à charge de son épouse.
[...] Le mot kompromat est une création linguistique de KGB. Il dit la puissance du dossier compromettant.
S'ensuivent quelques mois de prison à Irkoutsk, quelques semaines d'internement psychiatrique et quelques autres mois de confinement à Irkoustk puis à Moscou.
Son bouquin raconte tout cela, un peu dans l'esprit de Sylvain Tesson : beaucoup d'introspection et de la kulture littéraire étalée jusqu'à plus soif.
On se demande bien où le bonhomme veut en venir : on n'apprendra rien sur l'accusation que l'on suppose mensongère, soyons bienveillants, pas plus que sur ses troubles relations avec son épouse.
Des évasions rocambolesques vantées par la quatrième de couverture, on ne découvrira finalement qu'une escapade en blablacar et un bracelet électronique forcé dans du papier alu.
Des séjours dantesques dans les goulags, on comprendra que l'accusé eut relativement la belle vie dans des cellules bien ordinaires, protégé par son statut de riche français plus ou moins politique.
[...] Le directeur voyait en moi une source d'ennuis, non seulement de témoin encombrant des exactions et petits arrangements entre les murs, mais encore un zek pouvant se plaindre et être entendu. Son intérêt lui commandait de me rendre la vie à peu près douce.
Ce pourrait être du plus grand comique ubuesque si cette pseudo-aventure nous était contée au second degré.
De tout cela, le lecteur se demande s'il n'a pas été floué et si sa participation ne se résume pas à une contribution à un programme de réinsertion.
Bref, ça sent l'arnaque, l'anguille sous la glace du Baïkal et on est passé complètement à côté.
Depuis, un film en a été tiré : Kompromat.

Pour celles et ceux qui aiment les prisons.
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1 commentaire:

Anonyme a dit…

Jugement un peu sévère d'un récit qui semble vrai.

Un talent indéniable pour l'écriture, mais on peut être agacé par les excès et le manque de pudeur, jusque dans le style. Si bien qu'on ne ressent pas beaucoup d'empathie pour sa mésaventure.