mardi 29 décembre 2020

Seul le silence (Roger Jon Ellory)

[...] Je sais que tu ne seras jamais un ange.

Voilà dix ans que l'on découvrait R.J. Ellory avec ce qui est sans doute son meilleur roman : Seul le silence.
À la relecture, c'est toujours un énorme roman.
Le britannique écrit à la manière des plus grands auteurs américains, les Faulkner, Steinbeck ou Truman Capote : on dirait qu'il a besoin d'espace outre-Atlantique (et peut-être de distance) pour déployer ses amples histoires.
Bien sûr c'est souvent classé au rayon polars mais Ellory se garde bien de démarrer une intrigue avec des meurtres, des assassins, des flics, ...
Non, il prend tout son temps pour installer décors et personnages car c'est un habile faiseur d'histoires, de petites histoires dans la grande histoire de son roman et même dans la Grande Histoire du Monde.
Tout commence donc au rythme des États du Sud, en Géorgie, en 1940.
Pendant qu'il se passe des choses terribles en Europe, il s'en passe d'autres dans les marais Okefenokee et de la Suwannee River où l'on découvre des cadavres dénudés d'enfants, de toutes jeunes filles.
Le héros, le narrateur, n'a encore qu'une douzaine d'années.
[...] La cinquième victime fut la petite fille qui était assise à côté de moi dans la classe de mademoiselle Alexandra Weber. Elle était si proche que je connaissais son nom, que je savais qu'elle dessinait le chiffre 5 à l'envers. Bon sang, elle était si proche que je connaissais son odeur. On retrouva son corps le lundi 3 août 1942. L'essentiel de son corps, pour être précis.
C'est aussi un livre sur la littérature, ou plus exactement sur l'écriture, quand lire est une raison d'être et quand écrire est un besoin vital : l'histoire d'un jeune garçon qui noircit des cahiers sous l'œil bienveillant de son institutrice. Un jeune garçon dont l'adolescence et finalement la vie vont être façonnées par ces ignobles crimes.
[...] - Peut-être qu'on se reverra, Joseph. Je te proposerais bien de rester dîner, mais ...
- Les fantômes ne restent pas dîner, Maurice.
À la relecture, la prose d'Ellory nous a quand même paru un peu lourde : l'auteur n'y va pas avec le dos de la main morte et son héros subit les pires tourments, c'est un peu too much.

Pour celles et ceux qui aiment les grandes histoires.
D’autres avis sur Babelio.

Aucun commentaire: