[...] Il faut peut-être croire à un dérèglement du système.
Ultramarins, le premier roman de Mariette Navarro, femme de théâtre lyonnaise, connait un certain succès et l'on en parle beaucoup.
Une ambiance maritime qui rappelle celle d'Usodimare et un décor de porte-containers (c'est le sujet de l'année) comme dans Une loge en mer.
Une commandante de la marine marchande, se laisse surprendre à transgresser les ordres et les protocoles et autorise une baignade en mer pour son équipage. Tous moteurs stoppés, elle reste à bord et observe sa vingtaine de matelots patauger dans les eaux.
[...] Elle considère cette vingtaine d'hommes qui vont où bon leur semble, où ils peuvent, comme ils peuvent, parce qu'ils l'ont décidé, parce que tout à coup leur mission n'a plus eu d'importance.
Lorsqu'ils remontent à bord, ils sont 21 et l'on ne sait trop qui est l'intrus puisqu'on n'avait pas vraiment pris le temps de faire la connaissance des nouveaux depuis l'embarquement.
Bientôt d'autres mystères s'invitent à bord, désorientent le cap et les machines.
Une parenthèse s'est ouverte, façon triangle des Bermudes et l'auteure a fait sienne la citation apocryphe des sages grecs : il y a trois sortes d'hommes, les vivants, les morts et les marins.
[...] - Est-ce que vous pensez possible que notre bateau ... que notre bateau ait développé une sorte d'autonomie, de personnalité propre ? [...]- Je crois commandante, que ce serait une vision un peu romantique. Qu'il faut peut-être croire à un dérèglement du système, après l'arrêt imprévu de ce matin.
L'auteure a adopté l'écriture très à la mode en ce moment (et cela devient horripilant) qui est celle d'une distanciation descriptive, comme si l'on voulait nous dépeindre une carte postale à grands coups de ILS (les marins), de ELLE (la commandante) et de ON (quand il faut embarquer l'auteur et son lecteur).
Une femme à la barre, un parfum de brise marine, quelques containers comme épices, un brin ou deux de mystère, un léger soupçon de loufoquerie, tous les ingrédients de la recette du succès sont là.
Mais, tout comme dans le bouquin de Magali Desclozeaux, cette écriture distanciée pour paraître élégante a un revers : le lecteur ne se trouve à aucun moment happé par les vents du large, il regarde la carte postale de loin, admire peut-être l'exercice de style, mais reste à quai sans partir en voyage.
Pour celles et ceux qui aiment les porte-containers.
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