[...] Compagne cachée de chef d’État : drôle de destin.
Avant d'ouvrir La captive de Mitterrand, on savait bien que le journaliste David Le Bailly n'avait jamais obtenu d'Anne Pingeot qu'elle se confie à lui ou même accepte une simple interview.
[...] – Il n’y a pas à discuter ! Vous trouvez un autre sujet et vous me laissez tranquille ! »
[...] En attendant une hypothétique confession, contentons-nous de menus indices.
Même vingt ans après la disparition de Tonton, Madame Pingeot entend bien rester pour toujours en dehors de l'Histoire.
La fausse biographie ou l'enquête infructueuse risque donc bien de laisser le lecteur sur sa faim.
Mais on avait été emballé par notre lecture précédente : L'Autre Rimbaud et on a quand même voulu tenter une nouvelle aventure avec cet auteur obnubilé par les oubliés et effacés de l'Histoire.
Et on a bien fait car, même en l'absence de scoops ou de révélations, Le Bailly nous a sorti un bon bouquin qui se lit avec avidité pour peu que l'on soit intéressé à revisiter ces fameuses années Mitterrand.
C'est d'ailleurs presque un portrait en creux de Tonton plutôt que de son amoureuse qui voulait rester cachée (ou qu'il voulait laisser cachée).
[...] Compagne cachée de chef d’État : drôle de destin. Romanesque, forcément.[...] Une personne est demeurée résolument dans l’ombre depuis tout ce temps, et cette personne, c’est vous. « C’est un choix de vie », avez-vous un jour déclaré.[...] Une personnalité qui, de manière étrange, et presque injuste si elle n’en était la principale responsable, est restée une inconnue pour ses contemporains.[...] Cette femme a excellé dans l’art de l’effacement ?[...] Il en faut de l’acharnement pour atteindre ce point de non-existence, se fondre dans le vide, le néant, l’anonymat le plus total lorsque l’on vit si longtemps au côté de l’homme le plus connu de France, le président de la République.
Tous deux avaient vingt-sept ans d'écart et lorsqu'ils se sont connus à Hossegor elle n'était qu'une gamine, une toute jeune fille, lui n'était encore que ministre. Leur amour résistera à tout, tout au long de ces quelques trente années.
[...] Sa cause à elle, sa joie et sa douleur, c’est un homme, celui qu’elle a décidé d’aimer quand elle avait vingt ans, celui qu’elle n’a jamais pu quitter. Le hasard a voulu qu’il devienne président de la République, voilà tout.
Les portraits brossés par Le Bailly sont assez acides : tous deux sont ambitieux, c'est le moins que l'on puisse dire, et ni la trajectoire de Mitterrand parti de la droite lointaine jusqu'à enfourcher finalement et opportunément le cheval socialiste, ni l'arrogance de Dame Pingeot ne plaident en leur faveur.
Le bouquin se termine bien entendu avec la maladie et le décès de Mitterrand et ce fut là un autre secret tout aussi bien gardé que ses amours : il avait appris son cancer quelques mois seulement après sa première élection de 81.
On se demande un peu éberlué, comment de tels secrets ont pu rester cachés aussi longtemps : certes l'époque ne connaissait pas encore twitter ou instagram mais tout de même ...
Une bonne histoire, formidablement racontée comme Le Bailly sait si bien le faire, qui fera le bonheur des nostalgiques des années 80.
Pour celles et ceux qui aiment les années Mitterrand.
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