mardi 14 novembre 2023

Les apparences (Gillian Flynn)

[...] Que dit le mari à ce stade du film ?

    L'auteure, le livre (608 pages, 2012) :

L'américaine Gillian Flynn nous était inconnue jusqu'ici, éclipsée par l'adaptation ciné d'un de ses romans : Les apparences donnera en effet Gone Girl à l'écran, un film qu'on a revu récemment et qui se laisse revoir sans déplaisir. 
Du coup, on a joué la curiosité pour le bouquin originel, réédité ici par Sonatine avec quelques passages inédits.
Gone girl c'était le titre du bouquin en VO mais la VF est, pour une fois, plutôt bien vue.

      L'intrigue :

Depuis le film de David Fincher, tout le monde connait le scénario : l'histoire du couple idéal formé par Nick (Ben Affleck) et Amy (Rosamund Pike). Tout le monde sait donc que ce couple n'a d'idéal que Les apparences, celles de Barbie et Ken, et que la belle façade de l'american way of life cache de nombreuses fissures : déroute financière, chômage, désœuvrement, couple en perdition, ...
[...] C’était la fin de ma carrière, la fin de la sienne, la fin de mon père, la fin de maman. La fin de notre mariage.
Un beau jour Ken (ou Nick) se réveille alors que sa Barbie (ou Amy) a disparu ... fuite, rapt ou pire ?
[...] Leur monde apparemment si parfait s’est écroulé lorsque Amy Elliott Dunne a disparu, le jour de leur cinquième anniversaire de mariage.
Évidement le mari est assez vite soupçonné d'autant qu'il n'est pas très à l'aise avec l'autorité policière et qu'il accumule erreurs maladroites et mensonges stupides.
[...] J’ai fouillé dans ma mémoire : que dit le mari à ce stade du film ? Ça dépend s’il est coupable ou innocent. 
[...] – Je crois qu’au lieu de paniquer, je me suis focalisé sur la colère que j’ai contre elle. Parce que ça n’allait pas du tout entre nous quand c’est arrivé.
[...] La police n’allait pas retrouver Amy, à supposer que quelqu’un désire qu’on la retrouve. Ça, au moins, c’était clair désormais. [...] Si elle était vivante, quelqu’un allait devoir la rendre. Si elle était morte, la nature allait devoir la restituer.

    On aime :

❤️ La prose de Gillian Flynn est simple et sans surprise, tout à fait au diapason de ce genre de romance, mais on aime beaucoup l'astuce d'un excellent scénario qui ne laisse jamais le lecteur seul avec les faits et qui évite soigneusement de nous décrire directement la vie du couple : nous n'avons droit qu'au journal intime de Amy et aux pensées en voix intérieure (comme dans le film) de Nick, alternativement à chaque chapitre. 
Bref, "les apparences" de la vie du couple racontée par Amy ou bien vue à travers les yeux de Nick. 
Donc ces deux-là ne nous disent que ce qu'ils veulent bien nous dire, nous cachent tout ce qui les dérange et sans doute nous travestissent ce qui les arrange, aussi bien l'un que l'autre. Les mots "vérité" et "réalité" ne font pas partie du vocabulaire de Gillian Flynn qui balade son lecteur de droite et de gauche. Qui est vraiment Nick, qui était réellement Amy ? Quel était ce couple qu'on ne voit finalement jamais face à face ?
[...] J’espère que vous avez aimé l’Amy du Journal.
C'est toute l'originalité de ces doubles et faux points de vue, une astuce qui fonctionne encore, alors que l'on connait déjà le mot de la fin depuis le film, voire qui se développe avec encore plus de puissance dans le rythme lent de la lecture qui n'est pas celui du cinéma.
[...] Amy était intelligente, cinglante, sarcastique. Amy savait me mettre en rogne, elle savait imposer son point de vue d’une pique bien sentie.
[...] Je suis devenue quelque chose de bien étrange. Je suis devenue une épouse.
[...] Les gens aiment bien s’imaginer qu’ils connaissent les autres : les parents veulent croire qu’ils connaissent leurs enfants. Les femmes veulent croire qu’elles connaissent leurs maris.
[...] Pas d’impatience, nous éclaircirons tout ça : ce qui est vrai, ce qui ne l’est pas, et ce qui pourrait aussi bien être vrai que faux.
❤️ On aime la peinture féroce (vraiment féroce) de la vie de Nick et Amy : l'auteure prend un malin plaisir à disséquer de son scalpel acéré, le fonctionnement d'un couple ordinaire où chacun pourra certainement se retrouver à un moment ou un autre. Tout cela nous met peu à peu mal à l'aise surtout qu'à mi-parcours, les masques tombent ... 
[...] C’est comme ça que la haine a commencé à s’installer.
[...] Il y a quelque chose qui cloche. Je ne sais pas ce que c’est, mais il y a quelque chose qui cloche affreusement.
❤️ On aime la description détaillée de la vie des américains moyens (enfin, des anglo-saxons blancs bien propres sur eux).
Au passage, même si cela n'a rien à voir avec l'histoire !, le lecteur français pourra s'effarer devant l'image d'un désert culinaire absolument effrayant !

Pour celles et ceux qui aiment les histoires de couple.
D’autres avis sur Babelio.
Un livre lu  grâce à Netgalley et aux éditions Sonatine.

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