jeudi 6 juin 2013

Ravel (Jean Echenoz)


La bio du boléro.

On adore Jean Échenoz. Ça en principe vous savez déjà.
On a adoré les dernières “bios” d’Échenoz : la folle course de Zatopek et les aventures électriques de Tesla.
Ça en principe vous savez aussi.
Mais là franchement, heu, Ravel, c’est quand même pas le cd qui trône en haut de la pile à côté de la chaîne hifi …
Ça aussi, ceux qui écoutent ce blog le savent également !
Oui d’accord c’est Échenoz, mais Ravel quand même, ben non …
Finalement, il aura fallu que le texte soit adapté au théâtre pour qu’on se dise, ah zut, si on avait su on l’aurait lu …
Alors finalement c’est parti.
Et bien sûr sans regrets : c’est du Échenoz et comme d’habitude, c’est magistral.
Derrière l’auteur du boléro dont on nous a si souvent rebattu les oreilles, on découvre un drôle de personnage, un dandy artiste, plein de mystères (pas d’amour connu, ni homme, ni femme !), à la santé fragile, au génie musical brillant, …
[…] La canne est à la main ce que le sourire est aux lèvres.
On assiste même (et oui faut bien) à la naissance du fameux boléro : mais tout en finesse et second degré, c’est savoureux et ça nous donnerait presque envie (j’ai dit presque) de ré-entendre cette œuvre que Ravel considérait comme mineure ! Si, si.
[…] Voilà au moins, dit-il, un morceau que les orchestres du dimanche n’auront pas le front d’inscrire à leur programme.
N’hésitez pas à prendre votre billet transatlantique avec Ravel (le bouquin commence avec une traversée sur Le France), l’humour savant d’Échenoz fera le reste.
Ravel est au sommet de sa gloire, Échenoz à celui de son art et on y croisera quelques figures du siècle comme celle de Conrad :
Leur conversation s’était déroulée non sans aridité, malgré quelques oasis où l’un disait avec retenue son goût de la littérature de l’autre, l’autre essayant de masquer avec tact son ignorance de la musique de l’un.
Au fil de la lecture toujours aussi savante et savoureuse d’Échenoz, on finit par s’éprendre bizarrement de ce drôle de bonhomme et la triste fin qui fut la sienne en devient poignante (le génial musicien finira malade, le cerveau littéralement ramolli) : c’est finalement plein d’émotion que l’on referme ce petit bouquin, enchanté d’avoir fait la connaissance d’un artiste dandy, d’un génie du siècle, que l’on n’avait aucune chance de croiser ailleurs et certainement pas au rayon cd.
Nous aurions été bien sots de camper plus longtemps sur nos préjugés musicaux et de passer à côté de cet encore très subtil petit bouquin échenozien.

Pour celles et ceux qui aiment les génies du siècle.
D’autres avis sur Babelio.

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