[...] Mais ce n'était que des apparences.
L'auteur, le livre (416 pages, février 2024) :
On se souvient tous de La Vérité sur L'Affaire Harry Quebert, (un de nos coups de cœur 2013 tout de même), ce best-seller de Joël Dicker, le petit suisse qui écrivait comme les américains.La vérité c’est qu’avec tout le battage médiatique autour de cette entrée littéraire fracassante, on craignait le syndrome du second roman [clic] après le succès initial, on se méfiait un peu des suites et on avoue avoir franchement zappé cet auteur.
Mais dix ans ont passé, il y a prescription et chacun a droit à une seconde chance, même les suisses !
Nous voici donc lancés à la poursuite d'Un animal sauvage.😕 Le grincheux trouvera tout cela très artificiel avec des personnages sans trop d'épaisseur, des décors de carton pâte, tout cela dessiné uniquement pour son rôle dans la pièce. Le lecteur sourit, s'amuse, jubile parfois, tourne les pages à toute vitesse, mais tout cela est bien surfait et sans surprise.
Ce thriller psychologique fera le bonheur des voyageurs du TGV mais restera très très en-dessous de la bonne surprise que fut L'Affaire H.Q. qui mélangeait les genres de manière plus subtile.
On aime un peu :
❤️ Oui on a un faible pour ces bouquins qui s'apparentent plus au tour de prestidigitation qu'au roman policier, quand le lecteur se laisse manipuler, ne réfléchit pas trop, ne cherche surtout pas la clé de l'énigme, mais profite du show avec la jubilation du spectateur ébahi par les jolis trucages du magicien.
Le type de polar qui ne révolutionne pas le genre (et qui reste très en-deçà de la trop fameuse Affaire H. Q.) mais qui constitue un aimable divertissement, d'autant que le chef connait son métier et ses recettes et que de surprise en rebondissement, on finit par se laisser prendre par ce page-turner qu'il est impossible de reposer tant la gourmandise nous tient pour savourer jusqu'à la dernière bouchée.
❤️ En douce, Joël Dicker (qui ne peut quand même pas se renier après L'Affaire H. Q. !) nous livre encore un clin d'oeil littéraire en citant ce vrai faux roman italien du début du siècle passé où il aurait été question de panthère et de Luchino, rien à voir évidemment avec un certain guépard de Visconti !
Clin d'oeil qui sert ici de prétexte à un beau portrait de femme en panthère, un peu cliché mais joliment tourné, on ne peut en dire plus ici sans divulgâcher mais quelques passages montrent que Dicker sait écrire autre chose que des polars de commande.
[...] Ce chromo sur papier glacé, elle le vomissait. Elle voulait être libre. Elle voulait être sauvage. [...] Fauve le lui avait toujours dit: elle était une Panthère.
Le pitch :
Dans une banlieue chic (forcément, hein ?!) de Genève, Joël Dicker accumule les clichés, en veux tu en voilà, mais le lecteur futé se doute bien que l'habitué des tours de passe-passe est en train de nous manipuler.
Les Braun habitent dans une belle maison d'architecte aux parois de verre.
Les Liégean sont des voisins plus modestes.
[...] À l'image de leur maison, ceux qui vivaient ici faisaient rêver : Arpad et Sophie Braun étaient le couple idéal et les parents comblés de deux enfants merveilleux. [...] Ce matin-là, Sophie ouvrit les yeux à 6 heures pile. [...] Elle allait avoir quarante ans dans une semaine et n'avait jamais été aussi belle.
[...] La famille Liégean dina tardivement des lasagnes qui avaient trop cuit. Puis, au moment où les enfants étaient enfin sur le point de se coucher, l'aîné avoua en pleurant qu’il n'avait pas fait ses devoirs et qu'il aurait des ennuis en classe. Greg dut l'aider pour ses maths. Il y eut des agacements, des cris et les devoirs furent finalement faits par Greg lui-même. Après cet épisode, les enfants étaient très agités et leur père dut déployer des trésors de patience pour les mettre au lit. Lorsqu'ils furent enfin endormis, Greg rejoignit Karine dans la cuisine. Elle terminait la vaisselle. Le silence froid qui régnait dans la pièce était l'indice de la mauvaise humeur ambiante.
Les Liégean admirent et jalousent les Braun.
Monsieur Liégean va même jusqu'à espionner Madame Braun, sa trop jolie voisine, planqué derrière les arbres au lieu de faire courir son chien pendant son jogging matinal.
Mais que cache réellement la trop belle façade de verre des Braun, quel est leur passé ?
Et ce Greg Liégean, un flic (le comble !) qui joue au pervers, mais est-ce qu'un rôdeur pourrait en cacher un autre ?
[...] Greg ne cessait d'observer Arpad, comme pour tenter de percer le mystère de cet homme. Qui était-il vraiment ? Que cachait-il sous ses airs de mari parfait et de père modèle ?
Et puis surtout, quel rapport peut donc avoir tout ce psychodrame de banlieue chic avec le hold-up qui nous est annoncé pour bientôt en plein cœur de Genève et dont le compte à rebours est lancé avec une mise en scène de cinoche américain ?
[...] 6 heures 45, au quartier général de la police.Greg était toujours nerveux avant une opération. II considérait que c'était essentiel pour rester en vie si les choses tournaient mal. Mais cette fois-ci, même s'il ne voulait pas l'admettre, c'était différent: il était spécialement agité. Il avait mal dormi.
Il était arrivé le premier dans les locaux du groupe d'intervention. Il s'était préparé, seul dans les vestiaires. Il avait revêtu, de façon quasi rituelle, son uniforme noir. Sa tenue de combat. Il attendrait la fin du briefing pour enfiler son gilet pare-balles, sa cagoule et son casque tactique.
[...] Aujourd'hui, c'était le jour de l'affrontement.
Mais bientôt Joël Dicker commence à faire apparaître quelques foulards de son chapeau, et encore une volée de colombes et encore tout une portée de lapins : au fil des aller-retour entre passé et présent, le lecteur ira de surprise en surprise car, dans cette banlieue chic de Genève, chacun des personnages cachait soigneusement son jeu ... et l'auteur garde toujours quelques cartes dans sa manche.
[...] Mais les concours de circonstances sont drapés d'apparences.
Et il faut se méfier des apparences.
[...] La soirée fut une réussite, les fruits de mer un succès, et Greg excella derrière son grill. Après le repas, les enfants entamèrent une partie de cache-cache dans le jardin. A table, la conversation des adultes était joyeuse et animée. Les rires fusaient à mesure que les verres de rosé se vidaient pour se remplir aussitôt. C'était une de ces nuits d'été parfaites: l'obscurité tardait à tomber, l'air était doux. Tout le monde semblait s'amuser. Mais ce n'était que des apparences.
Et puisque nous sommes en Suisse ... il sera beaucoup question d'argent dans cette histoire qui rappelle un peu celle que nous contait en 2020 Joseph Incardona, compatriote de Joël Dicker.
Pour celles et ceux qui aiment les panthères et les bijoux.
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Livre lu grâce à 20 Minutes Books et aux éditions Rosie & Wolfe.
Mon billet dans 20 Minutes.
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