L'auteur, le livre (208 pages, janvier 2024) :
Qui est donc ce Grégor Péan qui tantôt se faisait appeler Jean Grégor ?
Ah, le fils du grand journaliste et écrivain Pierre Péan ! ouais, pas facile de se faire un "nom".
Enfin, c'est donc chose faite avec ce bouquin, Le ciel t'attend, que l'on retrouve un peu partout en ce moment (même si Grégor avait déjà une douzaine de titres à son actif).
Faut dire que ce Grégor n'y va pas avec le dos de la main morte : il va nous conter rien de moins que l'histoire, que dis-je l'Histoire, de Gagarine, le premier homme à quitter le plancher des vaches, le "premier individu de l’histoire de l’humanité à voler en orbite jusqu’à une altitude de trois cent quatre-vingts kilomètres." !
Une histoire que je ne pouvais assurément pas laisser passer, moi qui suis arrivé sur cette terre peu de temps avant que Youri ne la quitte pour me regarder de haut (Grégor, lui, n'arrivera qu'un peu plus tard !).
♥ On aime bien :
On affectionne tout particulièrement ce genre de récit qui nous emporte avec enthousiasme dans le vent tumultueux de l'Histoire, porté par des destins hors du commun. Comme les récits à la Echenoz par exemple.
Ah, on se doute un peu que la dure réalité fut un peu plus sombre et chaotique, un peu moins romanesque mais qu'importe après tout parce qu'on est venu là pour s'instruire, un peu, et se divertir, beaucoup.
❤️ Et il faut reconnaitre qu'on est conquis par le rythme d'enfer auquel Grégor mène son Histoire, le rythme des tambours de la guerre froide, celui de la course effrénée à l'espace et l'on croit voir défiler les actualités de l'époque sur le grand écran du cinéma.
Dans ce petit bouquin qui se lit très vite, au risque de nous frustrer sur certains aspects de l'aventure (la technologie, l'entrainement des cosmonautes, les échecs et difficultés, l'intimité de Gagarine, ...), Grégor se laisse emporter par son art consommé du portrait rapide, cet art de la caricature croqué en quelques coups de crayon sur la place du Tertre à Montmartre.
D'un trait il nous dessine la trajectoire du camarade Youri.
[...] Nikita Khrouchtchev affiche un sourire non feint. Il semble soulagé, et en effet ça n’a pas toujours été rose pour lui. Il fait moins peur que Staline, c’est là sa grande qualité.
[...] Lavrenti Beria, figure éminemment sombre. Il fut le chef de la police secrète sous Staline. Un Géorgien sadique, petit, chauve, malingre avec des lunettes métalliques, une sorte de Himmler du bloc soviétique.
[...] Korolev, au physique de prof de gym, le genre à engueuler ses gars pendant la mi-temps et à leur taper dans le dos à l’issue du match.
Le pitch :
C'est un personnage de fiction qui va nous guider dans cette aventure : une certaine Marina Socovna, éminence grise du Kremlin, chargée d'insuffler de la "communication positive" (! une méthode de marketing apprise aux US qu'elle a visités comme espionne !) dans un monde soviétique terrorisé par les années Staline. Cela va nous donner quelques épisodes bien savoureux.
[...] — Salut, camarade Norodov, dites-moi, vous souvenez-vous de Korolev ?— Oui, bien sûr.— Eh bien, j’aimerais que vous jetiez un œil au courrier qu’il vient de m’adresser. Il veut envoyer une boule dans l’espace.— Une boule ?— Oui, une boule, qu’il appelle “satellite” parce que ça tournerait autour de la Terre. J’aimerais avoir votre avis.[...] Nikita autorisa l’envoi de la boule dans les airs. Très honnêtement, Nikita n’y croyait pas une seconde. Il pensa même que c’était du grand n’importe quoi. Pourtant, l’envoi du premier satellite par l’homme fut un des événements majeurs du XXe siècle. Nikita Khrouchtchev avait appuyé sur le bouton presque par inadvertance, et il en découlerait un feu d’artifice de fierté nationale qui durerait des années. Spoutnik fut le déclenchement de tout.
Le décor est posé, il ne nous reste qu'à suivre l'aventure épique de l'homme qui, coincé dans sa "boule", une petite boîte de conserve en ferraille, emmena avec lui toute l'humanité dans l'espace, le 12 avril 1961.
La redescente fut moins homérique. Youri commença ses tournées mondiales, ambassadeur et VRP du socialisme que le monde entier voulait toucher ou embrasser. À son grand désespoir, il ne pouvait plus voler : il était devenu beaucoup trop précieux pour qu'on prenne le risque de l’abîmer et la fin de cette trop belle histoire aura un goût un peu amer.
Pour celles et ceux qui aiment s'envoyer en l'air.
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Mon billet dans 20 Minutes.
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