[...] Trahis deux fois, par l’attentat et par l’enquête.
Olivier Truc s'est (enfin !) décidé à quitter ses chers lapons et sa "police des rennes" (on s'en était un peu lassé, avouons-le) pour nous emmener dans une ambiance tout à fait différente, c'est le moins qu'on puisse dire, sur Les sentiers obscurs de Karachi où l'on cherche à se rappeler les ventes de sous-marins au Pakistan, l'attentat de 2002 (quelques mois après ceux du 11 septembre ...) et le scandale franco-français sur les rétrocommissions ayant servi à financer la campagne de Balladur en 1995 (dont le procès en appel doit se tenir en 2023).
[...] L’attentat du 8 mai 2002 à Karachi, au Pakistan. Au cours de cet attentat, onze techniciens français de la DCN (Direction des constructions navales) ont été tués, quatorze autres blessés, tandis que trois Pakistanais ont également trouvé la mort et six autres ont été blessés. L’attentat a été provoqué par l’explosion devant l’hôtel Sheraton d’une voiture piégée.
Malheureusement, le scénario d'Olivier Truc peine vraiment à démarrer : l'auteur tient absolument à faire dans le roman et pas dans le thriller-reportage et donc à donner à ses acteurs de fiction tout ce qu'il faut d'humanité, de contexte, de justifications, de relations complexes et de motivations individuelles pour bâtir des drames personnels et pas seulement inscrire quelques petites histoires dans la grande Histoire.
C'est louable bien sûr mais pesant et bien lourd à mettre en branle. On se prend à songer de temps à autre à ce qu'aurait pu tirer d'un tel scénario un Cédric Bannel ou un Benoit Vitkine, par exemple.
Après une mise en place laborieuse, le bouquin finit par prendre corps, le journaliste cherbourgeois part enfin pour Karachi à la recherche de quelques secrets détenus par les survivants du drame.
[...] En France, on a pu faire avancer les choses [...] malgré ça, des dossiers restent secrets, des fonctionnaires sont protégés, des politiques exonérés. Alors dans un pays comme le Pakistan.
[...] Même les hommes courageux ont des limites dans un pays comme le Pakistan. Souvenez-vous des pressions que j’ai subies. Je n’ai pas résisté longtemps.
[...] – C’est dangereux de savoir. Vous devriez en prendre conscience.
– Qu’a-t-il trouvé que les Français n’ont pas trouvé ?
– Les Français ? Je pense qu’ils n’ont rien trouvé. Je pense qu’ils n’ont rien cherché. Tout ce qu’ils auraient pu trouver, c’est la preuve de leur compromission avec les forces du mal qui gangrènent mon pays.
[...] Je crois qu’il sentait que les Français avaient été trahis deux fois, par l’attentat et par l’enquête.
[...] Secret des autorités françaises, omerta du pouvoir pakistanais, vingt ans après l’attentat de Karachi, les questions restent nombreuses face à la raison d’État, prétexte utile pour couvrir un scandale international.
Pour autant, même avec la visite exotique de Karachi et quelques portraits d'afghans un peu cliché, tout cela n'arrive pas vraiment à nous passionner et le roman n'est pas tout à fait à la hauteur des attentes que laissait entrevoir le titre.
Olivier Truc hésite entre la romance bon enfant, façon Tintin à Karachi, et le scoop journalistique ou le thriller politique sur un sujet explosif peut-être trop ambitieux. L'auteur n'arrive pas à prendre parti et son bouquin tourne autour du pot au roses.
Pour celles et ceux qui aiment les secrets.
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