Des idées cadeaux pour Noël 2023 ?

Quelques idées de bouquins sélectionnés parmi nos meilleures lectures 2023 et qui pourraient peut-être vous plaire : en cliquant sur les titres-liens, vous avez accès au billet complet sur le blog qui vous donnera une bonne idée de à quoi s'attendre pour chaque titre (sans dévoiler les clés de l'intrigue bien sûr). 

Beaucoup d'histoires vraies cette année mais romancées pour une lecture agréable.

Et si ça ne suffit pas, il reste notre best-of 2022 toujours à l'affiche ainsi que la liste magique des idées lectures, à picorer selon vos envies.



Un roman d'espionnage : Les fantômes de Kiev de Cédric Bannel.
Le lecteur est envoyé en mission en Europe centrale (Ukraine, Roumanie, ...) pour déjouer un complot de Poutine contre la France : un scénario digne d'un James Bond.
Des péripéties et un montage très classiques, tout à fait dans les standards (et les clichés ...) de ce type de roman d'espionnage.


Une histoire belge : Devant Dieu et les hommes de Paul Colize.
Une tragédie (hélas bien réelle) : le 8 août 1956, une explosion et un incendie ravagent la mine de Marcinelle. Il n'y aura que quelques rescapés et plus de 260 mineurs y laisseront la vie.
Il y avait une majorité d'italiens parmi ces mineurs : à cette époque, les Charbonnages belges avaient littéralement "acheté" des travailleurs à l'Italie qui peinait à se remettre de la guerre.
On se passionne pour le procès imaginé par l'auteur, aux allures de polar rythmé par de courts chapitres qui rendent la lecture addictive, ménageant le suspense alors même que pour les deux italiens accusés, le verdict semble plié d'avance.

Encore une histoire vraie : Les naufragés du Wager de David Grann.
En 1740, le HMS Wager, vaisseau britannique de sa Majesté avec deux cent cinquante officiers et hommes d’équipage à bord, est envoyé en mission secrète pour piller les cargaisons d’un galion de l’Empire espagnol.
Au large du cap Horn, le Wager fait naufrage. Une poignée de rescapés survit sur une île désolée au large de la Patagonie mais la situation va vite dégénérer.
On est pris par l'aventure de ces marins partis dans des conditions épouvantables, pendant des années autour des mers furieuses, à la poursuite d'un vain trésor de guerre pour la gloire de l'Empire. On est captivé par la résistance de ceux qui eurent la chance d'en réchapper et leur volonté de survie.

Une autre histoire vraie et du même auteur : La note américaine de David Grann.
C'est le bouquin qui a servi de scénario au récent film The Killer of the Flower Moon de Martin Scorcese avec De Niro et Di Caprio.
Évidemment, on aime le formidable sujet oublié que David Grann a entrepris de sortir des archives poussiéreuses où l'on avait soigneusement enterré cet épisode peu glorieux de l'histoire US.
On assiste en direct à la naissance de la police étasunienne, bref des institutions et de l'ordre. On reste fasciné par l'impunité dont ont bénéficié les voyous qui avaient entrepris de spolier les amérindiens.
C'est le tout nouveau FBI (qui n'a même pas encore ce nom) avec à sa tête le tout jeune Edgard J. Hoover qui sera chargé d'envoyer en Oklahoma des agents incorruptibles pour dénouer cette sinistre affaire : l'agent spécial Tom White y passera une bonne partie de sa vie.

Une aventure historique : Convoi pour Samarcande de la russe Gouzel Iakhina.
Au début des années 1920, le jeune état soviétique épuisé et désorganisé n'arrive plus à nourrir son peuple. Une terrible famine ravage l'Ukraine, la Crimée, la Russie et le bassin de la Volga, terre natale de l'auteure.
On n'a pas vu cela depuis le Moyen Âge, des millions de personnes sont condamnées, les cadavres s'entassent dans les rues, c'est le retour de l'anthropophagie.
Alors que l'aide internationale se met difficilement en place, les russes organisent des convois ferroviaires pour acheminer quelques centaines d'enfants vers les contrées plus clémentes du Turkestan qui, à l'époque, englobait l'actuel Ouzbékistan et Samarcande.
Un sujet de roman très fort que l'auteure arrive à nous raconter sans trop tirer sur la corde sensible quand elle évoque le sort de ces enfants mais avec suffisamment d'empathie envers ses personnages de roman pour emporter le lecteur avec elle à bord de ce train de folie.

Un coup de cœur pour un autre récit d'aventure (véridique) : Quand on eut mangé le dernier chien de Justine Niogret.
Encore une histoire vraie, documentée avec beaucoup de rigueur, mais emportée par la force d'un excellent roman, rédigé d'une plume puissante. 
Ce bouquin est un véritable page-turner, qu'on lit d'une traite, tellement on a hâte de sortir de l'enfer dans lequel nous avons plongé avec ses héros.
Le court et dense récit fonctionne parfaitement, particulièrement bien maîtrisé, allégé de l'avant comme de l'après, concentré sur la course de ces explorateurs, leurs souffrances, leur volonté de dépassement et l'auteure va à l'essentiel.
Cet été là (fin 1912), plusieurs groupes de traineaux partent explorer la région depuis le Cap Denison au sud de l'Australie.
L'une des expéditions (trois hommes et dix-sept chiens) entreprend de cartographier l'est lointain, c'est le Far Eastern Party.
Des trois hommes, un seul reviendra au camp de base après un millier de kilomètres parcourus pendant plusieurs mois sur la glace.
Des dix-sept chiens ...

Un roman noir : Leur domaine de Jo Nesbo que l'on connaissait jusqu'ici pour ses polars norvégiens avec le flic Harry Hole. Changement de ton et de style : l'auteur prend tout son temps pour installer une ambiance tendue, sourde, menaçante, celle des huis-clos familiaux plombés de trop lourds secrets. 
Le drame est fait de non-dits, les dialogues de sous-entendus, le récit de spirales entre passé et présent où l'on découvrira peu à peu différentes vérités.
On tient là un formidable récit qui passe à deux doigts du vrai coup de cœur : le bouquin est tout de même un peu trop long et quelques péripéties auraient peut-être pu être évitées.

Coup de cœur encore : L'enragé de Sorj Chalandon.
On aime la rage qui anime le héros du livre et qui jaillit de la prose magistrale de l'auteur : on sent bien que tous deux partagent une enfance maltraitée, le mot est faible. 
De toute évidence, il fallait un Sorj Chalandon pour raconter l'histoire de l'Enragé, [celle d’un enfant battu qui me ressemble] dira l'auteur, et rarement un livre aura aussi bien mérité son titre. 
Un livre dur et sans pathos.
Et encore une histoire vraie : la révolte de 1934 des enfants incarcérés dans une "maison de correction" (bel euphémisme) de Belle-Île-en-Mer (ah, le charme des îles ...), un ancien bagne de communards. 
Tout un programme.

Un polar norvégien de qualité : Le mal en personne de Jorn Lier Horst (un auteur que l'on connaît bien : tous ses bouquins sont top)
Un polar qui démarre sur les chapeaux de roues : Tom Kerr est un serial-killer incarcéré depuis plusieurs années. 
Lorsqu'il se décide enfin à reconnaître une nouvelle victime, une reconstitution est mise en place pour retrouver le corps. 
La police le soupçonne d'avoir un complice et pense pouvoir transformer la reconstitution en souricière.
Le lecteur est moins beaucoup confiant que les policiers et se doute bien que tout cela va très mal se passer ...

Tout le monde a vu Gone Girl le film de David Fincher avec Ben Affleck et Rosamund Pike. Mais le bouquin originel (Les apparences en VF) développe l'intrigue avec encore plus de force (le temps lent de la lecture n'est pas celui du cinéma).
La prose de Gillian Flynn est simple et sans surprise, tout à fait au diapason de ce genre de romance, mais on aime beaucoup l'astuce d'un excellent scénario qui ne laisse jamais le lecteur seul avec les faits et qui évite soigneusement de nous décrire directement la vie du couple : nous n'avons droit qu'au journal intime de Amy et aux pensées en voix intérieure (comme dans le film) de Nick, alternativement à chaque chapitre. Donc ces deux-là ne nous disent que ce qu'ils veulent bien nous dire, nous cachent tout ce qui les dérange et sans doute nous travestissent ce qui les arrange, aussi bien l'un que l'autre. Les mots "vérité" et "réalité" ne font pas partie du vocabulaire de Gillian Flynn qui balade son lecteur de droite et de gauche.

Une peinture très intéressante de l'Amérique des années 50 : Un long, si long après-midi de la britannique Inga Vesper.
Nous sommes dans les années 50, dans un lotissement chic de Santa Monica près de L.A. où les femmes blanches s'ennuient et les femmes noires viennent faire le ménage. Un quartier où les femmes blanches souffrent de dépression et les noires de préjugés.
On aime ce roman résolument féministe et anti-raciste, écrit à l'heure des mouvements MeToo et BlackLivesMatter. Dans cette banlieue chic de Santa Monica, chacun cache bien son jeu et bien des mystères : une intrigue policière instructive.

Un polar américain récent mais écrit "à l'ancienne" : Une bonne action de David Baldacci.
Le parfum désuet des romans noirs à l'ancienne, façon Chandler ou Hammett, mais avec une prose suffisamment moderne et fluide pour notre lecture d'aujourd'hui même si le ton reste celui de l'époque, une époque où [un homme ne pouvait pas sortir dehors sans chapeau]. Bref, un excellent "remake".
Des personnages tous soigneusement dessinés, un anti-héros désabusé, une ou deux blondes fatales, quelques gros durs aux gros bras, des avocats véreux, chacun à sa place dans une intrigue solide où les jolies dames ne se contentent pas de jouer les potiches décoratives comme il était pourtant de bon ton à l'époque.

Un petit suisse en dessert ? Voici Wall Street en feu du suisse Thomas Veillet.
Un pavé des plages qui mélange allègrement finance, espionnage et beau gosse musclé de retour d'Afghanistan
L'accroche marketing est explicite : Quand James Bond rencontre le Loup de Wall Street.
Bref tout semblait bien calibré pour un très mauvais thriller de série B, mais ... on aura la bonne surprise d'une écriture fluide et agréable, qui n'en fait pas trop dans le style testostérone.
Bien entendu tout cela ne vise pas le prix qu'on court, ni même celui du thriller de l'année mais on le savait déjà avant d'ouvrir le bouquin et s'il s'agit bien d'une escroquerie à Wall Street il n'y a certainement pas tromperie sur la marchandise littéraire : tout cela est écrit de façon très pro, c'est un honnête divertissement mené à un rythme soutenu jusqu'à la fin, c'est agréable à lire et on en aura vu ou lu de bien plus mauvais.

Coup de cœur pour ce petit suisse installé en Islande ! Kalmann de Joachim Schmidt.
L'auteur (un suisse donc parti s'installer en Islande) nous emmène décrouvrir l'Islande à travers les yeux de Kalmann, l'idiot du village qui a oublié d'être bête. 
Fort heureusement, Joachim B. Schmidt réussit à éviter le piège de la caricature facile avec ce type de personnage : son Kalmann n'est pas tombé de la dernière neige et promène son regard incisif (celui de l'auteur ?) sur ses concitoyens.
On aime se laisser bercer par le rythme lent de la vie de ce petit port de pêche désormais oublié mais qui rêve encore au temps de sa splendeur, quand la pêche au hareng battait son plein et qu'on n'arrivait pas à loger tous ceux qui venaient travailler ici.

Amusant pastiche à la façon d'Agatha Christie : Tous les membres de ma famille ont déjà tué quelqu'un de Benjamin Stevenson.
On pouvait craindre un peu ce roman dont tout le monde parle, écrit par un transfuge du "stand-up" et packagé pour faire le buzz mais non, Stevenson est bien un pro de la scène et justement il connait de bonnes histoires et son métier est de bien les raconter : après le succès à l'oral, ce sera donc une bonne note à l'épreuve écrite.
Une intrigue rocambolesque aux multiples chutes et rebondissements : évidemment avec un titre pareil, la réunion de famille promet d'être riche en surprises et en découvertes de nombreux cadavres tout frais ou bien conservés en terre, ... il y en aura pour tous les goûts. On n'y croit pas une seconde mais l'auteur ne se prend pas au sérieux et le lecteur s'amuse autant que lui.

Pour les nostalgiques de la Stasi : Tunnel 29 de Helena Merriman.
Une excellente histoire (véridique), racontée comme on les aime, avec minutie : celle d'un tunnel creusé en 1962 sous le Mur qui coupait Berlin en deux et par lequel se sont enfuis 29 personnes.
On partage les boires et déboires de l'équipe qui creuse sous le Mur, on redoute le pire, les dénonciations à la Stasi, l'effondrement du tunnel, les infiltrations d'eau, ...
 On savoure les extraits des archives de la Stasi : une matière première inestimable pour un écrivain !
Un gros pavé avec quelques longueurs tant est grand le souci de véracité, ce qui nous vaut une abondance de détails minutieux.

Un auteur français de polars où le ton, l'ambiance, les histoires, rappellent beaucoup les bouquins de Fred Vargas : Nicolas Lebel avec ici Le jour des morts (ou précédemment : L'heure des fous).
On adore le capitaine Mehrlicht, fumeur invétéré, misogyne irrécupérable, parisien incorrigible, grossier personnage à la faconde acerbe ... On aime bien aussi son équipe qui vient heureusement tempérer un peu le "personnage". 
Tout cela nous vaut des dialogues bien savoureux et dans cet épisode, Mehrlicht et ses adjoints prennent toute la place, laissant peu d'espace à l'intrigue policière.

On est pas loin du coup de cœur pour La femme paradis de Pierre Chavagné.
Un conte étrange, sauvage, ancré dans la garrigue de l'Uzège (la région d'Uzès).
L'histoire d'une femme planquée dans une grotte en pleine nature.
On aime la prose, sèche, sobre, directe, de l'auteur qui réussit à nous faire partager la vie quotidienne de son héroïne mystérieuse qui se cache en pleine forêt.
On est aussi curieux des nombreux mystères qui entourent le passé de cette femme.
Quelle était sa vie d'avant ? Que s'est-il passé ?

Pour les amoureux de la peinture : Le gardien de Téhéran de Stéphanie Perez.
L'histoire romancée du gardien du musée d'art moderne de la capitale iranienne, un musée créé par Farah Diba, l'épouse du Shah, juste avant la révolution des mollahs guidés par Khomeini.
On révise notre histoire contemporaine avec notre guide, Stéphanie Perez, qui nous brosse un tableau éclairant de ces quelques années (des années que l'on idéalise aujourd'hui, mais qui avaient leur face sombre elles-aussi).
On partage l'enthousiasme de Cyrus, le gardien du musée, lorsqu'arrivent les tableaux achetés grâce à l'argent du pétrole, sa fébrilité avant la cérémonie d'ouverture, son admiration pour la belle et jeune impératrice.
Plus tard, on déambule avec lui dans les sous-sols déserts du musée et partage sa crainte de voir les intégristes détruire ces tableaux jugés "décadents".

Obsédé par les vaccins ? Voici Les enragés de Paola Nicolas.
À la fin du XIX° siècle, alors que la rivalité croissante avec l'Allemagne ne présage rien de bon, le chimiste Louis Pasteur repose en Italie son cœur à bout de course.
À Paris, ses collègues et les médecins de son Institut sont en pleine campagne de vaccination antirabique et injectent à marche forcée le sérum miracle tout en poursuivant les tests sur les chiens et les lapins.
Toute ressemblance avec ce que nous avons connu récemment ne serait pas fortuite puisque l'auteure a écrit son récit pendant la pandémie; joli coup !
Le débat (clairement exposé) qui résonne d'échos vraiment passionnants après les années que nous venons de vivre, où l'auteure, philosophe spécialiste de bioéthique, distille intelligemment de troublantes réflexions jusqu'à même esquisser quelques ombres sur les travaux du "maître", véritable Héros de la Science, qu'était devenu Pasteur.
Ce récit est quasiment un thriller scientifique ! Un thriller dont on connaît bien sûr le dénouement puisque chacun sait que ce sont les vainqueurs qui écrivent l'histoire ....

Un petit Norek pour finir ? Voici Territoires d'Olivier Norek (un de ses meilleurs bouquins).
L'auteur pose un regard aigu et édifiant sur l'économie de nos banlieues : une démonstration bluffante sur l'aménagement du territoire.
On dirait presque une vraie-fausse enquête journalistique après les émeutes de 2005.
L'intrigue policière est prenante bien sûr mais c'est notre curiosité qui nous fait dévorer ce bouquin, pour en découvrir plus sur le fonctionnement des cités et des banlieues, territoires mal connus.
Amateurs de bons polars ou curieux de notre société, chacun y trouvera son compte.


Bonnes lectures !

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