[...] Cette race de femmes qui finiront mal puisqu'elles pensent trop.
L'auteure, le livre (306 pages, 2019) :
Un imbroglio juridique (histoire vraie) à propos d'une sculpture de Brancusi, Le baiser, qui orne une tombe du cimetière Montparnasse ?
[...] Franchement, dans toute ma carrière, je n'ai jamais vu personne vouloir récupérer la sculpture d'une tombe. Je ne sais vraiment pas quoi en penser.
Il n'en fallait pas plus pour nous embarquer dans le bouquin de Sophie Brocas qui, entre deux romans, est ... préfète !
D'autant que l'histoire nous promet de faire revivre la grande, la belle époque du quartier Montparnasse au début du XX° quand s'y retrouvaient artistes et exilé(e)s russes.
On aime un peu :
❤️ (Re-)découvrir l'exilé roumain Brancusi, un sculpteur mieux apprécié outre-Atlantique qu'en France, son pays d'accueil pourtant, et apprendre tout plein de choses sur l'art et le droit.
Le contexte :
De nos jours, quelqu'un veut récupérer la sculpture de Brancusi qui orne une tombe du cimetière Montparnasse (une histoire vraie qui sert de prétexte au roman), la sépulture d'une jeune exilée russe qui, en 1910, fuyait la Russie du czar et qui aurait été la maîtresse du sculpteur.
L'intrigue :
Le roman est double et alterne les chapitres entre l'histoire d'une avocate qui prend en main cette étrange affaire de sculpture funéraire et le journal intime de l'exilée russe qui arrive à Paris en 1910 au moment de la grande crue de la Seine.
Tatiana était une jeune fille de bonne famille aristocratique mais qui rêvait de liberté et d'indépendance.
Camille est une executive woman, avocate moderne, qui se prend de passion pour la sculpture et la mystérieuse jeune femme enterrée à Montparnasse.
[...] À la Sorbonne comme à la faculté de médecine, les étrangères sont les plus nombreuses. Beaucoup de Russes, de Roumaines, souvent riches ou nobles. Je m'en suis étonnée l'autre jour auprès de mon amie Vera. Pour elle, à coup sûr, ce sont les mesures antijuives adoptées par le czar et le numerus clausus des universités russes qui auraient poussé tant de jeunes aristocrates à se réfugier ici.[...] Je veux être libre comme un homme, aller où bon me semble comme un homme, apprendre comme un homme, travailler comme un homme. Vous ne me réduirez pas à une femme que l'on vend. Jamais !
À Montparnasse, Tatiana aura eu la chance non seulement d'être la muse de Brancusi mais aussi de croiser Man Ray, Erick Satie, le Douanier Rousseau, Soutine ou Modigliani, ... excusez du peu !
On apprendra aussi qu'en 1927, un surprenant procès oppose Brancusi aux autorités des États-Unis à propos de droits de douane concernant une œuvre d'art ... ou pas une œuvre d'art ?
[...] Le procès historique de l'art. Brancusi contre États-Unis. Ça a de la gueule ! songea Camille. Et cela acheva de la séduire. Que Brancusi, simple paysan des Carpates, ait défié la loi américaine au nom de l'art l'enthousiasma. C'était en 1927. Brancusi préparait une exposition à la galerie Brummer de New York. [...] Le 26 novembre 1928, le verdict tomba. Le juge américain reconnaissait qu'une école d'art dite « moderne » s'était développée, dont les tenants tentaient de représenter des idées abstraites plutôt que d'imiter des objets naturels.
Il existe même une BD sur ce procès ubuesque, un album de Arnaud Nebbache.
On aime moins :
▼ Le ton un peu naïf donné au journal intime de l'exilée russe qui découvre la vie, dans un style young-adult sans doute pour faire "époque", et quelques longueurs qui font même que l'on délaisse peu à peu ce journal pour s'intéresser plutôt aux démêlés artistico-juridiques contemporains de Camille.
Pour celles et ceux qui aiment la Belle Époque, la sculpture et les artistes.
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