[...] Ce pas, le suivant, et le suivant encore.
L'auteure, le livre (400 pages, 2023, 2018 en VO) :
Il était une fois Raynor Winn et son mari Moth, qui vivaient au Pays de Galles et qui se retrouvèrent ruinés, les huissiers à la porte, au moment même où ils apprenaient que Moth était atteint d'une maladie cérébrale dégénérative incurable (oui, la cata).
Ils prirent de vieux sacs à dos, une tente d'occasion, quelques rares euros en poche et partirent ... marcher.
Marcher le long du fameux Sentier Littoral du Sud-Ouest des Cornouailles [clic] sans trop connaître, heureusement, sa longueur réelle (un peu plus de 1.000 km). Mais peu importe la destination ... on le sait bien !
[...] Il s’agissait surtout de trouver l’énergie de faire ce premier pas. Impatients, effrayés, sans-abri, menacés par l’embonpoint et la maladie, mais au moins, si nous nous décidions, nous aurions quelque part où aller, nous aurions un but. Et de fait, qu’avions-nous de mieux à faire ce jeudi après-midi-là que de nous lancer dans une marche de mille kilomètres ?
Au bout du voyage, un livre Le chemin de sel, le succès et accessoirement, la rémission de Moth.
C'est un article de L'Obs qui nous a donné envie de lire cette belle histoire, espérant que le bouquin soit à la hauteur du bel argumentaire de vente.
On aime bien :
❤️ Un récit vrai, les ampoules aux pieds, bien loin des feel good stories habituelles.
Le récit :
C'est bien là une lecture prenante et éprouvante : souci de vérité oblige, Ray n'épargne rien au lecteur, ni le froid, ni la pluie, ni la maladie, ni les douleurs, ni les ampoules, ni la faim, ni la sueur, ni la crasse, ni surtout le manque d'argent pour ne serait-ce que pour s'acheter une barquette de frites.
[...] La faim était toujours présente, mais tout comme les articulations douloureuses et les ampoules qui durcissaient, c’était davantage un phénomène à observer qu’une sensation à éprouver.
Mal équipés, mal préparés, Ray et son compagnon Moth, vacillent sans cesse sur la ligne jaune qui sépare à peine le Routard Désargenté du Clochard SDF, sur un sentier qui prend souvent des allures de chemin de croix.
[...] On est SDF. On a perdu notre maison et on n’a nulle part où aller, alors marcher droit devant nous a semblé être une bonne idée. » C’était sorti de ma bouche sans que j’y réfléchisse. La vérité. Mais quand j’ai vu le type tendre la main pour rapprocher son gamin de lui et sa femme froncer les sourcils et détourner le regard, j’ai décidé qu’on ne m’y prendrait plus. Il a demandé l’addition et, deux secondes plus tard, ils avaient disparu.[...] Nous pouvions soit être sans abri – parce que nous avions vendu notre maison et placé l’argent à la banque – et susciter admiration et envie ; soit être sans abri – parce que nous avions perdu notre maison et nous étions retrouvés sur la paille – et devenir des parias de la société. Nous avons choisi la première version. Plus facile à caser dans une petite conversation au passage. Plus facile pour eux, plus facile pour nous.
Mais bien entendu, c'est aussi un récit de marche, de pas, de pieds, l'un devant l'autre, encore et encore.
Et donc des pensées qui accompagnent ce rythme lent et répétitif.
[...] Le Sentier nous avait appris que les kilomètres à pied ne sont pas comme les autres. On connaissait la distance, l’espace à franchir d’un arrêt à l’autre, d’une gorgée d’eau à la suivante, on l’éprouvait dans nos os, comme la crécelle la mesure dans le vent et la souris l’évalue de son regard. Dans une voiture ou un car, les kilomètres ne sont pas affaire de distance. Seulement une question de temps.
On aime moins :
▼ Trop long et trop répétitif : bien sûr la marche sur le sentier est à ce prix, longue et répétitive, oui certes, mais l'accumulation finit tout de même par nous décrocher peu à peu du texte, c'est bien dommage, et l'on se surprend à attendre la fin du périple, une fin heureuse on le sait puisqu'on la tient entre les mains.
Pour celles et ceux qui aiment marcher.
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