vendredi 10 mars 2023

Le dernier des siens (Sybille Grimbert)

[...] Se pourrait-il que nous, êtres humains, ayons commis une erreur ?

      L'auteure, le livre (190 pages, 2022) :

Il y a longtemps (2010 !) on avait découvert l'auteur ukrainien Andreï Kourkov et sa série de livres amusants où le héros journaliste vivait avec un pingouin dans sa baignoire.
Avec Le dernier des siensSybille Grimbert, dont les romans flirtent parfois avec le fantastique, nous propose une autre histoire d'amitié entre un humain et un drôle de volatile.

      On aime un peu :

❤️ Une gentille histoire joliment racontée mais au ton désabusé et mélancolique : nous assistons en direct à l'extinction d'une espèce. Une sorte de témoignage posthume.

      Le contexte :

L'histoire commence vers 1836 juste avant l'extinction de l'espèce : le dernier "vrai" Grand Pingouin a été tué en 1844 sur la toute petite île d'Eldey en Islande, là même où commence le bouquin de Sybille Grimbert - il n'existe donc pas de photo de cet animal, uniquement des dessins.

      L'intrigue :

Un naturaliste recueille et adopte l'un des derniers Grands Pingouins.
[...] Ce n’était pas de l’amour, ni de l’amitié, ce n’était même pas de la complicité. Le mot claqua quand il le formula : il se sentait responsable.
[...] L’animal cria à son entrée, se dandina vers lui le plus vite qu’il put, du moins ce fut l’impression qu’il donna à Gus. Son cri avait été bref, pareil à l’expression d’un soulagement, de la joie de ne pas avoir été oublié.
[...] Le rapport tactile avec un animal était essentiel, que sans connaître l’épaisseur de la peau, l’implantation des poils, la longueur des plumes, on ne pouvait comprendre une bête.
[...] C’était ridicule quand il y réfléchissait, mais il pensait avoir acquis un esprit pingouin.
Mais la chasse continue partout dans l'Atlantique Nord et Prosp le pingouin (qui voyage d'Islande aux Féroé puis au Danemark en compagnie du naturaliste Gus) est bientôt le dernier des siens ...
[...] Juste avant que Gus ne s’embarque pour les Orcades, Cuvier avait publié un article sur le dodo, qui avait disparu. Or il fallait bien l’avouer : il existait entre le volatile de l’île Maurice et Prosp une ressemblance spectaculaire.
[...] Il avait devant lui l’animal le plus seul sur terre. Un animal sans semblables, seul de son genre.
[...] En quoi les grands pingouins, qui vivent loin de nous, nous nuiraient-ils ? Je ne vois pas. Alors, se pourrait-il que nous, êtres humains, ayons commis une erreur ?

      On aime moins :

 Le traitement un peu superficiel d'une histoire qui partait d'une excellente idée : même si Gus et Prosp sont attachants (et attachés l'un à l'autre), il manque peut-être un souffle épique ou un supplément d'âme à ce récit trop gentillet qui n'arrive pas vraiment à nous transporter jusqu'aux Féroé de cette époque.
À moins que cette mélancolie ne préfigure ce que sera la notre dans quelques années quand les autres espèces auront disparu ...

Pour celles et ceux qui aiment les pingouins.
D’autres avis sur Bibliosurf et Babelio.

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