mercredi 31 janvier 2024

Le secret de Copernic (Jean-Pierre Luminet)


[...] Cette œuvre grandiose : mesurer l’univers.

●   L'auteur, le livre (413 pages, 2008) :

Après la remarquable fresque de L'astronome de Samarcande, on a voulu entamer la suite des œuvres de Jean-Pierre Luminet sur les grands hommes qui ont fait l'astronomie.
JP. Luminet est avant tout un homme de sciences, mathématicien et astrophysicien notamment, chercheur de renom dans plusieurs labos.
Mais c'est aussi un écrivain et un poète qui nous fait profiter d'une plume magique capable d'évoquer et de vulgariser ses sujets de prédilection de manière lumineuse (il porte bien son nom !).
La série judicieusement intitulée Les bâtisseurs du ciel, comporte les histoires de Johannes Kepler, Tycho Brahé, Isaac Newton et bien sûr Galilée.
Mais commençons par le début avec Le secret de Copernic.

●   On aime moins :

❤️ On aime partager l'enthousiasme de l'auteur pour ces savants qui tentent de se mesurer aux étoiles. Même si l'on devine un ton un peu trop bienveillant envers cette époque un peu idéalisée mais sans doute pas aussi éclairée que notre regard moderne veut bien l'imaginer aujourd'hui.
😕 Mais le grincheux a été un peu déçu par ce foisonnant portrait qui, voulant certainement éclairer le personnage sous toutes ses facettes, s'étend trop longuement sur une jeunesse étudiante en Italie, ou encore d'obscures batailles politiques en Pologne, véritables querelles de clochers, ...
Il manque à ce Copernic un peu du souffle épique qui nous avait emmené sur les traces du Ulugh Beg de Samarcande, mais peut-être est-ce le lot de ces personnages historiques dont les "découvertes sont tellement extraordinaires qu’elles éclipsent les péripéties de leur existence".

●     L'intrigue :

Nous voici invités à (re-)découvrir toute l'histoire de Nicolas Copernic, la sienne mais aussi celle de son époque et de son pays.
Mikołaj Kopernik est né à la toute fin du XV° siècle en Pologne (à l'époque, la Prusse Royale conquise sur les fameux Chevaliers Teutoniques, était sous tutelle polonaise).
Au fil de son parcours de Pologne jusqu'en Italie, le lecteur va croiser du beau monde : Albrecht Dürer, Nicolas Machiavel, Erasme (Le Sage de Rotterdam), les Hohenzollern, les Médicis et les Borgia, ...
Le portrait de Copernic brossé par JP. Luminet est assez ambigu : gentilhomme bien né (un père échevin, un oncle évêque, ...), homme d'église (il était chanoine d'un chapitre), il fut un humaniste touche-à-tout, des mathématiques à la médecine en passant par le droit religieux ou la politique monétaire.
[...] Copernic, se terrait dans sa tour, en administrateur du chapitre scrupuleux, inattaquable, et même tatillon.
[...] Nicolas Copernic, docteur ès arts et ès droit canon, médecin, bourgeois par naissance, gentilhomme par fonction.
Mais c'est surtout sa propre réticence à rendre public le résultat de ses recherches astronomiques qui interpelle, comme s'il avait lui-même peur de ce qu'il avait "découvert" (ou plutôt re-découvert) et des conséquences que cela impliquait. 
Il faut dire que nous sommes en pleine Réforme : l'Église est sur les dents et il faut évidemment se méfier des réactions des religieux dont les Saintes Ecritures sont remises en cause par l'héliocentrisme.
Curieusement aussi, on se méfiait à l'époque de l'imprimerie, encore balbutiante, qui permettait la diffusion "rapide" de tout et n'importe quoi (tout comme nos réseaux sociaux d'aujourd'hui !).
[...] Il ne convient pas de divulguer à tout le monde ce que nous avons acquis avec de si grands efforts.
[...] Je n’osais aller jusqu’au bout de mon raisonnement, je ne pouvais formuler les conclusions qui s’imposaient.
[...] — Abrège, mon garçon, et cesse de tourner autour du pot. On dirait que tu as peur de ce que tu veux me dire.
[...] Copernic n’est pas encore mis à l’index, il est « au purgatoire » tant côté catholique que côté protestant.
[...] Cette méfiance des grands esprits de ce temps pour la chose imprimée.
Finalement donc, Copernic garda son secret pour quelques rares amis et son œuvre ne fut publiée qu'à sa mort.
[...] Alors, de Londres à Naples et de la Suède jusqu’à l’Andalousie, se répandit la rumeur qu’au fond de la Pologne, un certain Nicolaus Copernicus avait osé mettre le Soleil au centre de l’Univers et réduire la Terre à une simple planète.

Pour celles et ceux qui aiment avoir la tête dans les étoiles.
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