[...] — C’était un accident, pas vrai ?
● L'auteure, le livre (416 pages, 2024, 2021 en VO) :
Eva Björg Aegisdóttir fait partie de l'équipe qui prend la relève du polar islandais après le passage du phénomène Indridason.
Depuis la série des épisodes "Elma" cette auteure n'est plus tout à fait une inconnue pour nous.
La revoici avec ce qui s'apparente à un "hors-série" : Le clan Snæberg, ou plutôt un "préquel" comme on dit, qui (petit clin d'œil aux lecteurs) dans les toutes dernières pages annonce justement l'arrivée de Elma dans la brigade de la petite ville d'Akranes.
● L'intrigue :
Pour un week-end, la riche famille des Snæberg (ils ont fait fortune dans les pêcheries bien sûr) a loué tout un hôtel de luxe dans la péninsule de Snæfellsnes, celle du célèbre glacier Snæfellsjökull au nord d'Akranes, ville fétiche de l'auteure.
Randonnée, excursion en bateau, bonne chère et alcools forts sont au programme de ce rendez-vous façon "4 générations sous un même toit" ou plutôt "Cluedo" !
[...] Ce n’est pas une famille ordinaire. Les Snæberg font partie des gens les plus riches et influents d’Islande.[...] Il n’y a rien de plus intéressant qu’une famille, ce rassemblement de gens qui passent du temps ensemble uniquement parce que le même sang coule dans leurs veines. C’est fascinant, à bien y réfléchir, ce qui relie des individus entre eux, et jusqu’où ils sont prêts à aller à cause de ces liens.
Tout le monde sait que les réunions de famille sont rarement de tout repos et dès les premières pages on sait déjà que le week-end s'est mal terminé : la police vient de retrouver un corps au pied des falaises.
De qui s'agit-il ? Meurtre, suicide, accident, que s'est-il passé ?
Bon sang, pourtant chacun sait bien qu'en Islande, il ne faut jamais aller se promener seul dans la lande !
[...] La météo pouvait être très mauvaise et les voyageurs se perdaient souvent, sans se rendre compte qu’il y avait un précipice.[...] Les secours avaient été envoyés sur place durant la nuit pour retrouver un client de l’hôtel disparu dans la tempête, et au petit matin, ils avaient informé la police de la découverte d’un corps.
[...] Baissant la voix, je m’efforce de paraître calme :
— Dis-moi la vérité, Viktor. Pourquoi mentir, hein ? C’était un accident, non ?
Viktor s’humecte les lèvres mais garde le silence.
— C’était un accident, pas vrai ?
À ce stade, le lecteur n'en saura pas plus et une très longue exposition va nous faire revivre le déroulé du week-end et approcher d'un peu plus près les membres du clan Snæberg : lentement, peu à peu, on devine que chacun cache quelque chose, un affreux mensonge, un sombre passé, un terrible secret, une douloureuse faille, un coupable silence, ...
[...] Porter un secret n’est pas de tout repos. Depuis des années, ce fardeau m’empoisonne, affectant ma relation avec ma famille et mes amis.[...] Un secret qui pèse sur mes épaules depuis des années et a ruiné tant de choses.
● On aime beaucoup :
❤️ On aime la prose soignée de cette auteure, constante au fil de ses ouvrages. Avec sans doute une belle traduction, c'est toujours un plaisir que de découvrir chacun de ses bouquins, tous très bien écrits et d'une lecture fluide et agréable. Il faut le souligner.
Des intrigues solides et sans violence : du polar classique qui ne bouleverse pas le genre mais qui devrait plaire au plus grand nombre.
❤️ On aime découvrir avec elle les différentes facettes de la vie actuelle et moderne des habitants de l'île, c'est une autre constante de ses romans avec la description de la vie ordinaire des islandais d'aujourd'hui.
Bon d'accord, avec cet épisode, c'est plutôt la vie des riches !
❤️ Et puis on est admiratif de la construction de ce bouquin : durant plus de la moitié du bouquin, le lecteur est dans l'attente. Certes on découvre peu à peu les différents membres du "clan", mais bon sang, que s'est-il passé ce week-end ? Qui donc gît au pied de la falaise ? Où veut nous emmener l'auteure ? À quoi rime tout cela ?
Et puis tout d'un coup, on sent les fils se resserrer et le drame se nouer : il devient impossible de lâcher le livre avant l'explication finale.
Les nombreux indices semés adroitement ici ou là (on n'a rien vu venir !) prennent leur place dans le puzzle complexe dessiné par Eva Björg Aegisdóttir.
[...] Les fragments de souvenir s’assemblent comme un puzzle, chaque pièce prend enfin sa place.
Disons qu'on tient peut-être là le meilleur bouquin de l'auteure.
PS : on regrette juste que l'éditeur n'ait pas placé un arbre généalogique du "clan" comme celui qu'on a dû établir ici pour s'y retrouver plus facilement dans tous ces noms aux consonnances étranges et ambiguës.
Pour celles et ceux qui aiment les réunions de famille.
D’autres avis sur Babelio.
Livre lu grâce à Netgalley et aux éditions de La Martinière.
Mon billet dans 20 Minutes.
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